Mgr Maria Tomasi
ROME, 30 septembre 2014 (Zenit.org) – « S’engager de nouveau dans une politique de prévention », afin de « réduire le nombre des personnes déplacées de force »: c’est ce que demande le Saint-Siège à l’ONU.
Mgr Silvano M. Tomasi, représentant permanent du Saint-Siège à l’Organisation des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève, est en effet intervenu, lors de la 65ème session du Comité exécutif du Haut-Commissariat pour les Réfugiés, à Genève.
Il a pris la parole ce 30 septembre sur le thème: « Renforcement de la coopération internationale, de la solidarité, des capacités locales et de l’action humanitaire pour les réfugiés en Afrique ».
Il a lancé un appel à « surmonter la mondialisation de l’indifférence » devant la souffrance des réfugiés, au moment où la méditerranée devient un »cimetière silencieux ».
Pour le Saint-Siège, « développer de nouvelles stratégies, en intégrant le meilleur des méthodes et de expériences qui ont fait leurs preuves, est la seule façon de faire face aux défis actuels », et la « volonté politique de prévenir les conflits par le dialogue et l’intégration, ainsi que par une solidarité effective qui comble le fossé entre les pays en voie de développement et les pays développés du monde, ouvrira un chemin vers un avenir pacifique ».
Voici notre traduction intégrale de l’intervention de Mgr Tomasi.
A.B.
Déclaration de Mgr Tomasi
Monsieur le Président,
La délégation du Saint-Siège soutient la déclaration du comité exécutif du HCR sur le renforcement de la coopération internationale, de la solidarité, des capacités locales et de l’action humanitaire pour les réfugiés en Afrique. Cette déclaration est un rappel opportun de la circulation persistante des peuples déracinés de force et un appel à surmonter la mondialisation de l’indifférence à l’égard de leur souffrance.
Sur le continent africain, et en provenance de l’Afrique vers l’Europe et le monde, la recherche d’un havre de paix et d’une vie décente pousse de nombreuses personnes à abandonner leurs maisons et à traverser les frontières pour échapper au danger et à des conditions d’oppression. En connaissance de cause, elles risquent même la mort et souvent la cruauté des contrebandiers, sur des bateaux de fortune. Un trop grand nombre de victimes ont transformé les eaux de la Méditerranée en un cimetière silencieux. Des politiques de régulation des frontières trop restrictives, qui se prêtent à la pratique dangereuse de la contrebande des personnes humaines comme de « cargaisons », ont poussé des milliers de demandeurs d’asile à entreprendre un voyage fatal au cours duquel leurs rêves et leurs vies sont brisés.
L’hospitalité, les pays africains a permis de sauver beaucoup de vies dans les nombreuses crises qui ont tourmenté le continent au cours des dernières décennies. Les réfugiés ont été accueillis et ont eu une chance de survivre jusqu’à ce que leur rapatriement soit devenu possible. Dans de nombreux cas, la possibilité de s’installer sur place leur a été généreusement offerte. La solidarité internationale a souvent travaillé de pair avec la générosité africaine, mais ni l’une ni l’autre ne sont des ressources inépuisables.
Il est maintenant urgent de s’engager de nouveau dans une politique de prévention. Les efforts de la communauté internationale pour prévenir les conflits et la mauvaise gouvernance qui étouffe le développement, sont nécessaires afin de réduire le nombre des personnes déplacées de force. En substance, cela nécessite une culture de la paix, qui n’est possible que si l’on place la personne humaine au centre des préoccupations, des plans nationaux et des objectifs sociaux, reconnaissant ainsi sa dignité et le respect qu’imposent ses droits humains fondamentaux.
Il faut un changement de mentalité, qui rejette la violence comme moyen de faire face aux différences personnelles et communautaires et qui transcende les intérêts tribaux, ethniques et nationaux pour le service du bien commun.
Les pays africains ont investi un capital politique et économique dans la coordination de leur action continentale pour apporter une réponse plus efficace à leurs besoins de développement et de règlement pacifique des différends. Les instruments juridiques existants pour la protection des populations déplacées de force offrent des outils utiles pour lutter contre les causes des déplacements forcés, afin que les demandeurs d’asile d’aujourd’hui et les personnes déracinées puissent recevoir une protection adéquate.
Une liste de mesures concrètes supplémentaires figure dans la déclaration du comité exécutif. Ces mesures peuvent apporter un soulagement efficace de la détresse des demandeurs d’asile et des personnes déplacées. Le pape François plaide en ce sens : « J’invite en particulier les gouvernants et les législateurs et toute la communauté internationale à considérer la situation des personnes déracinées de force avec des initiatives efficaces et de nouvelles approches pour protéger leur dignité, améliorer leur qualité de vie et faire face aux défis qui apparaissent de formes modernes de persécution, d’oppression et d’esclavage.. ».(1)
Monsieur le Président,
Malheureusement, le déplacement forcé se poursuit sur le continent africain en raison de la violence employée pour poursuivre un pouvoir égoïste et imposer des idéologies. Développer de nouvelles stratégies, en intégrant le meilleur des méthodes et de expériences qui ont fait leurs preuves, est la seule façon de faire face aux défis actuels. La volonté politique de prévenir les conflits par le dialogue et l’intégration, ainsi que par une solidarité effective qui comble le fossé entre les pays en voie de développement et les pays développés du monde, ouvrira un chemin vers un avenir pacifique.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
Traduction de Zenit, Constance Roques
(1)Pape François : Discours aux participants à la session plénière du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, 24 mai 2013.
Source: Zénit.org