Dans le langage courant sur le pardon, on s’adresse souvent plus aux victimes en leur demandant de pardonner et on oublie de recommander aussi aux offenseurs de demander pardon.
Mais, l’enseignement de Jean Monbourquette, auteur de plusieurs livres sur le pardon, est original dans ce sens qu’il s’adresse aux victimes d’une offense en leur apprenant comment il faut pardonner mais aussi à toute personne qui a causé des torts à autrui. En 2004, Jean Monbourquette et Isabelle d’Aspremont ont publié, aux éditions Novalis à Ottawa (Canada), le livre intitulé: Demander pardon sans s’humilier? A la dernière page de sa couverture, il est écrit:
« Qui n’a pas, un jour ou l’autre, éprouvé le besoin de demander pardon, sans pouvoir se décider à le faire? Faute de savoir s’y prendre, ou par peur de l’accueil que la personne offensée réservera à notre demande. Ou parce que reconnaître ses torts s’oppose aux valeurs de compétition et d’affirmation de soi véhiculées dans notre société.
Demander pardon, c’est possible, affirment Jean Monbourquette et Isabelle d’Aspremont dans le premier ouvrage à aborder ce sujet. Ils nous convient à une démarche libératrice, qui peut être une extraordinaire occasion de développement personnel, que la personne offensée accepte ou non de pardonner ».
Dans la deuxième partie du livre, les auteurs analysent de la manière suivante la démarche ou les étapes de la demande de pardon individuel.
Le travail intérieur pour demander pardon
1. S’éveiller à sa responsabilité morale. Les motifs suivants peuvent pousser à demander pardon.
- la motivation au niveau de la survie: éviter la punition.
- la motivation au stade de la déculpabilisation de soi par l’aveu: réduire l’angoisse d’avoir été pris en faute
- la motivation au stade du devoir: obéir aux règlements et aux lois de la société
- la motivation au stade de l’interdépendance: prendre conscience du mal fait à autrui
- la motivation au stade de la sagesse: souffrir du mal dans le monde et chercher à l’éliminer
2. Reconnaître ses états d’âme, les distinguer afin de bien les gérer: la honte, le sentiment sain et malsain de culpabilité, les remords, le regret et le repentir.
3. « Le repentir de l’être » et la réintégration de ses ombres
4. Se pardonner soi-même parce qu’on est digne de pardon. Se savoir et se sentir digne de pardon.
5. Qu’en est-il d’une faute secrète, inconnue de l’offensé? Le besoin de confesser ses fautes ou l’incapacité de révéler celles-ci. Plusieurs raisons peuvent amener quelqu’un à devoir ou non révéler ses méfaits ou ses crimes secrets.
La démarche concrète de la demande de pardon à l’offensé
6. L’aveu: faute avouée est à demi-pardonnée
7. Demander pardon. Comment? Les diverses façons de demander pardon:
- demander pardon directement à la personne offensée
- avouer sa faute équivaut souvent à une demande de pardon
- se limiter à l’objet du pardon au lieu de s’accabler de reproches
- demander pardon d’une façon affirmative
- demander pardon par écrit
- demander pardon par personne interposée
- demander pardon en faisant un geste amical ou en offrant un cadeau
- demander pardon en silence
- demander pardon à une personne décédée
8. Pardon, réconciliation, refus de pardon. La réconciliation ne suit pas nécessairement le pardon mais la réconciliation authentique entre l’offenseur et l’offensé requiert que les deux acceptent de grandir. Le refus de pardonner peut avoir diverses motifs et conséquences. L’offenseur et l’offensé sont liés par une histoire commune.
9. Célébrer sa demande de pardon sans s’humilier.
Il faut noter que ce livre fait aussi référence aux programmes de justice réparatrice, une nouvelle forme de justice qui permet la réconciliation entre la victime et le délinquant. Une justice défendue par le programme du Projet-DVJP et qui est d’ailleurs également recommandée par l’Organisation des Nations Unies (ONU).
La rédaction du Projet-DVJP