Monthly Archives: avril 2015

Godefried Daneels: Vrai et faux pardon

« Il est illusoire de penser que l’on va susciter une culture du pardon et de la réconciliation en exhibant des cadavres. Le rappel incessant des horreurs des guerres et l’exhibition des reliques de notre inhumanité appartient peut être au refus d’oublier et à ce qu’il est convenu d’appeler le devoir de mémoire. Mais il relève d’une culture narcissique qui risque de se figer dans la dépression ou de mariner dans les blessures. » Godefried Daneels

« Le succès apostolique, le don de faire des miracles, tout cela n’est rien à coté de la grâce de pouvoir supporter avec patience et sans se laisser troubler le fait d’être rejeté par ses propres frères »; nous dit le Cardinal Godfried Daneels à propos de François d’Assise.

Pardon, Seigneur, Pardon

1.   Les conditions du vrai pardon

 Il faut d’abord reconnaître la faute et le péché.

  • Si quelqu’un provoque un courant d’air dévastateur parce qu’il a oublié de fermer la porte, il ne faut pas le lui pardonner, parce qu’il n’a rien fait de mal. Il a été distrait! Pour pardonner, il faut qu’il y ait une faute volontaire, sinon il faut tout simplement excuser. Le pardon présuppose la réalité du péché.

  • La négation du péché rend le pardon impossible ou superflu. Or il y a bien des façons subtiles de nier le péché ou de le neutraliser:

  • Le rationaliser, dire que tout péché peut se comprendre et se réduire à une erreur ;

  • L’universaliser, dire que nous faisons tous un peu cela et conclure que puisque tous le font, ce ne doit pas être un péché.

  • Le refouler, ne pas vouloir le reconnaître. Ce n’est jamais une solution parce que le mal nié vous revient toujours sous le nez comme un boomerang;

  • Le rendre impossible en abolissant la loi. S’il n’y a plus de loi, il n’y a plus de péché. Ce mécanisme de défense agit préventivement, à la racine de la notion même de péché.

Il n’y a donc pas de réconciliation possible si l’on ne reconnaît pas la réalité du péché.

2.   Le pardon caméléon

 Notre psychologie a tant de mécanismes de défense que le pardon est comme un caméléon. Il peut prendre la couleur de l’environnement, se camoufler en pseudo-pardon jusqu’à perdre son identité. Il en va ainsi dans les relations entre les personnes et entre les peuples.

  • Le déni : nier le préjudice pour ne pas se laisser envahir par des sentiments négatifs ou pour ne pas avoir des ennuis avec l’autre. C’est « pardonner  » en ne pardonnant pas et en se leurrant sur soi- même et sur l’autre.

  • L’oubli : laisser couler le fleuve. Laisser ce cours d’eau mythique de l’oubli qui descend dans les enfers parce que, pour les Anciens, la vie après la mort est une vie d’oubli.

Ce n’est jamais une solution. La réalité est rébarbative à l’oubli. Elle résiste, comme un roc, au torrent du fleuve et refait surface à la saison sèche. Elle dérange le pseudo-ordre établi et ramène le trouble, comme un mal, chassé par la porte, revient par la fenêtre. La mémoire joue dans les cartes du péché et déchire le voile de l’oubli en faisant irruption dans la conscience au moment où l’on ne s’y attend pas. L’oubli n’est pas un pardon. C’est un truc. Il nous prend à notre propre piège, car vouloir oublier, c’est encore penser.

Le mal non reconnu ou les crimes recouverts de silence demeurent dans la mémoire collective, comme dans l’âme de chacun. Or l’histoire, la nôtre et celle des peuples, se fait avec ce qu’on garde en mémoire: le camouflage ou la vérité.

  • Le débarras : vouloir être quitte de ce qui nous embarrasse en faisant une croix dessus, sans résoudre le problème, est une forme de défense proche de l’oubli. Le débarras n’engage ni la personne qui pardonne ni celle qui est pardonnée. Il est simplement un cessez -le -feu. Il n’engage aucune relation de confiance. C’est une manière de chasser la peur sans la dévisager.

  • L’indifférence : on ne rencontre pas la personne qui nous a blessé, on l’évite. On croit avoir pardonné en détournant la tête, alors que cette superbe constitue un pas en avant dans la fermeture du cœur. C’est parfois un moyen de survivre entre individus qui se côtoient ou entre peuples qui cohabitent, mais c’est toujours une barrière mentale qui s’érige pour contenir une amertume qui peut fermenter en haine.

  • Le récit : Il arrive qu’on veuille guérir d’une blessure en racontant son pardon. On se raconte à soi même, à un confident ou à un psychologue; on se confie à l’écriture intime ou publique. Ce processus d’auto-purification a un effet bénéfique. On cherche à comprendre et à se comprendre, mais cette attitude n’engage aucune démarche vis-à-vis de la personne qui m’a offensée ou vis-à-vis du peuple qui a commis une injustice envers mon peuple. Ce pardon reste prisonnier de mon univers narcissique. Il ne débouche pas dans l’ordre éthique. Je me raconte comment je me débats avec mon mal tandis que la démarche éthique engage un pas vers l’autre: « Je te pardonne ».

3.   Une culture du pardon

La réconciliation ne dépend pas toujours des mécanismes psychologiques et de la volonté personnelle de faire un travail de vérité. Elle dépend aussi d’un climat général médiatique et culturel.

  • Défataliser l’histoire

Il n’est pas vrai que, puisque les hommes ont péché, ils doivent toujours pécher; que puisque les conflits sont séculaires, ils doivent être éternels; que puisque des litiges sont héréditaires, ils appartiennent à la nature des choses. L’histoire n’est pas faite d’une succession fatale de conflits. L’enfer, c’est le passé qui s’impose, le présent oblitéré. L’histoire appartient à notre liberté, à notre capacité d’ouverture à Dieu et aux autres. Il n’y a pas de culture du pardon et de la paix, si le printemps y est non admis, s’il n’y a pas de jardin ou quelque chose peut éclore.

  • Éduquer à la responsabilité

Il est illusoire de penser que l’on va susciter une culture du pardon et de la réconciliation en exhibant des cadavres. Le rappel incessant des horreurs des guerres et l’exhibition des reliques de notre inhumanité appartient peut être au refus d’oublier et à ce qu’il est convenu d’appeler le devoir de mémoire. Mais il relève d’une culture narcissique qui risque de se figer dans la dépression ou de mariner dans les blessures.

  • Le rappel des conditions qui ont déclenché un drame peut être une mise en garde, mais il peut aussi favoriser le mythe de l’éternel retour.

Il est plus plus facile d’éduquer dans la peur que dans la responsabilité. Or la peur est un facteur de replis séculaire et d’agressivité. Ce n’est pas en informant qu’on suscite un engagement éthique. Socrate pensait qu’il suffisait de voir le bien pour le faire; de voir le mal pour l’éviter. C’est du pur intellectualisme et la négation du péché des origines. Éduquer à la responsabilité, c’est permettre à des jeunes d’agir sur eux -mêmes et sur leur environnement, et créer les conditions pour qu’ils aient le courage et les moyens.

  • Regarder l’autre:

Le pardon véritable s’inscrit dans une relation interpersonnelle. Je ne pardonne pas pour éviter que ma souffrance dégénère en cancer, pour me désintoxiquer des effets pervers d’une blessure qui me ronge, bref pour me sauver….Pardonner se fait toujours en regardant dans le visage de l’autre.

Dans les nouvelles religiosités, l’audace évangélique fait place à la sensibilité thérapeutique. Si la libération émotionnelle a quelque chose de curatif, le repli sur sa propre sensibilité a quelque chose de désespéré. Narcisse n’est-il pas mort d’avoir trop aimé son reflet ?

4.   Se rapprocher de l’autre

Pour engager une véritable réconciliation et promouvoir une culture du pardon, il faut faire des pas vers l’autre et vouloir poser ensemble des gestes constructifs. Ce n’est pas à distance ni du premier coup que l’on joue de la musique ensemble. Plusieurs étapes jalonnent ce chemin.

  • Prendre acte du conflit. Oser regarder ce qui s’est passé.

Ramener le conflit à ses justes proportions. Discerner sur quoi porte le litige. Tout conflit tend à s’universaliser. Ce n’est pas parce qu’on se dispute à propos d’un bout de territoire que tout le peuple allemand, serbe ou autre, est en conflit avec tous les Français, ou avec tous les Croates ou tous les Bosniaques. Il ne faut pas permettre qu’un incendie local s’étende à toutes les personnes et à toutes les valeurs ou que le mépris et la haine déteignent sur tous les niveaux de l’existence.

  • Chercher à comprendre

C’est déjà un certain pardon de l’intelligence. La véritable compréhension n’excuse pas tout, ne rend pas la faute inexistante, n’approuve pas l’offense, mais elle la situe. Comprendre ce qui s’est passé, de quoi on a souffert, pourquoi on a fait souffrir, comment on en est arrivé là, c’est déjà se solidariser. Car il est impossible de comprendre la faute de l’autre sans éprouver un peu de compassion envers lui. Tout aveu nous fait entrer dans une fraternité de misère par le lien qui nous unit en tant que pécheurs. Toute faiblesse me révèle ma propre face obscure et ma propre fragilité. Une telle compréhension abolit déjà une frontière.

  • Résoudre le conflit par la parole. On ne résout rien par la force.

La violence engendre la violence. Au contraire des animaux qui se battent, on humanise le conflit en le ramenant au registre du langage.

  • La négociation est fondamentale

Mais celle-ci n’est pas une stratégie pour se protéger. La véritable négociation est un dialogue sous-tendu par la volonté d’aimer. Même si l’autre n’est pas aimable, de toute façon, il est aimé. On ne peut résoudre aucun conflit sans amour, car il n’y a pas d’autre antidote au non amour que l’amour.

  • Chercher à réparer

Si le pardon n’est ni un coup d’éponge ni une amnésie collective mais une prise en compte amoureuse de la réalité, si abîmée soit-elle, il suscite aussi un désir de réparer. Les plaies ouvertes, l’infection laissée dans le corps social ne peuvent être guéries qu’en mettant les mains à la pâte. Rien de tel pour se rapprocher que de réparer et de reconstruire ensemble un avenir. Ces cinq étapes sont celles d’une métamorphose. La lente naissance de l’amour est comme la lente transformation de la chenille en papillon. C’est une transformation complète, mais elle donne des ailes.

5.   Le pardon est un miracle

C’est une création « à partir de rien ». Dans le processus du pardon, il y a toujours quelque part une discontinuité. La réconciliation n’est pas le résultat de tous les préparatifs. On ne produit pas le pardon. On le reçoit de surcroît. Il surgit « ex nihilo », il est une grâce. C’est là son point d’attache avec Dieu. Car là où le péché a abondé, la surabondance du pardon nous a transformés. C’est en reconnaissant cette surabondance à mon égard que je puis donner d’abondance. Dans bien des situations actuelles, génocides, viols, massacres d’enfants, abandons…offrir le pardon ne pourra venir que de DIEU.

  • Le pardon crée du neuf

Il n’était pas contenu dans les préparatifs. Ceux-ci sont des conditions pour y accéder, non les causes. Ils créent un environnement comme le « cercle magique » de B. Brecht dans lequel la réconciliation descendra. Le pardon vient d’ailleurs, comme l’inspiration poétique. Pour certains, il faut créer une ambiance, diminuer la lumière, allumer une pipe, prendre une feuille blanche et un bon stylo…..Tout cela crée un climat dans lequel l’inspiration tombe comme une grâce. Dans la liturgie aussi, les rites créent un espace où Dieu peut venir. Le véritable pardon est-il possible en dehors de toute foi en Dieu (ou force supérieure )? Je pense que non. Dans la Bible, c’est Lui qui nous a réconciliés pour nous réconcilier avec Lui . Le pardon n’est pas un auto produit.

6.   Le lieu culturel du pardon

On n’a jamais autant désiré être pardonné et se libérer de l’émotion de ne pouvoir pardonner et, d’autre part, on n’a jamais autant déserté le sacrement de réconciliation! Ce paradoxe est le fruit d’une psychologisation: le pardon se réduit à une thérapie d’ordre psychologique. Or, il est de l’ordre éthique (il engage vis-à-vis d’autrui ) et théologal ( c’est un don de Dieu ).

Le pardon réduit au registre horizontal est le résidu culturel du christianisme vidé de son vécu sacramentel. Comme dans la parabole, les vignerons se disent: « allons, tuons l’héritier, nous aurons l’héritage » (Mt 21 38 ). On ne s’intéresse plus au Christ, mais seulement aux valeurs qu’il a laissées. Dans ces conditions, il est normal que le pardon déménage dans le cabinet du psychiatre et que le sacrement soit déserté. De nouvelles religiosités et les arts du bien-être publient aussi des recettes « héritées » du christianisme. Plus on parle du Christ sans parler au Christ, plus nous tenons le cadavre du christianisme. Dire qu’il faut présenter la joue gauche, quand on vous a frappé sur la droite, c’est du pur idéalisme quand on ne peut se laisser aimer par le Christ outragé, ni accueillir la grâce d’un « Dieu plus grand que notre cœur. » ( 1 Jean 3,20 )

Extraits d’une Intervention du Cardinal GODFRIED DANEELS pour les 50 ans de » Pax Chriti  »  (Revue trimestrielle : Documentation Catholique N°2121 du 9 août 1995, page 754 )

Image de prévisualisation YouTube

Commentaires : par Edmond Savajol

Sur le lieu culturel du pardon: la confession individuelle

Il est possible aussi d’imaginer qu’on s’intéresse toujours autant si ce n’est plus au Christ, mais qu’on a pris une certaine « distanciation » par rapport au pouvoir que représente l’Église catholique romaine dans sa pratique ordinaire structurelle, hiérarchique et visible.

La distance qui est prise ne serait-elle pas inversement proportionnelle à la sacralisation qu’opèrent les églises sur les êtres et les choses?

De part ailleurs, le pardon, pour beaucoup n’est pas une émotion, il est au contraire le fruit mur, le résultat de l’accueil du Christ, le Verbe, la Parole dans notre chair, qui nous fait dire avec Paul, « ce n’est plus moi qui vit, c’est Christ qui vit en moi » ( Galates 2.20 ). Aller se confesser sans avoir essayé de se réconcilier avec son frère apparaît à beaucoup comme malhonnête. « Quand donc tu vas présenter ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère à quelque chose contre toi, laisse là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec ton frère. Viens alors présenter ton offrande. Mets toi vite d’accord avec ton adversaire, tant que tu es en chemin avec lui, de peur que cet adversaire ne te livre au juge… » ( Matthieu 5, 23 )

La confession individuelle est délaissée non ( à mon avis ) parce qu’elle est réduite au registre horizontal comme le dit le cardinal, mais peut-être, parce que pendant un millénaire, seul le registre vertical a existé. Le catholique recevait le sacrement (rite ) donc il était et il est déclaré blanc comme neige. Avec un ticket de quai le voyageur peut paraître « sur le quai de la gare Église « en toute liberté sans pour autant pouvoir voyager, avancer vers le Seigneur avec ses frères. La confession individuelle peut être de ce type: » ticket de quai « .

La confession individuelle de plus est délaissée parce que les discours officiels sont entendus, mais ne sont plus écoutés, encore moins mis en pratique. Pourquoi: parce que le discours vient d’en haut, accueilli, analysé, il semble hors du temps, ou du moins avoir un décalage par rapport à la vie de tous les jours, sans rapport toujours bien évident avec l’Évangile et le Christ. Pendant des siècles cela fut possible, mais à l’époque de la transmission rapide des données tous azimuts et de la connaissance précise du Nouveau Testament par celui qui le souhaite, ce n’est plus possible.

Le pouvoir tombe….. il est tombé; mais comme il était fondé sur la domination, l’imposition de lois, sur le sable et non sur la Parole: le Christ, il risque fort de se désagréger. Les clercs prennent cela en pleine face avec quelques conséquences. l’Esprit-Saint met dans le cœur des hommes et femmes d’autres chemins, son chemin, Jésus Christ est ce chemin.

Il reste l’autorité, celle qui est donnée par des hommes et des femmes à telle ou telle personne qui pour eux sont porteurs du message de Jésus Christ. Ils peuvent être prêtres, pasteurs, évêques en disgrâce ou en place, simples laïcs, diacres, leur état semble secondaire. Ils invitent les gens à vivre comme ils sont et à avancer vers le Seigneur dans la liberté, dans une confession religieuse ou pas, sans jamais imposer une éthique ou une confession religieuse. Ils n’ont aucun pouvoir et n’en veulent pas. Ils ne tirent aucun bénéfice, ils n’assurent aucune fonction ecclésiastique, ils ne savent pas eux-mêmes pourquoi certains les suivent, ils ne recherchent qu’à faire briller le Visage du Christ: « en effet ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de DIEU ». (Romains 8, 14 )

« Ce sera le rôle des Églises d’aider indirectement à la naissance et au développement de telles personnalités, en leur laissant la liberté de prendre, à leurs risques et périls, les initiatives nécessaires, et même en les y poussant par la confiance qu’elles leur témoigneront » Marcel Légaut : »Un homme de foi et son église » ( page 234 Desclée de brouwer)

Le pardon

MBABARIRA (Pardonne-moi) par Bahati Alphonse

Suivons le Guide !

Rwanda: construire la paix par la réconciliation ici et ailleurs

En cette période de commémoration du génocide de 1994 au Rwanda, il convient de rappeler, en résumé, l’histoire du conflit rwandais à l’origine de cette tragédie. Je me réfère, en grande partie, à mon intervention du 30 mars 2003, deux ans après la création de ce projet, lors d’un témoignage sur la réconciliation rwandaise à l’occasion d’une rencontre organisée par deux ONG belges: Entraide & Fraternité/Vivre Ensemble et Justice & Paix.  Cette histoire est maintenant actualisée et racontée à partir de la période coloniale. Voici un extrait de ce témoignage.

1. Le conflit rwandais dans son contexte historique

  • La période coloniale

Avant la colonisation par l’Allemagne (1900-1918) et par la Belgique (1919-1962), le Rwanda était dirigé par une monarchie. Comme pour les autres pays colonisés, la civilisation occidentale, véhiculée par la colonisation et l’évangélisation, a contribué au développement social et économique, mais elle a véhiculé aussi une nouvelle culture par la langue et la religion étrangères à ce pays. Il y a eu donc un changement dans la vie sociale et politique. En plus de la langue maternelle, le Kinyarwanda, d’autres langues ont été enseignées à l’école comme le français et l’anglais. Aujourd’hui, la religion traditionnelle n’est plus pratiquée mais le Kinyarwanda reste la seule langue parlée par toute la population.

Pendant la colonisation, le régime monarchique est resté au pouvoir toujours dirigé par l’aristocratie de la classe sociale des Batutsi. La classe sociale des Bahutu était écartée du pouvoir et il y avait beaucoup d’inégalités sociales. Les Bahutu, victimes des discriminations durant tous les règnes de la monarchie, étaient considérés par l’aristocratie comme une classe inférieure à celle des Batutsi. Mais ces derniers n’étaient pas tous socialement privilégiés, car même les Batutsi au pouvoir étaient uniquement issus des clans Banyiginya et Abega alors qu’on retrouvait les trois groupes sociales (ou « ethniques ») dans les 18 clansabasinga, abasindi, abazigaba, abagesera, abanyiginya, abega, ababanda, abacyaba, abungura, abashambo, abatsobe, abakono, abaha, abashingwe, abanyakarama, abasita, abongera, abanengue. Tout Mututsi n’avait donc pas le droit d’accéder à la classe politique. Cette situation était donc injuste non seulement pour les Bahutu mais aussi pour les Twa et les Batutsi n’appartenant pas aux clans des Banyiginya et Abega. Les rwandais s’identifiaient donc par leur clan et non par leur appartenance à tel groupe social. En Kinyarwanda, le mot clan signifie ubwoko et au pluriel amoko. La troisième classe sociale des Batwa, très minoritaire, a toujours été marginalisée.

Pour pouvoir implanter la civilisation occidentale, la politique coloniale belge s’est d’abord appuyée sur l’aristocratie des Batutsi. Mais à partir des années 1930 jusqu’à la fin de la colonisation (1962), les colonisateurs se sont alliés de plus en plus à la classe sociale des Bahutu. Les belges apportèrent alors des idées nouvelles d’égalité et de dignité humaine, par l’enseignement de l’Église catholique, qui ont conduit la classe sociale des Bahutu à la prise de conscience des discriminations dont elle avait été victime depuis plusieurs années. Il était difficile pour les colonisateurs de distinguer les trois groupes parce qu’ils partageaient une même langue. Ils ont alors inventé une idéologie basée sur les différences morphologiques et sociales avec des préjugés raciaux. Cela en prétendant justifier les différences soi-disant culturelles entre les composantes de la communauté rwandaise. Ils ont décrété que les trois groupes sociaux seront désormais appelés des « ethnies ». Ces groupes ne représentaient donc plus des classes sociales. Ce mot « ethnie » a pris la même signification que le mot « clan », qui est ubwoko. L’appellation ethnie a donc remplacée celle du clan, tellement que certains rwandais ont oublié leurs origines claniques. Le rwandais ne s’identifiait plus par rapport à son clan mais à son ethnie. Il n’y avait plus une dizaine d’amoko (clans) mais seulement trois (ethnies). Ce qui est regrettable. Les rwandais ont obéi à l’autorité coloniale des belges parce qu’ils considéraient les blancs (abazungu) en général comme plus intelligents et ils ont approuvé leur idéologie. Ils ont alors cru qu’ils étaient « ethniquement » différents! Cette idéologie fut officiellement reconnue puisque ces « ethnies » ont été inscrites dans les documents officiels et ce, même après l’indépendance, jusqu’en…1994. La stratégie de diviser pour régner.

Cette influence occidentale, associée au mouvement de la décolonisation, a permis aux membres instruits de « l’ethnie » des Bahutu, sortis des écoles chrétiennes, de revendiquer l’égalité sociale et l’accès au pouvoir. La nouvelle politique coloniale était à leur avantage. En 1959, ils ont alors menée une révolution sociale qui a conduit en 1961 à l’abolition de la monarchie, remplacée par un régime républicain dirigé, cette fois-ci, par les membres de « l’ethnie » des Bahutu. Le 1er juillet 1962, le pays accéda à l’indépendance. « L’ethnie » minoritaire des Batwa resta toujours marginalisée.

Les classes politiques des Bahutu – au pouvoir – et des Batutsi dans « l’opposition » se sont appropriées cette idéologie belge. En effet, cette politique a été utilisée par chacun des deux camps concurrents pour justifier le droit d’accéder au pouvoir, l’un au détriment de l’autre. Les Bahutu revendiquaient le pouvoir par leur « majorité ethnique » tandis que les Batutsi, ethniquement minoritaires, revendiquaient le pouvoir par leur « expérience en politique » qu’ils considéraient comme un droit acquis parce qu’ils avaient dirigé le pays depuis des siècles. Au niveau politique, les Batutsi gardèrent une rancune envers les belges qui leur avaient confisqué ce privilège. Et puisqu’en démocratie, que les belges leur avaient apportée, le pouvoir est détenu par le groupe politique ayant obtenu la majorité, les Batutsi se considéraient comme perdants dans cette affaire politique.

Ainsi, les termes « Bahutu » , « Batutsi » et « Batwa », qui, dans la culture rwandaise, désignaient les classes sociales, sont devenus progressivement, des concepts ethniques et politiques. Ce qui entraîna des conséquences lourdes dans la suite de l’histoire du Rwanda. Durant cette période de la révolution à l’indépendance (1959-1962), cette division « ethnique » entre les Bahutu et les Batutsi fut à l’origine des tensions politiques qui ont provoqué des violations graves des droits humains: les massacres, l’incendie et la destruction des maisons, la confiscation des terres, les persécutions et l’exil des Batutsi et quelques Bahutu opposés au nouveau régime républicain.

Que pouvons conclure jusqu’ici? On peut se demander ce qui arriverait si, aujourd’hui ou demain, le peuple rwandais se réveillait et faisait son examen de conscience en acceptant les erreurs commises dans le passé et en reconnaissant ses clans traditionnels comme amoko au vrai sens du terme, à la place des ethnies modernes. L’identité clanique au lieu de l’identité ethnique. Sans nul doute, en restaurant cette culture, les « ethnies » en tant que concepts politiques disparaîtraient. Puisque la société rwandaise s’identifierait encore par ses clans, les politiciens ne pourraient plus faire la politique de la carte ethnique. Avec le pluripartisme, les partis politiques ne pourraient même pas se calquer sur les clans au nombre de 18 – au risque de disperser leurs voix – pour lesquels personne ne connaît les pourcentages exacts puisqu’aucun recensement n’a été fait. Les politiciens seraient alors jugés non pas selon leur appartenance à l’ethnie ou au clan mais selon leurs idées politiques.

  • Après l’indépendance

Après l’accession du pays à l’indépendance jusqu’en 1994, le régime politique était alors dominé par les Bahutu, venant d’abord des régions du centre et sud du pays (Abanyenduga) jusqu’en juillet 1973, et par la suite ( à partir du 5 juillet 1973) des régions du nord, nord-est et nord-ouest (Abakiga). Les Batutsi restés à l’intérieur du pays étaient privés de certains de leurs droits politiques. Ils ne pouvaient pas, par exemple, accéder facilement au pouvoir ni entrer dans l’armée. Les Bahutu avaient alors fait ce qu’on peut qualifier de « revanche politique ». Mais attention, comme du temps de la monarchie tous les Batutsi n’avaient pas tous les privilèges, c’était le cas aussi pour les Bahutu durant le régime républicain.

En 1963-64, des réfugiés rwandais ont lancé des attaques militaires contre le pays à partir du Burundi. Ils voulaient reprendre le pouvoir par la force mais ils ont été repoussés par l’armée nationale. Les Batutsi restés à l’intérieur du pays et les opposants au régime furent persécutés. En date du 5 juillet 1973, il y eut un changement de régime par un coup d’Etat militaire. Durant les événements qui ont conduit à ce changement de régime, les Batutsi ainsi que les opposants au régime de la 1ère république ont été à nouveau persécutés. Ils furent chassés des établissements scolaires.

Depuis 1973 jusqu’en 1990, le conflit politique n’était plus seulement « ethnique » mais aussi régional. Comme je l’ai dit, les dirigeants du régime, originaires du nord, avaient renversé la 1ère république qui était dirigée par les leaders politiques originaires des régions du centre et du sud du pays.

Le 1er octobre 1990, les réfugiés rwandais en majorité des Batutsi qui avaient quitté le pays durant les événements de 1959-1962, 1963-65 et 1973 ont lancé encore une fois une attaque militaire contre le Rwanda, à partir de l’Ouganda. Le régime, jusque-là dirigé par un parti politique unique, fut contraint d’accepter un système de démocratisation avec plusieurs partis politiques. Suite à cette guerre, il y eut des négociations politiques entre le gouvernement de l’époque avec des représentants des réfugiés. Ces négociations ont été soutenues par l’ONU (Organisation des Nations Unies) et elles ont abouti à la signature des Accords de paix le 4 août 1993 à Arusha en Tanzanie.

Malheureusement, ces accords ne furent pas appliqués. Dans la nuit du 6 avril 1994, l’avion conduisant le président du Rwanda et celui du Burundi, venant de Tanzanie, fut abattu et les deux présidents assassinés. Les tenants du régime se lancèrent alors dans l’opération de manipulation des membres de l’ethnie Hutu en les incitant au génocide des tutsi et aux massacres des hutu et des étrangers opposés au régime. Dans le camp des rebelles aussi, plusieurs personnes ont été tués ou chassées de leurs biens. L’ONU retira ses casques bleus et le pays sombra dans une tragédie qui dura trois mois. Il y eut des milliers de morts dans les deux camps opposés: des militaires, des civils, des religieux, des enfants, des vieillards, des femmes et des hommes sans défense, des personnes handicapées,… appartenant tous à trois « ethnies », mais aussi des étrangers de plusieurs nationalités. L’ONU a estimé le nombre de morts entre 800.000 et un million, mais nul ne peut affirmer, avec des preuves à l’appui, le nombre exact de toutes les victimes, ni le chiffre exact pour chaque « ethnie ». Ce qui est donc certain c’est que cette tragédie a emporté beaucoup de rwandaises et de rwandais de toutes les régions du pays et de toutes les composantes ethniques mais aussi certains étrangers.

Avec la victoire militaire, les rebelles prirent donc le pouvoir en juillet 1994. Ce qu’on peut qualifier aussi de revanche politique des Batutsi. Suite à cette guerre, beaucoup de rwandais, en majorité des Hutu, y compris beaucoup de responsables du génocide, se sont réfugiés à l’Etranger dans plusieurs pays du monde. Après la guerre, l’ONU a reconnu qu’il y a eu un génocide au Rwanda et le 8 novembre 1994, il créa le Tribunal Pénal International dont le siège fut installé à Arusha en Tanzanie, afin de juger les auteurs des crimes de génocide et d’autres crimes contre l’humanité commis durant la période comprise entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994. Le conflit ethnique et politique rwandais devint alors plus grave. En 1996, la guerre au Congo (ex-Zaïre), appuyée par les rwandais, a fait beaucoup de victimes de l’ethnie Hutu dans les camps des réfugiés, mais aussi des congolais et des étrangers. En 1998 une deuxième guerre dans ce pays voisin du Rwanda a fait encore plusieurs victimes. Depuis lors, l’Est de la République Démocratique du Congo n’a jamais été stable.

Aujourd’hui, le conflit entre les membres des deux ethnies Hutu et Tutsi subsiste encore, tant au Rwanda qu’à l’Etranger, même si c’est sans violence massive comme en 1994. La haine, la vengeance active ou passive, les mensonges, la peur, les préjugés, la méfiance, la globalisation, restent constants. Et, certains individus de nationalité étrangère sont aussi mêlés dans ce conflit ethnique et politique.

2.La réconciliation

Alors qu’au début du 20ème siècle, le Rwanda accueillait les étrangers, de toutes nationalités ; aujourd’hui, un siècle plus tard, c’est l’Etranger qui accueille les rwandais, de toutes les ethnies. Partout dans le monde, on rencontre des réfugiés rwandais des trois ethnies Hutu, Tutsi et Twa. La preuve donc que ce conflit n’est pas terminé et qu’il n’est pas seulement ethnique. Certains acteurs politiques qui luttent pour le pouvoir cachent aussi cette réalité politique du conflit pour lui donner seulement l’étiquette ethnique.

Toutefois, depuis la fin de cette tragédie de 1994, la réconciliation a commencé tout doucement. La justice rwandaise et le tribunal pénal international basé en Tanzanie ont jugé certains responsables de ces crimes. Dans le cadre de la compétence universelle, la justice de  certains pays étrangers a jugé aussi quelques responsables du génocide. Les rwandais ont déjà pris conscience que la guerre ne règle pas les problèmes mais que la justice aussi ne suffit pas pour résoudre leurs conflits. Tant au Rwanda qu’à l’Etranger, des initiatives des individus ou associations ont été mises en oeuvre pour le dialogue et la réconciliation, en complément du travail de la justice.

C’est dans ce cadre que par ce projet, depuis 2001, je fais une étude sur la prévention et la résolution des conflits par les droits humains et la réconciliation. A l’occasion des rencontres privées ou publiques mais aussi dans les associations, je fais la sensibilisation. En 2014, j’ai créé ce site internet. Il faut se dire la vérité sur notre histoire, respecter les droits de chacun sans distinction d’ethnie. Les victimes et les responsables du conflit doivent aussi s’engager sur les chemins de la justice et du pardon pour construire une nouvelle culture de la paix.

Compte tenu de l’évolution de la société et de la complexité du conflit rwandais, l’expérience vécue et les résultats de mon étude me confirment que le travail des juges et des politiciens devrait être renforcé par celui des médiateurs et  des Guides de la réconciliation. Ces nouvelles fonctions seraient exercées par des artisans de paix, membres de la société civile œuvrant pour les droits humains, la justice et la réconciliation. Je plaide aussi pour la création d’une part, des instances de médiation, en plus des instances judiciaires ordinaires, et d’autre part, d’un droit-guide de la réconciliation, un droit de la paix, pour aider les rwandais à résoudre définitivement leur conflit ethnique et politique.

3. Message

Les rwandais, toutes les « ethnies » confondues, et les personnes impliquées dans leur conflit, devraient toujours avoir à l’esprit que tous les êtres humains, y compris eux-mêmes, naissent libres et égaux en dignité et en droits ; qu’ils sont doués de raison et de conscience et qu’ils doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité (article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme). Ils devraient profiter de cette rencontre des cultures et des civilisations pour avoir l’égalité et plus de liberté, et devenir encore plus unis. La solidarité internationale en faveur de la réconciliation rwandaise est aussi nécessaire, car la paix n’a pas de frontière.

Suivons le Guide !

 

 

Amashyirahamwe n’amadini nayo yubaka demokarasi

Nifuje kwekerana uburyo amashyaka yonyine adashobora kwubaka demokarasi nyayo mu banyarwanda, kabone niyo yaba ashyize hamwe. Ntabwo ndwanya amashyaka, nta n’umunyepolitiki naka cyangwa runaka ndwanya, kuko ibyo bitari mu nshingano z’uyu mushinga. Ahubwo ndashaka kwunganira amashyaka nerekana ukuntu imwe mu mikorere yayo idashobora gutuma abanyarwanda bunga ubumwe. Bityo nkasobanura ubundi buryo bushya bushoboka, bwakwunganira ibikorwa by’amashyaka, bukagarurira abanyarwanda icyizere n’ukwemera muri politiki. Ni kimwe n’uko iyo mparanira ubutabera mpuzabantu (médiation) mba nunganira ubucamanza busanzweho, nkavuga ibitagenda neza ariko ntaburwanya, ahubwo ngamije kugirango ubwiyunge nyakuri bugerweho. Niba ntarwanya amashyaka rero, kandi sinyabangamire, ni uko ndi kumwe na yo mu nzira ya demokarasi, ariko ntaryo mbogamiyeho. Muri iyi nyandiko ndavuga kandi amashyaka muri rusange: ayabayeho, ariho n’ayavuka agakora nkuko ayandi yakoze. Ibyo bitekerezo bishya tubishyize hamwe n’iby’abandi, ndahamya ko ubumwe n’amahoro twabigeraho.

1. Ubumwe mu mashyaka ya politiki

Muri kamere yacu, abanyarwanda dukunda gukorera hamwe, gushyira hamwe. Dukunda ubumwe. Umenya ariyo mpamvu kuva amashaka yaduka mu Rwanda, yagiye ahindukamo ishyaka rimwe gusa kubera ko ayatsinzwe yamizwe n’ishyaka rinini ryabaga ryatsinze. Abyanze akajya gukorera mu buhungiro. Abadashoboye guhunga bakayoboka iryatsinze. Ariko bakabwirwa ko ari ukugirango bashyire hamwe, bagire ubumwe. Ugasanga ishyaka rimwe ni ryo abanyarwanda bose bayobotse. Kugera aho abayobozi b’iryo shyaka bategeka abanyarwanda bose kurijyamo. Umuntu akitwa ko ari umurwanashyaka atarigeze asaba cyangwa ashaka kurijyamo. Ukaba wakwibaza niba icyo gihe riba rikwiye gukomeza kwitwa ishyaka koko. Bamwe mu barwanashayaka iyo bahunze bakagera hanze y’igihugu, bashyira amashyaka yabo hamwe kugirango bahuze impunzi maze barwanye ubutegetsi bahunze. Abari mu butegetsi nabo bagashyira abaturage bose hamwe ngo barwanye uwo bita « umwanzi » n’ « ibyitso » bye, ni ukuvuga ubarwanya uwariwe wese n’uwo bakeka ko ashobora kuba yabarwanya. Abaturage benshi bakaharenganira. Ni ko byagenze kuva kera amashyaka yavuka.

Amashyaka yabayeho mu Rwanda ni menshi cyane. Hari abanyarwanda bagiye bajya mu mashyaka atandukanye, rimwe na rimwe ukayoberwa iryo barimo mu by’ukuri. Bamwe bagakurikira abantu bayarimo kubera ibyo bahuriyeho nk’amoko, akarere, ubucuti, amasano, n’ibindi, kandi batazi imigambi nyayo y’ayo mashyaka, nyuma bakazabona ko bibeshye, ariko ntibabyemere. Hari n’abagiye bajya mw’ishyaka runaka kandi bashyigikiye irindi, ni uko amashyaka amwe agakorera ayandi, ntumenye kuyatandukanya. Abayobozi b’amashyaka nabo bagiye bahindura amazina y’amashyaka yabo, ngo bakayavugurura. Nyamara ku babizi, ngo gahunda zayo zigumya kuba zimwe kuko ibitekerezo by’abayashinga bidahinduka. Muri iryo vugururwa, bamwe mu bayobozi bati ishyaka ryacu ririmo abahutu n’abatutsi, abandi bati iryacu ririmo abanyarwanda bakomoka mu turere twose tw’igihugu. Nkaho iyo bagiye gushaka abayoboke bababaza ubwoko bwabo cyangwa aho bakomoka. Ngo ibyo bigaragaza ubumwe n’ubwiyunge kandi ari ya makarita y’amoko n’uturere baba bubuye. Ubwo ngo ayo mashyaka aba abonye icyo arusha ayandi. Nyamara n’iryo barwanya riri ku butegetsi ayo moko yose aba arimo ndetse n’abatwa, bose badakomoka gusa mu turere twose tw’igihugu ahubwo banahatuye, nkuko maze kubivuga (Twibuke neza ko amashyaka yose yabayeho yagiye abamo abanyarwanda bo mu bwoko bwose kandi bakomoka hose, ariko amwe ntibyayabujije gutanya no guteranya abanyarwanda). Ariko iryo shyaka naryo ntirishobore guhuza abenegihugu bose kuko impunzi zidataha. Ntibiteye ka biri ariko, ukumva ngo ya mashyaka yivuguruye yacicemo ibice. Bakavugurura amashyaka mu nyungu zayo aho kuvugurura politiki rusange yageza abanyarwanda twese kuri demokarasi nyayo, mu nyungu z’igihugu, kugirango tubane mu Urwababyaye. Ni uko abaturage mu rwenya rwabo nabo bakabiseka bati: amashyaka « yarivuruguse »! Nabo ntibemere ko yivuguruye. Abo baturage bagategereza politiki izahuza abanyarwanda bari mu gihugu n’abari hanze bakayibura.

Amashyaka yatangiye kubaho mu gihe cyo kubona ubwigenge, ubwo abadukolonije batubwiraga ko dukwiye kugira demokarasi nk’iyabo, abanyarwanda natwe tuti nibyo koko. Na nyuma yaho ariko bakomeje kutwotsa igitutu batubwira ko nta mfashanyo, nta mafranga y’inguzanyo baduha tudafite amashyaka menshi ngo tugere kuri demokarasi. Amashyaka y’abanyarwanda akaguranwa amafranga. Ni uko bamara kutubiza icyuya tukemera ibyo batubwiye byose, nta na kimwe twongeyeho cyangwa tuvanyeho. Ibyo mbigereranya nko kwemera kwambara umwambaro utagukwiriye kuko uwuhawe kubera inguzanyo, ukawambara utongeye kuwusubiramo ngo ugukwire. Ngo kuko ari umwambaro mushya ujyanye n’igihe tugezemo (mu rwego mpuzamahanga). Ukambara umwenda utakubereye kubera ko utagukwiriye, ngo kuko nta mafranga ahagije ufite yo kwidodeshereza uwawe mushya, kandi utabuze make yo kuwusubirishamo! Amashyaka akavuka ari menshi, kubera ko tubibwirijwe. Nyamara iyo demokarasi ntituyigereho uko tubishaka, ndetse n’uko abaduhaye inguzanyo cyangwa imfashanyo babishaka. Hakabura n’umwe wumva anyuzwe. Kugira demokarasi biramutse ari ukugira amashyaka menshi gusa, muri iki gihe nandika iyi nyandiko, abanyarwanda twabona igikombe n’umudari wa zahabu, abadusaba kugira iyo demokarasi ntihagire n’umudari n’umwe babona! Hari n’abaherekeza abandi! Ndemeza ko abanyarwanda nubwo tutari inzobere muri politiki tutabuze ubwenge n’ubushobozi bwo kuvugurura iyo politiki ya demokarasi kugirango iberane n’umuco wacu, kuko dufite abanyepolitiki bamwe b’inyangamugayo kandi bafite uburambe. Bakabikora mu bwigenge.

Ba banyamahanga (b’abahanga) ariko bagera aho bakabona ko demokarasi itagezweho. Abategetsi bacu bati si amashyaka mwashakaga, bati ntituyafite se? Abandi nabo bakabasubiza ko ibyo bidahagije kuko uburenganzira bw’ikiremwamuntu butubahirizwa, ko abantu bafungirwa ubusa, ko abandi bazira ibitekerezo byabo, ko habuze ubwisanzure mw’itangazamakuru kuko rihohoterwa, ko ubutabera budakora neza, ko abantu bafungwa bazira ibitekerezo byabo bya politiki, ko impunzi ziheze i Shyanga, n’ibindi n’ibindi… Abategetsi bacu nabo bati ibyo se kandi bije bite? Nk’aho ibyo bitari mu nshingano zabo. Abazungu bakomeza kubotsa igitutu, abandi bati ibyo nabyo? Bagashyiraho za komisiyo z’ubwoko bwose zishinzwe gukemura ibyo bibazo, bakubaka izindi gereza, ndetse bagashyiraho n’izindi nkiko. Maze amafranga akisuka. Nk’amahindu! Ibyo byose bikayoborwa na nde? N’abanyepolitiki bo mu mashyaka. Ariko demokarasi ikanga ikabura. Ntabwo nsobanura mu buryo bunonosoye icyo demokarasi ari cyo, kubera ko nta buhanga buhanitse mbifitemo. Ariko buri wese afite bicye ayiziho, nk’ibyo maze kuvuga, kuko abafite impamyabushobozi mu bumenyi bwa politiki ari bake cyane. Ahubwo ndashaka kwerekana ko uburyo dukoresha kugirango tuyubake bidahagije, cyangwa bitatubereye. Ari nayo mpamvu tutayigeraho mu buryo busesuye.

Ese uwo muco wa politiki y’amashyaka ubundi turawugira koko? Nkuko nabivuze, amashyaka twayazaniwe n’abazungu. Byagiye bigaragara ko abanyarwanda bamwe bagiye bapfa ko badahuje amashyaka, nkaho bagombye guhuza ibitekerezo bagakorera hamwe. Kutayoboka ishyaka ryatsinze cyangwa ntukurikize amabwiriza yatanzwe n’umuyobozi waryo, kuko utemera ibitekerezo byaryo, bikaba ari icyaha cyagucisha umutwe. Abantu benshi barabizize, baricwa, barafungwa, barahunga, baratwikirwa, bamburwa ibyabo, n’ibindi. Ngo ni uko batayobotse ishyaka ryagiye ku butegetsi. Abandi bakazira ko bashinze amashyaka yabo mashya.

Ibyo bigaragaza ko iyo demokarasi itaraducengeramo rero. Byaba se ari ukubera wa muco dufite wo gushyira hamwe, bigatuma twifuza gushyira ibitekerezo byacu hamwe koko? Kugira ibitekerezo bimwe igihe cyose byo ntibishoboka. Nyamara kuva igihugu cy’URwanda cyabona ubwigenge, Ubwami bumaze kuvanwaho hakimikwa Repubulika, hemejwe demokarasi y’amashyaka menshi nkuko nabivuze. Repuburika kandi niyo twakomeje kugira.

Kubera uko kudakora neza kw’amashyaka, kimwe n’uko mu gihe cyo kubona ubwigenge bamwe mu banyarwanda bavuze ngo « nta Runari, nta Loni », hari n’abandi ubu bihebye (ariko si ibyihebe), ndetse bazinutswe n’izo politiki, kugeza ubwo bavuga ngo « nta Bwami, nta Repuburika », bati « byose kimwe »! Ni uko bakavuma. Abazungu bati ntitwababwiye! Bati ubwigenge twabubahaye igihe kitaragera kuko mwabwatse hakiri kare. Abanyepolitiki bo mu mashyaka basubiza iki abo banyarwanda cyangwa abo banyamahanga? Babagarurira bate icyizere muri politiki bakora? Bamwe bakavuga bati ikibazo ni abategetsi aba n’aba, abandi nabo bati ikibazo ni abaturwanya. Bose bakitana bamwana. Abaturage se bo ubwabo bumva byagenda gute? Bamwe mu banyepolitiki batanga ikindi gisubizo ntavuze hano, ariko nanone bakigana politiki ya bimwe mu bindi bihugu. Nkaho ibyo bihugu ari Urwanda. Bati « twongere tugerageze ». Tuzahora mu bigeragezo? Twaragerageje kandi twarageragejwe bihagije. Imyaka ibaye myinshi twiga demokarasi, igihe kirageze cyo gushaka dipolome.

Ibyo byose birerekana ko abanyarwanda bamwe batakaje ukwemera n’icyizere (confiance) muli politiki no muri bo ubwabo. Barihebye (ils ont perdu l’espoir). Barashavuye. Hari n’uwambwiye ko atakijya muri mitingi (meeting) y’ishyaka rye! Hari abigeze mu mashyaka nabo bayavuyemo kuko bacitse intege (ils ont perdu le courage). Ikigaraza ibyo ni uko bamwe bayobotse ukundi kwemera kwitwa « indagu ». Bagashakira icyizere mu ndagu. Mu biganiro byabo birebana na politiki, bikaba ari yo mvugo, ngo bategereje igihe ibikubiye mu ndagu bemera bizasohorera. Amaso agahera mu kirere. Ni uko bakituramira, kandi badatuje, bati ibizaba bizaba, umupfumu cyangwa umuhanuzi runaka yavuze ibi n’ibi ntacyo twe twabihinduraho. Bati nta kundi twabigenza, ngo ndetse abayobozi b’ayo mashyaka barata igihe. Bakumva ko izo ndagu ari zo zizakiza Urwanda abanyarwanda ntacyo bakoze. Ngo zagombye gusohora vuba na bwangu ! Ngo ibintu birarambiranye! Wababaza uti ibyo birambiranye ni ibiki, bakakurebaaa, bagaceceka…

Abo bose bihebye mbaduye iyi indirimbo ya Niyomugabo Philémon kugirango bagarure icyizere.

Hari n’umunyamahanga ukomoka mu gihugu kimwe cy’i Burayi, kavukire w’icyo gihugu, wandika inzandiko zigaragaza ko yayobotse nawe ukwemera mu ndagu. Ibi binyibutsa ba banyamahanga bamwe babaye abahutu n’abatutsi kurusha abanyarwanda (ibyo nabyo ni ukundi kwemera)… Cyangwa ni uko abona ko abafite uko kwemera bamaze kuba benshi ! Ni uko indagu zigatwara amashyaka abayoboke. Amanywa ava. Kuva kera, hari n’ibihuha byagiye bivuga ko bamwe mu bategetsi bajyaga kuraguza, ngo kugirango bashake intsinzi. Intsinzi ! Biramutse ari byo koko – kuko nta gihamya – wakwemera ute ko politiki yawe ari yo izatsinda warangiza ukajya gushaka intsinzi mu ndagu? Ayo mayobera si amatagatifu ! Abanyarwanda tugeze kure!

Ibyo byose mvuze ntabwo ari ukunenga abemera indagu kuko ari uburenganzira bwabo mu gihe ntacyo bibangamiyeho abatazamera. Nyamara bamwe bahungira mu ndagu kandi bafite ukwemera mu mashyirahamwe no mu madini basanzwemo, aho kubushimangira. Abanyamahanga nabo ntibakizezwa n’abaturage kuko twabonye isomo ! Bamwe mu bemera Imana bo nibura bavuga ko ari yo izakiza abanyarwanda. Ariko Imana irafashwa. Mu madini yabo bashobora kwitabaza Umukiza basanzwe bemera kugirango adukize akaga twahuye nako, ariko bakamufasha. Aho kwitwara nkaho ukwemera basanganywe ntacyo kwabamarira mu kwubaka demokarasi. Nkaho demokarasi yubakwa n’amashyaka gusa. Ntabwo ari byo. Hari abumva ko badashobora guhindura ibintu batanyuze mu nzira z’amashyaka. Ngo amashyaka ni yo yonyine agomba gukora politiki. Biterwa na politiki iy’ariyo. Abanyamashyaka nabo bakigisha ibyo nk’ihame cyangwa nk’ivanjiri. Ibyo bitekerezo bishaje nk’iyi Si dutuyeho. Ndetse iyo myumvire ntiberanye na demokarasi kuko ifungiraho imiryango ibitekerezo by’abandi aho kuyifungura (ouvrir les portes) kugirango nabyo babyumve maze babishyire hamwe n’ibyabo. Nkaho ibyabo ari byo byiza kuruta ibindi. Ndemeza ko amashyaka atarusha amashyirahame n’amadini kwubaka demokarasi.

Ntidushobora se kugira amashyaka menshi ya politiki kandi tukanashyira hamwe twese muri demokarasi? BIRASHOBOKA. Reka turebe rero ukundi byagenda. Ntabwo ari intsinzi ntanga ariko, kuko ntaragura …

2. Ubumwe bw’amashyirahamwe n’amadini muri demokarasi

Umuntu uwariwe wese akunda amahoro, ubutabera, ukwishyira ukizana, yifuza ko uburenganzira bwe bwubahizizwa hose kandi igihe cyose. Ndetse amashyaka yose iyo ava akagera, yemera ayo mahame y’uburenganzira bwa muntu, ku buryo ari yo ashingiraho iyo ashyiraho amategeko n’ubutegetsi.

Aho ibintu bigeze, gukemura ibibazo birebana n’akarengane abanyarwanda twagize birasaba ingufu z’abantu benshi. Abanyarwanda twese. Kuvugurura politiki kugirango tugere kuri demokarasi nyayo, ntabwo bikwiye gukorwa kubera amabwiriza y’abanyamahanga, ntabwo bizakorwa n’indagu z’umupfumu kanaka cyangwa kanaka, nta n’ubwo bikwiye gukorwa n’amashyaka ya politiki gusa. Oya. Twese tugomba kubigiramo uruhare. Nta n’umwe usigaye inyuma. Buri wese agatanga umuganda we (nzabigarukaho). Uwanjye ntanze ni uyu Mushinga w’Ubwiyunge Nyakuri.

Mu kiganiro ku bwiyunge nayoboye tariki ya 11 Ukwakira 2014 i Mesvin mu mujyi wa Mons mu Bubiligi, hari umubiligi kavukire, ariko wabaye mu Rwanda igihe kirekire, wambwiye iyi nkuru. Ngo amaze kumenyeshwa ikiganiro akamenya ko kizatangwa n’umunyarwanda, yagiye kureba inshuti ye y’umunyarwanda maze amusaba ko bajyana kucyumva. Undi amaze kubona amazina yanjye, abonye atanzi, aramubwira ngo uyu munyepolitiki se ko ntamuzi. Ngo ari mu rihe shyaka? Umubiligi ati nanjye uwo muntu simuzi ati ariko ngwino tujyane nyine umenye uwariwe, twumve n’ibitekerezo bye ku bwiyunge. Umubiligi abona ndetse uwo munyarwanda ngo atangiye kunkeka amababa… Yibagirwa ko uwo mubiligi nawe nta shyaka ry’abanyarwanda arimo kandi ko ubutumire muri icyo kiganiro nari nabugeneye abantu bose ntavanguye. Ni uko ngo aramureka yiyizira kwumva ikiganiro. Ni bwo umubiligi yambwiraga ati abanyarwanda muracyafite ibibazo. Nti ndabizi niyo mpamvu nanjye mvuga ku bwiyunge nyakuri. Ikiganiro kirangiye umubiligi ataha anezerewe, umuvandimwe wacu w’umunyarwanda yisigariye mu rugo, wenda yireberaga kuri internet aho indagu z’umupfumu yemera zigeze zisohora… Ararengana ariko si we wenyine, abantu nyine benshi bamenyereye ko ubwiyunge buvugwa gusa n’abanyepolitiki bo mu mashyaka. Bati ntibishoboka ko hari undi muntu wabuvuga. Ntibarabyumva! Baribeshya.

Ku banyepolitiki nabo, demokarasi irebana n’ubutegetsi gusa! Abari mu mashyirahamwe iyo babonye ko akarengane ari kenshi, bamwe bajya mu mashyaka ariko ugasanga ibyo bashakaga guhindura birabananiye, bagakora ibyo batemera. Bakaba barayobotse, kandi nta gitugu, nta terabwoba bashyizweho. Bakareka ibyo bemeraga, bagakora ibyo batemera. Ntibanagire ubutwari bwo kwegura ngo barebe igitumye badashoboye guhindura ibyo barwanyaga. Ugasanga bavuga ngo « ntawe ukinira politiki hanze y’ikibuga »! Nyamara bamwe bagera aho « bagaterwa ishoti », bagahabwa ikarita itukura maze bakirukanwa, cyangwa bakicazwa ku ntebe y’abasimbura (banc des réservistes)! Urubuga rwa politiki rugahinduka ikibuga cy’umupira w’amaguru! Ku ngoma zose zabayeho mu Rwanda, abanyepolitiki beguye ku butegetsi babarirwa ku mitwe y’intoki. Nyamara abaguma muri ubwo butegetsi ntibavuga ko ari impamvu y’uko ubumwe na demokarasi biba biganje, mugihe abanyarwanda ibihumbi n’ibihumbi baba buzuye i Shyanga. Kuki kuva kera abanyepolitiki bo mu mashyaka batigeze bashobora kuyobora igihugu kirimo abanyarwanda bose? Kandi hakabura n’umwe wegura kubera iyo mpamvu. Muzansobanurire.

Iyo abanyepolitiki bo mu mashyaka rero bagiye mu mishyikirano yo « kugabana ubutegetsi » (aho kubusangira), ntibatumira amashyirahamwe n’amadini, barayaheza bakayima ijambo kuko bayafungiraho imiryango, nkaho atagira uruhare mu kwubaka demokarasi. Ntibanabemerere kuba indorerezi (observateurs). Kandi imyigaragambyo baba barabajyanyemo ari yo iba yaratumye iyo mishyikirano ishobora kuba. Ariko se kuki abayobozi b’ayo mashyirahamwe n’amadini bo batabisaba? Umenya ari uko baba badashyize hamwe. Ni uko muri izo nama hakigwa ibibazo birebana n’uburenganzira bw’ikiremwamuntu, ubutabera, ubwiyunge, ukwishyira ukizana kw’itangazamakuru,… abo bayobozi maze kuvuga badahari kandi imiryango bahagarariye ari yo irengera ayo mahame ya demokarasi buri munsi. Byatera kabili ariko ba banyepolitiki bakwongera bagashwana, ibyari umukino wa politiki bigahindukamo imirwano. Ni uko bagasohoka muri cya kibuga cyabo, bakajya guteranya ba baturage bo mu mashyirahamwe n’amadini banze ko bafatanya mu mishyikirano, ngo nabo nibasubiranemo kandi ntaho baba babogamiye kuko politiki atariyo nshingano yabo, nkaho bababwiye ngo babakize maze babafashe kwiyunga. Ahubwo bagatabaza abanyamahanga babahaye ya mafranga y’ingurane y’amashyaka yabo. Bakaba ari bo bizera ngo ntibafite aho babogamiye kuko atari abahutu, atari abatutsi ntibabe n’abatwa… Nkaho baba ari inshuti kurusha abanyarwanda benewabo. Ni byo se koko? Niba nta cyizere bagirira abo banyarwanda se, abandi bo bazakibagirira bate? Bakanga gukinira politiki hanze y’ikibuga, nyuma bakaba ari ho bajya kurwanira bamaze kunanirwa kwumvikana, kuko basohoka muri icyo kibuga nyine. Kuki batakigumamo? Abaturage nabo bakemera kwivanga mu byo batazi, bibagiwe ko aho inzovu zirwaniye nta byatsi bihamera. Abarwanashyaka bakaba nk’abafana b’amakipe y’umupira. Ni akaga!

Ni uko byagenze mu mishyikirano yari igamije gucyura impunzi no kugabana ubutegetsi yabereye i Arusha muri Tanzaniya na nyuma yaho. Munyumve neza, ntabwo mvuze ko ari cyo cyatumye ayo masezerano adashyirwa mu bikorwa uko byagombaga. Reka twizere ko ibyo bitazongera.

Aho kujya mu mashyaka ugahindura imvugo wavugaga ukiri mw’ishyirahamwe, kuki utaguma aho uri ugashaka uburyo wakorerayo indi politiki udahinduye ibitekerezo byawe byiza kandi wemera? Aho kuguma mu butegetsi ukora politiki utemera, wibabariza umutima kandi ubeshya abo mukorana iyo politiki ndetse utaretse rubanda, kuki utakwegura ngo ujye gushaka impamvu yatumye bikunanira guhindura iyo politiki? Mu ituze n’ubwigenge. Ngo ntibishoka gukorera politiki mu mashyirahamwe. Ibyo nanjye ndabyemera iyo ari politiki igamije ubutegetsi. Ariko iyo ari politiki iharanira ubumwe, amahoro, ubutabera n’ubwiyunge, BIRASHOBOKA. Niyo mpamvu muri uyu mushinga nshyigikiye ko amashyirahamwe n’amadini akwiye kwishyira hamwe, mu muryango umwe wa société civile uhagarariye abayoboke bayo, kugirango agere kuri iyo ntego. Nk’uko amashyaka abigenza muli politiki iharanira ubutegetsi.

Hari igihe kigera ingoma zigahindura imirishyo. Imirishyo gusa! Iyo zimaze guhindura iyo mirishyo cyangwa iyo abanyepolitiki basezerewe, abarwanya ubutegetsi bashyira mu majwi bamwe mu banyepolitiki bakavuga ko ari bo ba nyirabayazana b’ibibazo byose, kandi bamwe muri bo baba barafatanyije gushyiraho ubwo butegetsi barwanya, ariko ntibemere uruhare rwabo muri ibyo bibazo. Nyamara umwe muri abo bita nyirabayazana nawe iyo agiranye ibibazo n’ubutegetsi, arahindukira akabasanga, babandi bakamwakirana urukundo n’urugwiro. Bati urakaza neza urisanga! Ngo « igitego turagitsinze ». Nshampanye (champagnes) zigaturika! Nk’amasasu! Abaturanyi batazi ibibaye bakagirango intambara y’abanyarwanda irubuye. Ba banyarwanda bahoze bashyamiranye bakagira ubumwe. Abarwanashyaka nabo ibyishimo bikabataha. Ni n’uko bigenda iyo abarwanyaga ubutegetsi buriho bahindukiye bakajya kubukorera. Kabone n’iyo abo bahindura izo mpande zombi za politiki bitwa ba « ruharwa »! Ababakiriye bagira bati: «umuntu wese yitwa umwere igihe cyose urukiko rutaramuhamya icyaha ». Iryo hame ni ryo koko, nanjye ndaryemera. Ariko iryo hame ntibaryubahiriza kubo barwanya, kandi amahame y’amategeko agomba kwubahirizwa ku bantu bose nyine. Ni uko bakarega abandi ibyo nabo ubwabo bakora. Nyamara baba bazi ko izo nkiko nta bwigenge buhagije zifite! Iyo ni imwe mu mpamvu abantu bavuga ko abo banyepolitiki baba bagamije kubona imyanya mu butegetsi gusa. Bakagira bati icyo abanyepolitiki bapfa ni nacyo bapfana: ni ubutegetsi. Ibyo biri mu bituma abantu bamwe batifuza gukora politiki. Bagata cya cyizere.

Mu mashyirahamwe no mu madini, ho harimo abantu b’ingeri zose: abari mu mashyaka n’abatayabamo, ariko ntibagomba gukora ibikorwa bya politiki bigamije kugera ku butegetsi. Ibyo bihariwe amashyaka. Abihaye Imana bo ntibyemewe ko baba mu mashyaka. Ariko ugasanga bamwe muri bo (bacye cyane) bagiye mw’ishyaka rya politiki runaka, bakabona n’imyanya ikomeye, kandi batagomba kugira aho babogamira muri politiki. Ndabaretse mwifindurire urugero rumwe ruzwi cyane rwigeze kubaho.

Amashyaka iyo ashaka kujya ku butegetsi rero, yiyambaza abagize ayo mashyirahamwe ndetse n’amadini, abajyana mu myigaragambyo nkuko nabivuze, ngo nibabafashe « guhirika » ubutegetsi buriho, aho kubafasha kubusangira. Intebe y’ubutegetsi se ko ari imwe, uyihiritse wowe wazicara ku yihe? Nawe uti « nayegura ». Nanjye nti « niba yavunitse se? » Iyo ntebe ihora igwa se yaramba? Bakibagirwa ko udashobora guhirika ubutegetsi udahiritse n’abaturage babushyigikiye, bamwe uba ushaka kurengera, nkaho ibyabaye mu bihe byashize tuba twaranyuzemo nta somo byabasigiye. Wenda biterwa n’akababaro kabo ariko ntikagombye kubibagiza ak’abandi. Nyamara nabo bamara kugera kuri ubwo butegetsi bagakora ibyo barwanyaga ndetse bagasuzugura babandi babafashije kubugeraho, ariko byabakomerana bakongera kubitabaza! Bati dukeneye amajwi: « nimudutore ». Bakabatora mu bandi banyarwanda, bakabashyira ku butegetsi, babugeraho bo bakabata mu rwobo, nkaho ari cyo babatoreye. Bakabita « inyangarwanda » kuko banga akarengane. Inyiturano y’abanyepolitiki bacu ikaba iyo! Bitera agahinda. Umuntu avuze ko amashyirahamwe rimwe na rimwe akorera abanyepolitiki kurusha uko yikorera yaba abeshye? Umenya ari nayo mpamvu abayoboke bayo bahutazwa n’abanyepolitiki igihe babishakiye cyose. Ubwo se ayo mashyirahamwe aba yigenga koko? Ni uko abaturage bagahozwa mu mihanda. Bazahora mu mihanda kugeza ryari? Kuki bashobora kwishyira hamwe bafasha abanyamashyaka kugera ku butegetsi, bo ntibashobore kwishyira hamwe ngo bifashe kugera ku buyobozi maze babone ingufu zo kwirengera kandi babona abanyepolitiki batabikora? Icyo kibazo sindakibonera igisubizo.

Byumvikane neza ko ibyo navuze byose ku banyepolitiki atari bose babikora, ariko abakora ayo makosa bagayisha abandi bose cyane amashyaka yabo. Bigatuma abanyarwanda batayagirira icyizere. Bazakosora bate ayo makosa?

Bamwe no mu bahanga mu bumenyi bw’amadini nabo ntibemera ko amategeko y’Imana yerekeranye n’imbabazi n’ubwiyunge ashobora gushyirwa mu mategeko y’igihugu, agahindura imikorere y’ubutabera, kandi ari bo ba mbere bagombye kubishyigikira. Ni ukuvuga amategeko-nyobozi y’ubwiyunge nkuko mbisobanura muri uyu mushinga. Hari abo nabibwiye barisetsa cyane kandi nyamara hari abandi babishyigikiye. Ngo « ntibishoboka wowe uri kurota ». Ibyo gusa. Kuko batabyemera. Bakambwira ko bidashoboka ariko ntibambwire impamvu. Bakibagirwa ko n’amwe mu mategeko dusanganywe akomoka mu bitabo bitagatifu (Ntuzice, ntuzibe, ntuzabeshye cyangwa ngo ubeshyere abandi,…), ahubwo ko hari ayo twibagiwe. Abo nabo nta cyizere bigirira ubwabo ko bashobora gukoresha amategeko y’Imana kugirango barwanye akarengane. Umenya ariko bo bataragira ukwemera mu ndagu… Namwe muti: ibyo nta handi byabaye. Nanjye nti: nta handi byabaye kuko nta bandi bantu bari bwabivuge. Natwe tubivuge kandi tubikore. Kuki bitaba iwacu bwa mbere abandi nabo bakazatureberaho ? Kuki tugomba kurebera ku bandi gusa? Ku rundi ruhande se, ibyabaye iwacu i Rwanda hari ahandi byabaye? Mwigeze mutekereza ko ariya mahano yabaye iwacu yashoboraga kuba? Kuki se tutakwubaka amahoro ahabereye amahano? Abantu dushobora gukora ibibi kimwe n’uko dushobora gukora ibyiza.

Abanyarwanda nitureke kureba gusa ingero z’abandi twigana ibyo bakoze, kandi bimwe bitajyanye n’umuco wacu. Tureke urwiganwa, tugire ubutwari bwo guhimba ibyacu. Ibyo ni byo biranga ubwigenge. Ngo ingendo y’undi iravuna. Kandi yaratuvunnye koko. Abanyarwanda natwe dushobora kuba intangarugero mu byiza. Ibyo BIRASHOBOKA. Kuko hari ukundi byagenda. Umuririmbyi Nana Mouskouri ni we wagize ati « tout arrive quand on y croit, l’impossible n’existe pas » ; bivuze ngo « ibintu byose bigera aho bikaba iyo umuntu abyemera, kudashoboka ntibibaho ».

Twumve iyi mpanuro ya Byumvuhore Yohani Batista

3. Umwanzuro

Kimwe n’uko nta mubyeyi wanga uwo yabyaye, n’iyo yaba yaramuhemukiye (yaracumuye) aramubabarira; Urwanda narwo nta munyarwanda rwanga, habe n’umwe. Nkuko burya nta mwana wanga umubyeyi we, nta n’umunyarwanda wanga Urwatubyaye. Abavandimwe nabo barakundana, urukundo rwabo rugahoraho, kabone n’iyo bagiranye ikibazo. Ikibigaragaza ni uko iyo ushatse kubakiza ushobora kubigwamo, kuko bagera aho bakikiza ubwabo, cyangwa bagakizwa n’umuvandimwe wabo. Aka wa mugani ngo « iyo abavandimwe bavumbitse akarenge ukuramo akawe ». Ku banyarwanda rero nabyo ni kimwe, dufitanye urukundo rushobora gutuma twacyemura ibibazo byacu ubwacu, tukabana neza mu gihugu cyacu twese. Ukwemera kwanjye, ni uko ibyo tuzabigeraho.

Ku byerekeranye na demokarasi, kugirango habeho uburinganire bw’ingufu z’amashyaka n’iz’amashyirahamwe n’amadini, hakwiye gukorwa ibi ibikurikira:

  • Bikwiye kwumvikana neza ko demokarasi atari umwihariko w’amashyaka.
  • Abanyarwanda dukwiye kwemera ko igihe cyose twabayeho muri demokarasi y’amashyaka yonyine cyari nk’igihe cyo kuyigerageza (essai), tukaba tumaze kubona ko itadukwiriye. Ahubwo ko abanyarwanda twese dufite uruhare mu kwubaka iyo demokarasi, ari abari mu mashyaka n’abatayarimo. Icyo ni cyo kintu cya mbere gikomeye.
  • Twavanamo uwo mwenda mushya twigeraga, tukwongera kwambara wa mwenda twari dufite mbere – nubwo utaberanye n’igihe tugezemo – tukawumarana igihe gito cyane, noneho tugashaka umudozi w’umuhanga kabuhariwe kandi w’umunyarwanda. Abanyarwanda twese twamara kwumvikana umwambaro dushaka uko waba umeze, tukawumushyira, akawushona neza, tukamwishyura, akawuduha noneho tukawambara tukaberwa. Kuko waba udukwiriye. Birumvikana nyine ko uwo mudozi twamuha ibipimo (mesures) nyabyo bihwanye n’uko buri wese angana! Buri wese akawushonesha uko ashaka! Kandi ibyo birasaba ko abanyarwanda twese twaba turi kumwe. Ni ukuvuga mu Urwatubyaye.
  • Wa mwenda wa cyera tukawuvanamo, ntituwujugunye ahubwo tukawubika neza kugirango tujye twibuka uko abanyarwanda twambaraga kera. Ukaba urwibutso rw’amateka! Tugasubizamo wa mwambaro mushya udukwiriye.
  • Uwo mwambaro mushya wagombye kuzaranga abanyarwanda bose. Kugirango ibyo bishoboke, ni ngombwa ko wazagira ibara rimwe gusa ariko hakazabaho imideri (modèles) myinshi (amashyaka) uko abantu babishaka. Abantu bashobora kugira umuderi umwe bahuriyeho. Iryo bara rimwe niwo wa muryango w’amashyirahamwe n’amadini wahuza abanyarwanda bose mu mahoro, ugaharanira ubumwe, ubutabera n’ubwiyunge.
  • Uwo muryango wagombye kuzagarurira abanyarwanda icyizere muri bo ubwabo no mu mashyaka ya politiki, bakemera ko bashobora guhindura ibitagenda, kugirango dushobore kubana neza. BIRASHOBOKA igasimbura « ntibishoboka ».

Demokarasi irahenda koko!

Umuyobozi w’Umushinga w’Ubwiyunge Nyakuri 

Umushinga wigenga utabogamiye kuri politiki y’amashyaka