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HUTU ET TUTSI: POUR UNE RÉECRITURE DE L’HISTOIRE DU RWANDA ?

Publié le 17 Mar 2020 par Faustin Kabanza

Il est fort probable que les Hutus et les Tutsis appartenaient à une même entité culturelle et endogamique. Pourtant ces deux peuples ont été chaque fois présentés à tort comme deux groupes appartenant à deux catégories raciales duelles et fixes. Comment peut-on corriger ces erreurs et pour quel intérêt ?

Dans notre édition du 16 mars 2020, nous avons publié l’article de Faustin Kabanza intitulé : « Les Rwandais et leurs origines ethnisées ». Dans le présent article, l’auteur poursuit sa réflexion sur le phénomène de la «multiethnicité des clans». Laissons-lui encore la parole [Admin].

Cet article [Les Rwandais et leurs origines ethnisées] est revenu sur les identités rwandaises en questionnant autrement leurs rapports historiques. Mon choix méthodologique s’appuie sur une analyse hystorico-linguistique de certaines  sources orales et écrites existantes.  Cette analyse cherche à poser des faits objectivement en essayant de ne pas se laisser emporter par des émotions souvent liées à nos parcours personnels, entrelacés avec des événements tragiques vécus ou entendus.

Avec des éléments de preuve, cet article a donc remis en question certaines théories existantes sur les origines des Rwandais.  Il est en désaccord total avec les idées selon lesquelles les Hutus et les Tutsis seraient d’origines différentes […].  A partir de là, l’histoire du Rwanda se lit autrement.

Abraham De SWAAN, professeur émérite et grand chercheur à l’université d’Amsterdam a publié en 2016 un livre intitulé « Diviser pour tuer » (traduit du néerlandais). Les thèses développées dans ce livre sur les  considérations ethniques du point de vue historique au Rwanda corroborent avec mes hypothèses posées dans mon article ci-haut cité. Ce chercheur s’appuie aussi sur les données sociologiques, linguistiques, historiques et sur divers témoignages auparavant recueillis par d’autres chercheurs. Dans cette perspective, mon article apporte un éclairage supplémentaire qui puise certains éléments dans les littératures orales rwandaises transcrites en kinyarwanda.

De mon côté, il est bien entendu très intéressant de découvrir quasiment les mêmes conclusions formulées par ce chercheur  qui a mené son travail dans un contexte de recherche plus académique et  plus approfondie.

Retour sur les origines

A ce sujet, Abram De SWAAN rappelle qu’aucune preuve tangible  ne prouve le tracé du parcours des uns et des autres (Hutus et Tutsis).  En revanche, beaucoup d’éléments dont on dispose notamment d’ordre linguistique, culturel, topographique, etc., semblent paradoxalement pointer une entité commune  qui remonte à plusieurs siècles. De SWAAN note à son tour une prise de distance des spécialistes contemporains par rapport aux anthropologues du 19ème et du début du 20ème siècle. Voici les propos de ce chercheur :

« Les spécialistes contemporains ont totalement réfuté les catégorisations de leurs prédécesseurs ; (…) Il s’avère que les pratiques linguistiques, religieuses et culturelles en vigueur sont quasi identiques, et que la distribution des caractères physiques ne correspond en rien aux catégories définies. En conséquence, les spécialistes tendent généralement à penser que pendant plusieurs siècles, ‘Tutsi’ et ‘Hutu’ ont dû appartenir à la même entité culturelle et endogamique, et qu’ils pourraient bien faire partie du même groupement génétique.

( …) Les spécialistes contemporains sont unanimes à rejeter les premières interprétations de la paire conceptuelle ‘Tutsi’/’Hutu’ comme relevant de catégories raciales duelles et fixes. (…)Les premiers auteurs missionnaires et ethnographes choisissaient leurs informateurs presque exclusivement parmi les aristocrates de la cour. Ces derniers s’identifiaient comme ‘Tutsi’, et suggéraient que leurs pairs avaient toujours détenu le pouvoir en tant que groupe dirigeant héréditaire. Sans doute s’agissait-il d’un genre de fiction ex post que les oligarchies en place ont coutume de créer (et de tenir pour vraie après une ou deux générations)».

Abram De SWAAN dans sa théorie, parle de processus d’identification et de désidentification  qui peut justifier, en un moment donné, le sentiment d’appartenance  des groupes en l’occurrence les Hutus, les Tutsis et les Twas du Rwanda et du Burundi.  A mon avis, ces deux processus animent depuis la nuit des temps  la dynamique groupale dans ces deux pays, qui a abouti au génocide à d’autres crimes contre l’humanité.

L’auteur explique l’identification comme un processus cognitif et émotionnel par lequel progressivement des hommes se perçoivent comme semblables aux autres. L’identification  implique la réalisation au niveau affectif que les autres nous sont semblables, qu’ils appartiennent à notre propre groupe, et que d’autres en revanche sont différents, n’en font pas partie et doivent donc être exclus. Les tendances négatives de diverses natures sont niées en nous-mêmes et chez nos pairs. Ces tendances sont plutôt attribuées à d’autres groupes qui ne nous ressemblent pas. Cette combinaison de déni, d’attribution ou de projection participe à la construction du processus de désidentification.

Cette pratique d’intégration et de désintégration s’inscrit dans une manœuvre de suprématie d’un groupe sur un autre. Force est de constater, justement, que tous les groupes qui se sont succédé au pouvoir au Rwanda ont toujours su créer un entourage proche et ainsi d’en éloigner d’autres. Comme je l’ai déjà écrit, à l’intérieur de chaque groupe dirigeant, d’autres sous groupes se créent pour protéger davantage le pouvoir en vue de s’y maintenir le plus longtemps possible. Cette manœuvre politique  semble plonger ses racines dans l’histoire lointaine du Rwanda.

Jusqu’au jour d’aujourd’hui, les groupes au pouvoir savent d’une part s’attribuer des noms d’autocongratulation politique  et d’autre part, attribuer des noms moins valorisants à d’autres groupes considérés comme adversaires avérés ou potentiels. C’est la nature même de la poésie épique guerrière (Ibyivugo) du Rwanda ancien. Dans ce contexte, il me semble fort probable que la terminologie hutu et tutsi est la création de la première aristocratie rwandaise qui voulait marquer et imprimer sa différence par rapport à d’autres membres de la même communauté. Au fil du temps et de l’agrandissement du Rwanda, ces termes auraient été élargis et attribués à d’autres groupes sur les critères purement sociaux.

Quid de l’aspect  physique Hutu /Tutsi ?

L’aspect physique est le seul argument soi-disant déterminant qui a servi de prétexte aux européens pour catégoriser ces peuples. Cette erreur épouvantable a malheureusement fait ses victimes dans les deux camps. Aujourd’hui encore, certaines personnes continuent à se laisser sombrer dans cette erreur absurde. On sait bien que cet argument ne tient pas la route, nul besoin de le répéter, dans la mesure où tous les Tutsis n’ont pas la même morphologie, les Hutus non plus. Les conclusions de De SWAAN sont on ne peut plus clair :
« (…) des particularités physiques évidentes ‘héritées’ d’une génération à l’autre peuvent exister sans nécessairement avoir de fondement génétique: une haute taille est une bonne illustration parce qu’elle est en étroite corrélation avec une alimentation de qualité supérieure. Jusqu’à très récemment, et en de nombreuses régions du monde, une alimentation adéquate était le privilège des nantis qui transmettaient leur fortune et leur taille à leur descendance. Un teint clair, un regard ferme, un maintien droit, une voix sonore, une démarche vigoureuse, bref, tout un ‘habitus’ qui semble caractériser l’apparence physique générale, et notamment marquer le contraste entre les apparences propres aux puissants et aux pauvres, peut être transmis des parents aux enfants, et cependant manquer de tout fondement génétique.

Ainsi, des différences héritées significatives portant sur l’aspect physique peuvent exister d’un groupe social à l’autre. Elles n’ont pas leur origine dans des souches génétiques distinctes, mais s’inscrivent à l’intérieur de différences socialement héritées liées à la richesse, au prestige et au pouvoir. C’est par le processus social de la sélection sexuelle, c’est-à-dire par l’accouplement sélective, que ces différences sociales peuvent en fin de compte constituer la cause de divergences génétiques entre les différents groupes endogamiques. Finalement, un type normatif somatique unique peut très bien être absent. Néanmoins, le groupe social sera toujours reconnaissable en raison d’une ‘ressemblance familiale’ (ce que Wittgenstein a appelé family likeness).

Toute une série de types somatiques réciproquement très différents peuvent même exister côte à côte, considérés chacun comme caractéristique du groupe, figurant chacun un nœud à l’intérieur du réseau des ressemblances familiales, et dont l’origine peut se situer au sein d’un réseau d’intermariages spécifiques. Ce dernier cas paraît s’appliquer aux Juifs européens: ils ne se ressemblent absolument pas, et cependant certains frappent l’observateur intéressé comme ‘très juifs’, c’est-à-dire comme présentant une ressemblance familiale avec l’un des quelques douze ‘types juifs’ qu’il a mémorisé sous la forme d’une Gestalt.

Ainsi, le cas peut fort bien se présenter de ‘Tutsi’ au type très ‘tutsi’, ce qui signifie également différent d’un ‘Hutu’, sans impliquer qu’ils soient issus d’une souche génétique différente. Plusieurs types ‘tutsi’ très distincts pourraient exister. Chaque type tutsi serait l’aboutissement de différences socialement héritées dues à l’alimentation et à la socialisation, renforcées par un intermariage sélectif, avec pour résultat final une différenciation génétique observable, mais mineure ».

Oui, mais que cela changerait-il?

La vraie question est bien celle-là dans un contexte politique et historique toujours tendu. En revanche, il est de notre intérêt de prendre du recul et de continuer à interroger objectivement le passé sans occulter bien entendu l’histoire tragique des uns et des autres. Sur ce dernier point, la justice impartiale devrait jouer son rôle.

Actuellement, on sait bien que les qualificatifs hutu/Tutsi ont fini par catégoriser tous les Rwandais qu’on le veuille ou non. Cependant, dès lors qu’on aura compris qu’il ne faudrait plus rester prisonnier des erreurs du passé, on pourra réécrire l’histoire et décider ensemble le futur. Ensemble, nous pourrons trouver une solution au problème de la pauvreté qui est fatalement le nerf de la guerre. A ce sujet, les propos d’Abram De SWAAN sont toujours d’actualité :
« (…) l’économie rwandaise présentait une grave insuffisance: la terre, ressource essentielle, faisait défaut. Au Rwanda, la densité de la population atteint 300 habitants au kilomètre carré. C’est l’un des pays les plus peuplés du monde. Et qui plus est, il n’existe guère d’alternative à l’agriculture. Tout conflit d’intérêt prend une forme particulièrement explosive de jeu à somme nulle: la terre gagnée par l’un est nécessairement perdue par l’autre. Il leur est donc difficile d’imaginer qu’un compromis et un accord commun entre adversaires puisse jamais profiter à toutes les parties concernées. C’est le fondement matériel qui confère son caractère extrême aux perceptions entre groupes ».

Bref, l’histoire récente et ancienne du Rwanda reste un vrai chantier. Le rôle des chercheurs  de tous horizons (Rwandais ou étrangers)  est essentiel pour mettre en lumière les zones qui demeurent sombres dans l’histoire récente et ancienne de ce pays. Ces chercheurs doivent surtout éviter de tomber dans l’erreur de leurs prédécesseurs qui n’ont pas su se démarquer de leurs propres sentiments. Les chercheurs contemporains sur le Rwanda ne sont pas du tout à l’abri et ne devraient pas être dupes. Nul n’ignore à quel point ils sont exposés aujourd’hui à l’instrumentalisation politique et médiatique.

 

Faustin Kabanza


Sources :

Abram de SWAAN (2016) : Diviser pour tuer. Les régimes génocidaires et leurs hommes de main, Editions Seuil
Faustin KABANZA (2013) : Les Rwandais et leurs origines ethnisées, Africultures.com


Tiré de : blogs.mediapart.fr

Source: https://www.musabyimana.net/20200317-hutu-et-tutsi-pour-une-reecriture-de-lhistoire-du-rwanda/

Les Rwandais et leurs origines ethnisées

Si la communauté internationale ne cesse de s’interroger sur l’histoire (ancienne et récente) du Rwanda, il n’en demeure pas moins que les Rwandais eux-mêmes se questionnent sur leur propre histoire, sur leur propre identité.

Peu d’écrits ont traité la question identitaire des Rwandais qui est pourtant une des causes de conflits récurrents de ce pays. S’appuyant sur des éléments précis, cet article apporte des pistes de réflexions sur les origines des Rwandais (hutu-tutsi-twa), sujets soumis à polémiques et dont on sait à quel niveau il alimente les crises rwando-rwandaises et même régionales.

Introduction

Le XXe siècle a été certainement le pire des siècles qu’a connus le Rwanda depuis son existence. On a vu une haine sans nom opposer deux camps nommés « ethnies » jusqu’à aboutir aux tragédies les plus sanglantes de l’histoire.

Le XXe siècle correspond, en effet, à la colonisation des pays africains par les Occidentaux. Rappelons pour le cas du Rwanda que celui-ci a été occupé d’abord par les Allemands (du début du XXe siècle à la première guerre mondiale) puis par les Belges jusqu’en 1962. Cette période d’une soixantaine d’années a beaucoup transformé le pays, par rapport aux modes de vie des Rwandais, aux mœurs et à la culture en général.

Si, au cours de cette période, le Rwanda a vu naître l’école, les hôpitaux, les routes, l’habillement moderne, la voiture, etc., il a aussi vu mourir sa religion traditionnelle, son organisation politique et sociétale, ses références symboliques, etc. Mon objectif n’est pas bien entendu, de comparer les pertes par rapport aux gains acquis grâce à la présence occidentale, mais de souligner la dégradation outrancière des relations qui existaient entre les Hutus et les Tutsis.

Personne ne peut oser dire que ces deux groupes sociaux n’existaient pas avant l’arrivée des Occidentaux et que les relations entre eux n’étaient pas déjà tendues. Néanmoins, tous les témoignages concordent en affirmant le rôle des colonisateurs dans l’attribution de critères naturels pour identifier ces deux groupes. En formalisant les différences naturelles, entre les Hutus et les Tutsis (et les Twas par ailleurs), les autorités coloniales appuyées par quelques anthropologues ont donc irréversiblement tranché. Les politiques coloniales et postcoloniales toutes confondues, en ont largement profité pour légitimer et consolider leur pouvoir, parfois au prix du sang du peuple rwandais.

Je voudrais revenir sur les erreurs qui ont été commises au début du XXe siècle, et sur l’une d’elles en particulier. En attribuant arbitrairement des origines géographiques différentes à ces deux groupes sociaux : hutu et tutsi, les classificateurs de l’époque venaient confirmer fatalement les différences et creuser le fossé au sein du peuple rwandais.

A l’heure actuelle, l’ethnisation des consciences ainsi que les événements vécus par les uns et les autres ont fini par catégoriser tout le monde, sans scrupule, fermant ainsi la parenthèse sur le vrai débat concernant nos questions identitaires, sources des tragédies cycliques qui ne cessent d’endeuiller le Rwanda.

Linguiste de formation, je voudrais, en m’appuyant sur les données linguistiques et sociolinguistiques fustiger l’idée aberrante selon laquelle les Hutus seraient seuls d’origine bantoue tandis que les Tutsis seraient d’origine chamito-nilotique.

Le but n’est pas, comprenez-moi bien, d’emprunter le sens inverse en établissant des liens fictifs entre les deux groupes ou plus encore de justifier les comportements actuels ou passés des uns vis-à-vis des autres. Tout simplement, je voudrais qu’on ne continue pas à être prisonniers des erreurs du passé, et que l’on cherche à comprendre l’histoire des Rwandais sans poser de critères discriminatoires au préalable.

Que lit-on sur le peuplement du Rwanda ?

Les premiers Occidentaux arrivés aux Rwanda se sont empressés d’écrire sur les origines des Rwandais. Plusieurs raisons justifient cet empressement :

– Les premiers Européens sont des explorateurs (Oscar Baumann notamment) qui cherchent à expliquer, avec des sources et des moyens bien entendu très limités, ce qu’ils ont découvert ponctuellement.

– D’autres sont des colonisateurs dont la politique « divide et impera diviser pour régner » est la devise (les colonisateurs devaient à tout prix trouver un point de chute pour installer l’autorité coloniale). Dans cette catégorie, ont peut aussi inclure les missionnaires qui adoptent la même politique pour asseoir et consolider l’Eglise.

– Une autre catégorie est constituée d’anthropologues européens de la fin du XIXème siècle et début du XXe siècle. On sait bien que les anthropologues européens étaient préoccupés par les classifications des peuples, notamment dans un rapport de domination « Blancs-Noirs ».


A LIRERWANDA. COMMENT HUTU, TUTSI ET TWA PARTAGENT-ILS LES MÊMES CLANS? TENTATIVES D’EXPLICATION.


Sur le continent africain, les vieilles idéologies manichéennes veulent expliquer que les civilisations noires seraient l’œuvre des Hamites, peuples de race blanche qui seraient venus de la région caucasienne. Ces hypothèses dépourvues de tout fondement ont largement influencé les premiers européens qui ont travaillé sur les origines des Rwandais. S’appuyant surtout sur des aspects morphologiques de la famille dirigeante, ils ont tiré des conclusions généralisantes, comme on peut le lire dans différents écrits :

Le Père Pagès écrit :
« La communauté d’origine des Hamites avec les Sémites (Egyptiens ou Abyssins) semble hors de conteste. Leurs ressemblances physiques, leurs affinités des mœurs pastorales, l’identité de coutume, telles que la division en animaux purs et impurs (imiziro), la loi du lévirat, la mutilation d’un ennemi, leur organisation politique féodale), etc., sont autant de traits qui prouvent leur parenté avec cette race ».

Le Chanoine De Lacger a écrit quant à lui :
« Les Tutsis ont le type caucasique et tiennent du Sémite de l’Asie antérieure. Avant d’être ainsi négricisés, ces hommes étaient bronzés ».

Le Rapport sur l’administration belge du Rwanda-Urundi de 1925 décrit les Tutsis comme suit :
« Le Mututsi de bonne race n’a, à part la couleur, rien du nègre. Ses traits, dans la jeunesse, sont d’une grande pureté ; front droit, nez aquilin, lèvres fines ».

De tels écrits bien simplistes, polémiques et parfois manichéens ont été pourtant pris à la lettre. Les premiers intellectuels rwandais se les sont appropriés et les ont reproduits dans leurs ouvrages en langue locale. Ce sont ces livres qui ont servi à tous les niveaux de l’enseignement rwandais.

Monseigneur Alexis Kagame, un des premiers élèves de l’école européenne (notamment élève des Pères De Decker et Van Overschelde), ne pouvait que reproduire les théories en vogue, d’autant plus que cela ne le desservait pas en tant que membre de la dynastie nyiginya, fonctionnaire de la cour.

Quelle que soit la reconnaissance qui lui est due en tant que pionnier des travaux historiographiques et transcripteur des littératures orales de cour, on ne peut que regretter que les erreurs partagées par les Européens aient été enseignées et transmises de génération en génération par le biais de l’école.

Mgr Alexis Kagame affirme sans vergogne dans notamment « Inganji Kalinga (Tambour Victorieux) » son adhésion aux théories européennes, en localisant les origines géographiques des Hutus et des Tutsis. Ces derniers, Hamites, seraient venus, dit-il, de la région de l’Abyssinie (en Ethiopie). Les Hutus, poursuit-il, seraient arrivés en Afrique centrale en provenance de l’Asie. Mgr Kagame croit et écrit sans hésiter que les Tutsis étaient de couleur blanche (voir Inganji Kalinga, p. 65, p.71) et qu’ils se sont négrifiés par la suite.

Mgr Kagame Alexis est tombé, par certains de ses écrits, dans l’erreur manichéenne, utilisant des exemples souvent contradictoires et partisans. Toutes les critiques actuelles lui reprochent, à juste titre, de ne pas avoir su prendre de distance entre son travail scientifique et ses sentiments personnels. Il se met dans la mêlée et prend position contre ceux qui ne sont pas de son camp.

Hutu-tutsi : dénominations postérieures aux clans

Beaucoup d’écrits concordent à affirmer la primauté des clans rwandais sur les groupes sociaux hutu-tutsi. Ces appartenances ont été certainement créées après les débuts de la formation du Rwanda, c’est-à-dire après que la dynastie nyiginya, située aux environs de Gasabo, eut commencé à conquérir d’autres royaumes voisins (vers les années 1400). Avant et après cette conquête progressive, les membres des clans se mariaient entre eux, qu’ils soient de royaumes voisins ou lointains. Entre les rois voisins, le mariage interclanique était courant. Les exemples sont nombreux et à titre d’exemple : le roi Mashira[1] a épousé Nyirantobwa, fille de Mibambwe I Mutabazi[2]. Gahindiro, le fils de ce dernier (de la dynastie nyiginya) a peiné pour avoir Bwiza (la miss rwandaise de l’époque !!!), la fille de Mashira, roi de Nduga (du clan banda).

Du fait que les dénominations hutu-tutsi (et twa par ailleurs) n’existaient pas encore à cette époque du début de la formation du Rwanda, Mgr Alexis Kagame est bien confondu. Pour justifier la supériorité de la dynastie nyiginya et s’alignant ainsi sur l’idéologie européenne, il fait une hypothèse assez tendancieuse selon laquelle d’autres clans qui se mariaient avec les nyiginya étaient peut-être aussi des Tutsis. Voici ce qu’il écrit à la page 51 d’« Inganji kalinga » (Tambours victorieux) :
« (…) Qu’est-ce qui peut justifier que d’autres clans puissent se marier avec nos rois, si ce n’est que ces clans sont eux aussi des Tutsis ? S’ils ne sont pas des Tutsis, dis-moi comment un roi (Hinza) du Bushi ou de Buhunde peut-il oser demander une fille du roi du Rwanda et on la lui donne. Quel roi nyiginya peut-il s’acharner à aller demander une fille chez le roi hinza (si lui-même n’est pas de la même lignée) comme l’a fait Gahindiro de Mibambwe I ? »[3].

A cette époque les dénominations hutu-tutsi n’étaient pas créées et Mgr Kagame ne peut que formuler les hypothèses tendancieuses en attribuant ces appartenances aux clans, en fonction de ses propres tendances idéologiques.

On doit donc s’arrêter un instant et s’interroger sur cette présence de mêmes clans dans les trois groupes hutu-tutsi-twa lesquels sont des groupes sociaux et non des ethnies, dénominations postérieures à celles de clans. Sans parti pris, qu’est-ce qui empêcherait concrètement ces clans, partageant les mêmes ancêtres, d’être un même peuple[4] ayant les mêmes origines ?

Apports des éléments linguistiques

Toutes les sources orales dont nous disposons jusqu’à l’heure actuelle témoignent, depuis la nuit des temps, d’une même langue partagée par tous les clans rwandais et donc, par les trois groupes sociaux rwandais. Les éléments du code ésotérique dynastique tels qu’ils ont été intégralement transmis par les fonctionnaires spécialisés désignés de génération en génération par les rois successifs, et transcrits par Mgr Kagame, sont bel et bien en langue rwandaise (notamment le code dynastique « Ubwiru » ou la généalogie des rois nyiginya « Ubucurabwenge »). Or le rwandais (kinyarwanda) est une langue de la famille des langues bantoues, classée par les linguistes qui ont travaillé sur la classification des langues africaines. La dynastie nyiginya, de par l’usage du kinyarwanda et notamment dans son code ésotérique dynastique, est sans conteste de la famille des Bantous et non de celle des Hamites.

L’usage du kinyarwanda par tous les clans, avant même la naissance du Rwanda est un élément qui ne peut qu’affirmer l’hypothèse des mêmes origines. Les toponymes et les anthroponymes de tous les clans et leurs localisations géographiques tirent également leur source de la langue rwandaise, cela renforce davantage l’hypothèse d’une même communauté, ayant certainement les mêmes cultures.

Comment est-il possible qu’une dynastie d’origine abyssinienne n’ait pas laissé de traces de langues chamito-nilotiques dans son code ésotérique dynastique, qui l’auraient rendu plus ésotérique, plus protégé contre l’extérieur ? Certaines personnes prétendent que les nyiginya et d’autres clans (supposés tutsi) auraient abandonné leur langue pour adopter la langue des clans (supposés hutus et twas) qu’ils venaient de trouver sur place. Or, dès lors que les nyiginya étaient socialement, militairement, politiquement et économiquement plus puissants que d’autres clans, quelle raison auraient-ils eue d’abandonner la langue originelle ? C’est impensable. Supposons même qu’ils aient accepté de perdre leur langue, comment imaginer que ce soit au point de n’en garder aucune trace, ne fût-ce que pour le rituel ésotérique ?

Bref, la colonisation, l’exiguïté du territoire, la pauvreté dans un pays surpeuplé, sont autant de facteurs qui ont joué un rôle important dans la dissension des Rwandais. A chaque époque, le Rwanda a connu des divisions binaires qui consistent à désigner chaque fois les bons et les mauvais, ceux qui doivent être privilégiés ou pas (soi-disant par nature ou en raison de leur nombre minoritaire ou majoritaire). C’est incontestablement dans cette optique que les dénominations hutu-tutsi sont nées pour désigner les deux groupes sociaux à situations socio-économiques opposées.

Toujours dans ce mode de fonctionnement par exclusion, on a toujours assisté à des subdivisions binaires à l’intérieur même du système. Après l’indépendance jusqu’en 1994, on a connu une subdivision Kiga-Nduga avec des enjeux politiques et économiques conséquents. Pendant la période monarchique, on ne peut pas ignorer les querelles Nyiginya-Ega qui ont été la cause du coup d’Etat de Rucuncu.

Que faire des consciences qui ont intégré l’idée de groupes ethniques ?

La question fondamentale est bien celle-là. A l’heure actuelle et après ce que tous les Rwandais ont vécu, est-il nécessaire de leur dire qu’ils sont les descendants d’ancêtres communs et qu’ils sont plus proches les uns les autres qu’il ne le leur a été enseigné ? Certaines politiques ont essayé de tenir ce discours de l’unité originaire des Rwandais mais sans vouloir/pouvoir l’expliciter ni l’accompagner par des actes concrets.

A mon avis, il n’est jamais trop tard pour bien faire et les Rwandais peuvent toujours être accompagnés vers une vraie réconciliation pour le futur du Rwanda et de tous ses enfants, sans exclusion. Cela n’exclut pas en revanche le recours à la justice pour punir ou gracier tous ceux qui ont des comptes à rendre.

Cette réconciliation qui s’appuie sur l’unité originaire des Rwandais n’est peut-être pas la seule possibilité. Aujourd’hui, il y a des Rwandais qui prônent d’assumer leur hutuité ou leur tutséité, et de s’appuyer sur cette base pour se réconcilier et vivre en harmonie. Cela ne paraîtrait pas dérangeant, car de toute façon, les faits sont bien là : ces appartenances ont fini par s’imposer. Cependant, quelles que soient les pistes proposées pour arriver à la paix durable au Rwanda, il me semble judicieux de ne pas rester prisonniers des erreurs de jugement du passé car les éléments dont on dispose montrent plutôt que les Rwandais ne sont pas si différents les uns des autres !

Faustin Kabanza

 


Références :

– Kagame, A. : Inganji Karinga, Kabgayi, 1959, (2e Ed.).
– Kagame A. : Les organisations socio-familiales de l’ancien Rwanda, Gembloux, Ed. J. Duculot, 1954.
– Pagès, A. : Un royaume hamite au centre de l’Afrique, Bruxelles, Marcel Hayez, 1933.
– Vansina, J. : L’évolution du royaume rwanda des origines à 1900, Bruxelles, ARSOM, 1962.
– Delmas, L. : Généalogie de la noblesse du Rwanda, Kabgayi, Vicariat Apostolique du Ruanda, 1950

Sites internet :

http://audiovie.org/linguistique/

langues-africaines.htm

http://www.universalis.fr/encyclopedie/

nilotiques/1-origines-des-nilotiques/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ethnisme_

au_Rwanda///Article N° : 11664


Notes

[1] Supposé roi hutu du royaume de Nduga.
[2] Supposé roi tutsi de la dynastie nyiginya.
[3] Texte original en kinyarwanda : (…), ni iki cyatuma imiryango yabo ishyingirana n’abami bacu n’abo hakulya, atari uko n’abo bo hakurya atari abatutsi ? Niba kandi atari abatutsi, mbwira umuhinza wo mu Bushi no mu Buhunde waza gusaba umugeniku Mwami w’U Rwanda bakamumuha. Ni nde se wahihibikanywa no kujya gusaba umukobwa w’umuhinza utali imfura, nk’uko Gahindiro ka Mibambwe wa mbere yabigize ?
[4] peuple, en tant communauté vivant sur un même territoire, unie par des caractéristiques communes notamment la culture, les mœurs, la langue.


Sourcehttp://africultures.com/

Source: https://www.musabyimana.net/20200316-les-rwandais-et-leurs-origines-ethnisees/

Rwanda. Comment Hutu, Tutsi et Twa partagent-ils les mêmes clans? Tentatives d’explication

Il y a quelques semaines, j’ai été abordé par un jeune belgo-rwandais qui m’a posé une question qu’il m’a été difficile de répondre à sa satisfaction : « Pourquoi les Hutu, les Tutsi et les Twa, qui sont des ethnies (races ?) distinctes voire antagonistes, partagent les mêmes clans. Par exemple, on peut trouver des Hutu, des Tutsi et voire des Twa dans le clan des “Abanyiginya“ ». Je lui ai promis de faire une petite recherche pour une réponse adéquate.

Dans ma démarche, un document m’a particulièrement intéressé. Il s’agit de la thèse du Pr Antoine Nyagahene soutenue à l’université de Paris 7 en 1997 et dont le titre est « Histoire et peuplement : ethnies, clans et lignages dans le Rwanda ancien et contemporain ». J’ai hâte de me le procurer.

Dans la présentation qu’on en fait sur le site « theses.fr », la motivation de la recherche est clairement posée : « Il demeurait difficile, en effet, de comprendre comment les Bahutu, les Batutsi et les Batwa, qui composent la population rwandaise, sont présents comme appartenant à des « ethnies » différentes alors qu’ils se retrouvent tous inconditionnellement au sein des mêmes clans patrilinéaires et sont disséminés sur un même espace territorial ».

En poursuivant la lecture de cette présentation, il est précisé qu’« il est […] formellement établi que les identifications ethniques rwandaises, réalités sociologiques mouvantes dans le temps comme dans l’espace, sont nées sur le sol rwandais même, au sein des identifications claniques qui leur sont, de loin, historiquement antérieures ; ce qui explique pourquoi tous les Rwandais aujourd’hui, Hutu, Tutsi et Twa, au-delà de leurs clivages et de leurs conflits, partagent non seulement la même culture, la même langue, le même territoire, mais aussi les mêmes entités parentales, en l’occurrence les clans et les lignages ».

Pour Nyagahene, avant de s’identifier comme Hutu, Twa ou Tutsi, les Rwandais se sont d’abord identifiés en termes de clans et ceux-ci sont donc antérieurs aux ethnies.

Marcel d’Hertefelt, dans « Les clans du Rwanda ancien. Éléments d’ethnosociologie et d’ethnohistoire », [Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren, 1971] recense les principaux clans (amoko) du Rwanda : Abasinga, Abasindi, Abazigaba, Abagesera, Abanyiginya, Abega, Ababanda, Abacyaba, Abungura, Abatsobe, Abakono, Abaha, Abongera, Abenengwe, Abahondogo). Comme vu plus haut, chaque clan regroupe en son sein les trois ethnies (amoko) : Hutu, Tutsi, Twa. Vous aurez remarqué qu’en Kinyarwanda, clans et ethnies sont dits « amoko », une confusion sur laquelle nous reviendrons.

Jusque-là, nous n’avons pas encore la réponse à la question posée. Poursuivons avec les explications du père Léon Delmas, auteur du livre : « Généalogies de la noblesse (les Batutsi) du Ruanda », publié à Kagbayi en 1950 [p. 4].

D’emblée, ce prélat affirme qu’il y a 3 races au Rwanda : Bahutu, Batwa, Batutsi. Pour lui : « La fortune ou la misère ont été la raison de la hausse des uns et de la baisse des autres ».

S’agissant des clans qui englobent les ethnies, il dit : Si un hutu acquiert la fortune grâce à la vassalité (ubugaragu), il pouvait se marier avec une fille tutsi ;  ou son patron, pour s’attacher à ses services, pouvait lui offrir sa fille en mariage. Après quelques générations, les enfants nés de ce mariage seront considérés comme des Tutsi, alors que leur clan est d’origine Hutu.

Une autre explication par le mariage est le « gutahira » : une famille n’ayant que des filles pouvait admettre qu’un homme épouse leur fille et reste dans la famille. Il devient l’enfant de la maison et ses enfants auront le clan du grand père [Gaspard Musabyimana, Sexualité, rites et mœurs sexuels de l’ancien Rwanda, Bruxelles 1999, p.81].

Delmas poursuit : « Si les Batutsi de race étaient pointilleux et même puristes pour le choix d’une épouse officielle, dans la vie privée, ils n’avaient d’autre règle que la satisfaction de leurs passions. Il suffisait qu’un Mwega, Munyinginya ou autre eût des relations avec une servante, voisine, ou fille d’un mugaragu (vassal) pour que l’enfant qui naissait porte le nom du clan du père. Ces enfants grandissaient dans leur milieu, y faisaient des alliances et ainsi se créaient des familles Bega ou Banyiginya Bahutu. »

Une autre explication est le système de servage en vigueur dans l’ancien Rwanda. Selon Delmas : les Hamites [Tutsi] étaient des patrons et les Hutu étaient des serfs qui, à force de se convaincre qu’ils appartenaient à tel ou tel hamite Mwega ou Munyinginya, finirent par délaisser leur clan d’origine Bazigaba ou Basinga, pour se dire Bega ou Banyiginya tout court.

D’autres procédés d’inclusion des ethnies dans des clans  méritent d’être soulignés. Il s’agit des systèmes d’intégration lors des mouvements migratoires internes. Suite aux famines ou pour d’autres raisons notamment celles liées à la recherche de la sécurité, telle ou telle famille pouvait émigrer vers une autre région. Elle y cherchait une parcelle et construisait sa hutte. Il faisait connaissance avec les voisins qui étaient dans tel ou tel clan. Il n’avait pas intérêt à se singulariser et se fondait dans cette masse, en adoptant le nom de leur clan.

Un autre phénomène semblable à ce qui précède est le système d’« Abase », au singulier « umuse » c’est-à-dire « une famille accueillante ». Les Abase, selon le dictionnaire bilingue et encyclopédique Kinyarwanda-Français [Vol.1., Editions Sources du Nil – Fora vzw, 2018, p. 72], sont des membres d’un clan qui ont accompli un rite de purification après avoir accueilli sur leur territoire des membres d’un autre clan. Ce rite de purification était pratiqué dans diverses situations, dont notamment celle de l’installation des nouveaux arrivants qui adoptaient, pour leur facilité d’intégration, le nom du clan de la famille accueillante.

Christophe Ndangali, dans un récent ouvrage : « Rwanda. Ethnies, clans et problèmes socio-politiques »[Bruxelles, Editions Scribe, 2015], a traité de la question. Pour lui, les relations entre clan et ethnie au Rwanda peuvent s’expliquer comme suit : « Le clan est plutôt corporatif. Il a un chef. Il est  comme un parti politique. Une ethnie n’a aucun chef. Une ethnie peut dominer un clan. C’est le cas des Tutsi qui ont dominé le clan nyiginya » [p.91].

Pour nous résumer, les clans sont antérieurs aux ethnies. Les Hutu, les Tutsi et les Twa se retrouvent dans un même clan par le truchement des mariages ; par le système de servage, le vassal adoptant le clan du patron ou par le phénomène d’intégration.

Gaspard Musabyimana
11/03/2020

Source: http://www.musabyimana.net/20200311-rwanda-comment-hutu-tutsi-et-twa-partagent-les-memes-clans-tentative-dexplication/

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NDANGALI Christophe SEGAKO / 11 mars 2020 à 11 h 54 min

Bonjour!

Merci Gaspard Musabyimana pour ces éclaircissements.

Cependant, mes recherches m’ont permis d’aller plus loin à ce sujet.

En effet, les clans sont nombreux et ils ont été formés à partir des ethnies qui ont toujours été trois depuis que le Tutsi est arrivé pour se joindre au Twa et au Hutu.

Avant l’arrivée du Tutsi de Gasabo (qui faisait croire être descendu du ciel), les clans existaient et regroupaient les Hutu, les Twa et les tout premiers Tutsi . Ce Tutsi de Gasabo s’est servi de leur modèle pour gagner ses conquêtes en liquidant les rois Hutu. Les clans sont donc des groupes sociaux.
Alors que les clans sont des groupes sociaux, les ethnies sont données par les pères et elles sont perpétuées par des lignages mineur et puis, majeur.
Les clans ne peuvent donc pas être antérieurs aux ethnies car on ne regroupe pas ce qui n’existe pas. C’est-à-dire que pour se regrouper, il faut d’abord être né.
Or, on naît Hutu, Tutsi ou Twa. Les mélanges survenus plus tard doivent être traités dans le cadre des choix des groupes et de l’identification de ceux-ci.
Dans les temps les plus reculés, les clans étaient d’une importance capitale notamment pour s’assurer la défense ou conquérir des contrées. Une seule ethnie ne pouvait y arriver sauf dans des cas rares où l’adversaire était faible ou que le lignage majeur était devenu important en nombre.
Voilà pourquoi les clans n’ont plus de valeurs actuellement et qu’ils ont été remplacés par les partis politiques.
Certains autres chercheurs ont déjà trouvé, à juste titre, que « ubwoko » n’a pas d’équivalent en français où il est traduit par « ethnie, clan, race, sorte, espèce, genre, catégorie, type, groupe… »
Le terme rwandais « ubwoko » est donc polysémique et les Rwandais savent ce qu’il signifie dans chaque contexte où il est utilisé par un locuteur maîtrisant le kinyarwanda.
Cependant, pour des besoins d’analyse scientifique de la société rwandaise, il est nécessaire de procéder à une certaine lexicologie et placer « ubwoko » dans le recueil ad hoc « Urutonde », tenu au Rwanda au Ministère de l’enseignement primaire.
L’enregistrement polysémique de « ubwoko » permettrait d’éviter que certains politiciens continuent de mal employer ce terme dans leurs intérêts pour éclipser la question ethnique qui gangrène la société rwandaise depuis plus de 900 ans.
Ainsi, nous retiendrons que chaque enfant rwandais naît avec son « ethnie » : Hutu, Tutsi ou Twa. Ethnie est lexicalement « ubwoko ».
Les membres d’une ethnie regroupés aux fins définies forment un « clan » sous l’égide mémoriel d’un ancêtre éponyme souvent fictif.
Un clan est lexicalement « ibumbabwoko » car il « regroupe » les membres de différentes ethnies. Ex. Les « groupes » Abasinga, Abagesera, Abega, Abanyiginya, Abungura…forment chacun « ibumbabwoko » car on y trouve des Hutu, des Tutsi et des Twa. Au pluriel, « les clans » sont donc « amabumbabwoko » et ils ne sont plus dynamiques au Rwanda où ils fonctionnaient dans le temps comme des partis politiques actuels.
En effet et à titre d’exemple, le FPR regroupe certains Hutu, Tutsi et Twa. Si on revenait aux temps reculés de l’histoire du Rwanda, le FPR serait « ibumbabwoko ». Green Party aussi ou l’ex Mouvement Démocratique Républicain. Les partis politiques fonctionnent donc comme des « clans » du Rwanda ancien « amabumbabwoko ».
L’on dira donc que tel est un Hutu du clan Abanyinginya (ibumbamoko ry’Abanyiginya) comme tel Tutsi ou Twa. C’est un Hutu du clan nyiginya (Ni Umuhutu w’umunyiginya). C’est un Twa du clan singa (Ni Umutwa w’Umusinga). Le président Kagame est un Tutsi du clan eéga (Perezida Kagame ni Umututsi w’Umwega ». Connaître cette distinction ethno-sociologique et l’utiliser en respectant l’autre ne devrait entraîner aucune sanction pénale car il s’agit d’une vérité aussi sûre que le jour et la nuit.
D’ailleurs, le genre humain est lui-même réparti en « races » qui se placent au-dessus « des ethnies ». Lexicalement, « la race » est « isumbabwoko ». Ex. Abirabura (Les Noirs), Abera (Les Blancs) … forment des races humaines. Comme les ethnies et les clans, cette distinction exige le respect et la justice.
En effet, il faut noter qu’en droit, cette différentiation d’ordre scientifique ou terminologique n’autorise personne à exercer une quelconque ségrégation ou discrimination sur autrui en minimisant son essence humaine ou en arguant qu’il est autre à cause de ses aspects corporels, de son ethnie, de son clan ou de sa race.

Eugène Shimamungu / 11 mars 2020 à 21 h 02 min

Bonsoir Christophe et Gaspard
Je crois qu’il sera difficile de convaincre les Rwandais de lâcher prise sur leur ethnicité, mais quand les écrits scientifiques parlent, il ne faudrait pas que les uns croient être allé plus loin que les autres. Les thèses citées par Gaspard Musabyimana s’étalent sur plusieurs années de recherche et on ne peut que difficilement en contester la scientificité. Je crois qu’il est temps de sortir du piège ethnique (la différence entre hutu, tutsi et twa est loin d’être génétique, il s’agit simplement d’une construction politique d’apartheid) sinon le Rwanda est voué à la disparition. Voici le point de vue du Dr Innocent Nsengimana qui a récemment publié aux Editions Sources du Nil un ouvrage intitulé: « Histoire du Rwanda, désidéologisation et restitution des faits historiques »:

Les appellations « hutu », « tutsi » et « twa » face au système clanique au Rwanda.

Il est inconcevable d’envisager le système social rwandais en dehors de ses clans (Abazigaba, Abasinga, Abagesera, Abasindi…) et de ses groupes sociopolitiques « hutu », « tutsi » et « twa » dont ils sont l’ossature. Ils constituent les produits de son évolution au cours de son histoire.
La rencontre et la coexistence de ces deux éléments sur le territoire occupé par le Rwanda actuel ont créé un phénomène qui fut retenu dans l’historiographie rwandaise sous le nom de « multiethnicité des clans » ; plus explicitement, la présence dans un même clan de « Hutu », de « Tutsi » et de « Twa ». Même si plusieurs auteurs ont traité ledit phénomène, il faut noter qu’il reste toujours incompréhensible pour la plupart de Rwandais ou d’expatriés qui s’intéressent à l’histoire socio-politique du Rwanda.
La « multiethnicité des clans » renvoie à l’idée qu’au Rwanda, un seul clan peut être composé aussi bien d’« Abahutu », d’« Abatwa » que d’«Abatutsi ». Si je reprends ici cette expression ou cet adjectif « ethnique », cela ne signifie pas que je considère des appellations « hutu », « twa » et « tutsi » comme des « ethnies ». Ce positionement trouve ses raisons d’être dans les définitions que différents chercheurs réservent à ce mot « ethnie ». En effet, citant la définition donnée par P. Bonté et M. Izard, A. Nyagahene (1997, p.194) note :
« dans l’usage scientifique courant, le terme ‘ethnie’ désigne un ensemble linguistique, culturel et territorial d’une certaine taille, le terme de tribu étant généralement réservé à des groupes de plus faible dimension… »
Compte tenu de cette définition que A.Nyagahene (1997,p.195) place dans « une approche ‘substantiviste’ et ‘réifiante’, qui fait de l’ethnie une entité permanente », il est difficilement acceptable d’attribuer le concept d’ethnie aux trois groupes « Abahutu », « Abatwa » et « Abatutsi » ; on est plutôt porté à dire que les Rwandais constituent une seule ethnie composée de « Abahutu », de d’« Abatwa » et d’«Abatutsi ». On arrive à ce même constat quant on place ledit concept « dans une perspective historique, dynamique et interactionnelle… ». Les tenants de ce courant considèrent l’ethnie comme
« une ‘catégorie d’ascription’ dont la continuité dépend d’une codification constamment renouvelée des différences culturelles entre groupes humains en interaction. Plus récemment encore, toute une série de chercheurs africanistes, approfondissant cette dimension historique, ont pu attester comment les ethnies actuelles ne sont que le resultat d’une transformation et d’un remodelage effectués, à partir des éléments traditionnels, par les forces coloniales pour les simples besoins de leur cause… » (Antoine Nyagahene, 1997, p.196)
Rapportant les propos de J. L. Amselle, E. M’Bokolo, J.-P. Chrétien ou G. Prunier, Antoine Nyagahene (ibidem) écrit que « …les nouvelles terminologies correspondaient aux exigences d’encadrement administratif et idéologique de la colonisation ; il fallait organiser plus logiquement les populations conquises, ce qui aboutit à les fractionner et à les enfermer dans de nouvelles définitions ethniques désormais univoques et qui n’avaient plus rien à voir avec la situation d’avant …» Cet enfermement des populations, J.-L. Galabert (2012, p.158) parle quant à lui d’assignation, dans des catégories sociales créées ou pré-existantes a certainement caractérisé l’époque coloniale et a contribué à l’ethnisation des sociétés colonisées.
Le Rwanda n’a pas échappé à la règle et il faut dire que cet enfermement conduisant à l’ethnisation de l’époque coloniale était le prolongement de celui de l’époque précoloniale que les officiels de la dynastie « sindi-nyiginya » entretenaient sur le territoire occupé par le Rwanda actuel. Dans les deux cas, l’enfermement était nourri par différentes idéologies (naturaliste, hamitique…) transmises à travers des textes officiels, poèmes, proverbes, contes…
Toutefois, aucun de ces deux processus d’ethnisation (précolonial et colonial) n’est parvenu à faire des « Abahutu », « Abatwa » et « Abatutsi » trois « ethnies » différentes. Les trois groupes sont restés unis, culturellement, linquistiquement et ont gardé les mêmes mœurs ainsi que les mêmes croyances religieuses. Et puis, « l’interpénétration sur le plan de l’espace (distribution inextricable, enchevêtrement sur un même sol et même territoire ; habitat dispersé) » (A. Nyagahene, 1997, p.193) est restée vivace. De par toutes ces précédentes considérations, comme je l’ai mentionné plus haut, il me paraît inapproprié d’appliquer aux appellations « hutu », « twa » et « tutsi » le concept d’« ethnie ». C’est donc par souci de présenter les citations tirées des sources consultées que je reprends ici l’expression « multiethnicité des clans » ou alors l’adjectif « ethnique ».
Dans son livre précité, A. Nyagahene (1997, p.193), est revenu sur ce phénomène et a proposé une nouvelle démarche pour faciliter sa compréhension. Il s’agit de se défaire
« des anciennes idées évolutionnistes » qui « ont souvent considéré les différents échelons des groupes familiaux au cours de leur évolution comme ayant découlé formellemnet et automatiquement les uns des autres, les familles (restreintes ou étendues) se groupant pour donner naissance aux lignages (mineurs et majeurs), les lignages évoluant pour former des sous-clans et des clans, et enfin ces derniers évoluant eux-mêmes, vers un échelon supérieur qui est l’ethnie, toujours selon le schéma unilinéaire physiologique de cansanguinité parentale. Or…si même ces phénomènes ont joué, ils ne furent jamais, et cela à tous les niveaux, ni nécessaires ni déterminants. D’autres facteurs étrangers à la communauté du sang ou des ancêtres biologiques, liés notamment …à l’espace, à la conjoncture économique ou socio-politique, s’y sont rajoutés et ont également joué une importance considérable. Dès lors quand on met en ligne de compte ces considérations, il n’est plus étonnant de rencontrer des Bahutu, des Batutsi et des Batwa, considérés pourtant comme faisant partie des entités ethniques différentes, au sein des mêmes clans et des mêmes lignages. Il devient même possible de comprendre leur interpénétration sur le plan de l’espace… ».
Il faut changer également la procédure d’approche qui consiste à « ethniser » déjà dès le départ les clans. Les adeptes de cette approche partent de la répartition des « Abahutu », « Abatutsi » et « Abatwa » dans les clans pour considérer ceux ayant le plus grand nombre de hutu comme d’origine hutu et ceux possédant un grand nombre de tutsi comme d’origine tutsi. Ils expliquent la présence des Abahutu dans les clans d’origine tutsi et des Abatutsi dans les clans d’origine hutu surtout par les relations matrimoniales (régulières et irrégulières), le système de clientèle Ubuhake, les adoptions et assimilations et dans une certaine mesure par la mobilité spatiale et la toponymie des royaumes.
Tous ces derniers actes socio-politiques ont certainement contribué d’une façon ou d’une autre à la diversification des membres des clans. Ces actes socio-politiques pris comme déclencheurs sont nombreux et comme le note Marcel d’Hertefelt (cité par A. Nyagahene, 1997, p.220) « ne s’excluent pas mais ils sont complémentaires… ».
Cependant, Antoine Nyagahene qui a fait des recherches sur le terrain a rencontré des cas que lesdits actes n’expliquaient pas. Ceci l’a poussé à rechercher d’autres raisons explicatives en s’appuyant, non seulement sur le contenu même des clans, mais aussi sur leur mobilité dans l’espace.
Il a établi que l’insolubilité du phénomène de « multiethnicité des clans » était due au fait qu’il était mal posé. Les clans ne sont pas des créations des groupes Abahutu, Abatutsi et Abatwa dont ils sont antérieures. L’origine « ethnique » initiale des clans avancée par bon nombre d’anciens ethno-historiens n’est pas corroborée par les recherches sur le terrain réalisé par Antoine Nyagahene qui décrit comment les membres d’un même clan interrogés, s’attribuaient telle ou telle origine. Parlant des Abasindi, il écrit :
« …Là où il y a une bonne concentration de Batutsi Basindi, à Gitarama par exemple, les informateurs disent que ce clan de Basindi est d’origine tutsi, mais ceux de Byumba plus au nord, diront que ce même clan est plutôt d’origine Hutu parce que là la grande majorité des Basindi sont hutu. La même chose pour les Banyiginya, les bega, les Bagesera, les Basinga, les Batsobe, etc. …Tout dépendait de la région étudiée et des informateurs interrogés… » (Antoine Nyagahene, 1997, p.232)
L’origine « ethnique » inititiale des clans n’est pas donc fondée sur l’objectivité historique ; ce qui fait qu’elle ne peut pas servir de point de part vers la recherche de solution au phénomène de « multiethnicité des clans ». Toujours dans le souci de rechercher des hypothèses plus objectives, Antoine Nyagahene (1997, p.233) a analysé ses
« …données jusqu’au niveau des lignages et des familles pour observer leur distribution géographique ainsi que le processus de leur expansion depuis le lieu de départ supposé … jusqu’à l’arrivée dans leur résidence actuelle… »
La question posée était surtout de savoir comment les clans ou les lignages s’identifiaient lors de leur installation sur le territoire rwandais.
De par les informations reçues, il y a lieu de noter que pour les clans qui sont venus et qui se sont établis sur le territoire rwandais en provenance des contrées situées en dehors des limites que couvrent actuellement ledit territoire, ils y sont arrivés en n’étant ni hutu, ni tutsi, ni twa. C’est sur ce territoire (et sur celui du Burundi) que les clans et les lignages ont connu ces appellations qui, probablement sont apparues longtemps après l’installation de ceux-ci.
Cette assertion est en conformité avec les résultats des recherches qui ont été faites sur le système clanique et « ethnique » dans la zone interlacustre par Antoine Nyagahene (1997, p.235).:
« …le système clanique… constitue plutôt un phénomène régional (= région des Grands Lacs). Il se retrouve, non seulement au Rwanda, mais aussi dans le Bunyoro, l’Ankole, le Ndorwa, le Karagwe-Buhaya, le Buha, le Burundi, le Bushi, le Buhavu etc., régions dans lesquelles la plupart des groupes claniques rwandais ont pérégriné avant de se retrouver dans leur résidence actuelle. Par contre, le système ethnique tel qu’on le trouve au Rwanda, consistant en un ‘tryptique’ Hutu-Tutsi-Twa ne se rencontre qu’au Rwanda exclusivement (et au Burundi). C’est un phénomène purement rwandais (phénomène partagé avec le Burundi)… Ces clans rwandais, à leur arrivée, ne connaissaient pas du tout eux-mêmes le système ethnique. En d’autres mots, ils sont arrivés –du moins pour ceux formés à l’extérieur de l’espace actuellement appelé Rwanda- en tant que Abasindi, Abaha, Abega, Abasita, etc. et non en tant que Abahutu, Abatutsi ou Abatwa »
Antoine Nyagahene ( 1997, p.236) aboutit à la conclusion suivante :
« …Dans l’explication du caractère multiethnique des clans rwandais, il ne serait ainsi plus question de se demander si tel groupe ou telle famille d’Abagesera, d’Abazigaba, d’Abasindi par exemple était au départ Hutu, Tutsi ou Twa puisque la réalité clanique est plutôt première sur la réalité ethnique… »
Comment alors expliquer le caractère « multiethnique des clans » rwandais ?
A une époque donnée du processus de formation du peuplement rwandais, … les clans se sont formés et ont évolué en dehors du contexte ethnique… et ce fut alors plus tard que les diverses ‘ethnies’ Hutu-Tutsi- Twa ont progressivement vu le jour. Ainsi, au sein des clans tels que Abasinga, Abasindi, Abanyiginya, Abega, etc. quelques groupes se sont progressivement individualisés et identifiés -ou leurs voisins les ont identifiés- comme Hutu-Tutsi ou Twa selon les mécanismes dynamiques en jeu dans ces sociétés … qui étaient sans doute en relation avec les structures économiques (agriculture, pastoralisme, chasse, pêche, forge, professions magico-religieuses…), matrimoniales, socio-politiques, etc. A cela, il faut ajouter d’autres événements naturels qui n’ont pas manqué de jouer leur influence comme les famines, les guerres, les conflits inter ou intra-claniques, etc. » (Antoine Nyagahene, 1997,p.236 )
De ce qui précède, il convient de noter que les appellations « tutsi », « hutu », « twa » ont trouvé sur place des subdivisions claniques comme Abasindi, Abazigaba, Abasinga, Abagesera, Abacyaba, Abakono, Ababanda, etc. au sein desquels des groupes spécialisés dans telle ou telle activité s’étaient déjà formés. Comme ces nouvelles appellations représentaient des catégories sociales ou des classes sociales dans l’organisation sociopolitique, les membres des clans se sont retrouvés répartis dans ces nouvelles catégories suivant les activités qu’ils accomplissaient.
Ceci expliquerait la présence dans un même clan des trois catégories sociales (l’on a un umusindi w’umututsi, un umusindi w’umuhutu et un umusindi w’umutwa). Les clans sont antérieurs à ces trois catégories, ce qui peut expliquer aussi la primauté sociale dont ils ont continué de jouir dans la vie quotidienne du Rwandais par rapport aux appellations « tutsi », « hutu », « twa ».
De ce qui précède, il convient de conclure que Abatwa, Abatutsi et Abahutu n’ont pas constitué l’ensemble d’Abanyarwanda ; c’est plutôt à partir de cet ensemble déjà constitué de clans ou de lignages qu’ils se sont formés.

SIBORUREMA Joram / 12 mars 2020 à 9 h 52 min

Bonjour!
Malgrè les explications de MUSABYIMANA et de NDANGALI je reste toujours sur ma faim! en 2002 quelqu’un m’a présenté un Tutsi du clan des Ababanda , moi qui avait toujours cru que les Ababanda sont des Hutu.Il faut se rappeler que les clans ont des totems, on peut donc se retrouver sous un meme totem sans etre de la meme éthnie! pour moi les éthnies existent avant les clans.

FAUSTIN KABANZA / 15 mars 2020 à 0 h 19 min

Bonjour,Evidemment, ma lecture est différente sur ces questions! Lire mes écrits entre autre: les Rwandais et leurs origines ethnisées:

http://africultures.com/les-rwandais-et-leurs-origines-ethnisees-11664/

Macky / 15 mars 2020 à 14 h 24 min

Ceux qui disent que parler les ethnies au Rwanda c’est tomber dans un piège, c’est quel piège. Celui qui veut simuler son ethnie est celui qui tend piège. Les Tutsi ont deux clans seulement: Abanyiginya et Abega. Les autres clans ils profitaient là où ils avaient conquis. Pourquoi ils disent qu’ils sont descendant de Gihanga et aucune lignée de Gihanga dans leur ethnie? Quant aux Hutu Nyiginya et Abega là, ce sont eux qui ont fait les premiers mariage avec les Tutsikazi. Et pour consideration il fallait se distinguer de Hutu.

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Kizito Mihigo inuma y’urukundo n’amahoro mu bantu

Mihigo Kizito

KIZITO

Kimwe mu mateka atazibagirana ni urukundo rwarabagiranaga mu gahanga kawe;

Inseko nziza yaherekezaga imbabazi zitasibaga mu mvugo zawe;

Ziherekejwe n’ibikorwa ntagereranywa byo kubanisha abana b’Imana;

Intego yawe ikaba kubumbatira amahoro Imana yabibye mu mutima wawe, no kuyifuriza abo musangiye igihugu .

Tega ugutwi ijwi rya MIHIGO wowe wagiriwe ubuntu bwo kuba ugihumeka;

Oroshya umutima wawe maze ufatanyirize hamwe n’abandi kuzana ineza ya bose mu rwa GASABO nkuko Kizito yabyifuzaga.

 

MIHIGO 

Mico myiza ni ryo zina ukwiriye wowe waduhaye injyana y’indirimbo zituje, zisuka amazi apfutse mu mitima yacu;

Ikivi cy’urukundo, imbabazi no kubana mu mahoro udusigiye tuzacyusa.

Humeka umwuka w’abatagatifu wasanze, kandi uri umwe muri bo;

Igisobanuro cy’urupfu cyiza twumvishe ko rutadufiteho jambo rya nyuma; bidukomeze mu kwizera;

Gahorane ijuru wowe waryifurizaga n’abandi bavandimwe bawe bose bakubanjirije mu bitambo;

Ohereza inuma y’amahoro izenguruke ikirere cy’u Rwanda kuko tuyikeneye cyane ubu, kurusha tukiri kumwe nawe.

 

KIZITO 

Komeza udutakambire aho mu ijuru imbere ya Jambo, usaba ko u Rwanda rugira amahoro arambye;

Ibitambo nk’ibyawe ntibizongere kuba ukundi, bigende nka nyomberi.

Zirikakana urukundo benshi tugufitiye maze utubabarire kuba tutarashoboye kumva bya nyabyo ubutumwa bwawe;

Itahe ni ubusa, umusibo ni ejo, ejo bundi abizeye umwami watwigishize tukaza natwe gusangira ibyiza by’ijuru;

Tera imbuto zawe hose maze tuzanezezwe no kubona ba Kizito kizira urwango n’urugomo benshi mu bana b’u Rwanda.

Ongera usabire abagifite imitima yasabitswe n’urwango gukubitwa n’ikibatsi cy’urukundo rwawe maze bahinduke.

 

MIHIGO 

Mu nvugo ituje wamamaje ubudasiba ,ubwiza bw’Iyaguhanze, n’impuhwe ntagereranywa byayisaze;

Ibuka rero iyo mitima yashavujwe n’urugomo wagiriwe, maze uyisabire kutagwa mu mutego w’umwanzi;

Higika Ibiza bya munyangire byateye mu banyarwanda bigamije kubaryanisha nk’amashitani y’ubumara.

Iyo nyota ya Sekibi yo kugotomera amaraso y’abanyarwanda amaranye imyaka imute mu nyanjya y’amazuku n’umuriro .

Gumana natwe mu mitima yacu ubudasiba kugira ngo tuzashibukweho amashami y’imbabazi, urukundo n’ubwiyunge,

Ohereza impumuro yawe y’amahoro n’ituze mu miryango y’abanyarwanda, maze babashe kunesha ikibi kibugarije.

 

KIZITO 

Kibeho yakwibarutse izahora yibukwa nk’umubyeyi wazanye umuhire, umugaragu w’Imana uruta abandi mu rwa Gasabo;

Imigenzo myiza yawe mu gusenga no kwizera bizabera inkingi ikomeye urubyiruko ndetse n’abakuru, ubu no mu gihe kizaza,

Zaburi y’urukundo rwa Mutagatifu Mihigo Kizito wa kibeho izigishwa urungano rw’ejo hazaza,

Igisebo cy’abaguhitanye kizabahore ku gahanga ubuziraherezo, nubwo bwose ntawushidikanya ko wabababariye,

Twese abakunda Uwiteka tuzahora tukwiyambaza ngo utubere akabando k’urugendo mu kwemera,

Ongera uririmbane n’abamalayika igisingizo cy’urukundo cya Kizito gihigika abanzi b’amahoro,kigahashya inzika n’inzigo.

 

AMEN

 

Axel Kalinijabo

 

Source: http://lecpinfo.com/kizito-mihigo-inuma-yurukundo-namahoro-mu-bantu/

VIVE LE PARDON. Par Kizito Mihigo

 

1. Le pardon, la preuve de l’amour, le pardon cette force divine, qui nous rend capable et clairvoyant. Il nous rend plus libre et plus heureux, il devient le chemin vers la Paix.

R/ Pardonner n’est pas oublier notre histoire. Pardonner c’est dépasser notre nature, c‘est aimer l’être humain tel qu’il est, en sachant qu’il est faible et pécheur.

Vivre le pardon dans nos cœurs et dans notre pays, en Afrique et dans le monde entier, vive le pardon !

2. Le pardon n’est pas contre la vérité, au contraire, il l’exige même. Quand l’amour épouse la justice c’est la Paix qui naît de cette union, et la réconciliation est possible.

3. Le pardon remède de Dieu pour la Paix dans nos cœurs et dans nos maisons. Que la terre embrasse ce parfum, ce parfum qui vient du Dieu vivant, le parfum qui pacifie le monde.

Kizito MIHIGO

 

Politiki MPUZABANYARWANDA mu mpinduka izacyemura burundu ikibazo cy’ubuhunzi

Mu biganiro bikurikira natanze kuri Radio URUMURI y’Inama Mpuzabikorwa ya Sosiyete Sivili Nyarwanda CCSCR, ngiye kubagezaho ibitekerezo bishya by’impinduka izacyemura burundu ikibazo cy’ubuhunzi bw’Abanyarwanda.

3.  Mu gice cya gatatu ndasobanurira umunyamakuru wa Radio URUMURI Politiki MPUZABANYARWANDA

 

2. Igice cya kabiri

1. Igice cya mbere

Ibibazo bidasanzwe bicyemurwa n’umuti udasanzwe kandi impinduka nziza ikorwa n’ibitekerezo bishya !

Umuyobozi n’Umuhuza w’Umushinga w’Ubwiyunge Nyakuri

Umushinga wigenga utabogamiye kuri politiki y’amashyaka n’ubutegetsi

Uharanira Politiki Mpuzabanyarwanda n’Ubutabera Mpuzabantu muri Demokarasi Nyarwanda.

Mushaka kumenya ibitekerezo bishya ku bwiyunge nyakuri bya MUSOMESHA Aloys, umuyobozi n’umuhuza w’uyu mushinga, mukande hano (murebe inyandiko yanditse, ziri mu cyika cya mbere). Musome kandi namwe musomeshe n’abandi