Daily Archives: mai 20, 2017

France: « Pour les élections législatives, la société civile au secours de la politique »

Source de l’article (repris intégralement): Pour les élections législatives, la société civile au secours de la politique (La Croix)
[PÈLERIN] Pour les législatives, des mouvements politiques comme ceux d’Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon font une large place aux candidats issus de la société civile. Coup de jeune ou coup de pub ? Le magazine « Pèlerin » analyse la situation.

Des candidats aux élections législatives de juin 2017 pour La France insoumise réunis à Villejuif, le 13 mai 2017.

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Des candidats aux élections législatives de juin 2017 pour La France insoumise réunis à Villejuif, le 13 mai 2017. / PHILIPPE LOPEZ/AFP

Article publié dans Pèlerin n° 7016

Un attroupement sur le trottoir, des cartables à la main, du stress et des sourires… Ce samedi 13 mai, le musée parisien du quai Branly-Jacques-Chirac ressemble à une école un jour de rentrée. Dans le rôle des élèves, 428 candidats aux élections législatives (1) investis par le mouvement La République en marche convoqués pour un séminaire.

Dans l’amphithéâtre, Cédric Villani, mathématicien et lauréat de la prestigieuse médaille Fields, Mireille Robert, institutrice, Marion Buchet, pilote de chasse ayant servi en Syrie. Leur point commun ? Être issus de la société civile et n’avoir jamais exercé de mandat politique. 52 % des candidats de La République en marche sont dans ce cas. Même si certains « petits nouveaux » sont pourtant loin d’être des néophytes en politique, à l’image de Benjamin Griveaux, porte-parole d’Emmanuel Macron ou d’Aurore Bergé, ex-collaboratrice d’Alain Juppé.

À lire : Les « marcheurs » à l’assaut des circonscriptions

L’Assemblée nationale, pas vraiment représentative des Français

C’était une promesse du désormais plus jeune président de la Ve République mais aussi un point central du programme de Jean-Luc Mélenchon, durant la campagne présidentielle : injecter au gouvernement et à l’Assemblée nationale du sang neuf à un monde politique sclérosé. « Les électeurs n’en peuvent plus de ces hommes et femmes qui ont fait de la politique un métier », note Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre et député européenne, auteure du livre Tous président ! (2). Elle l’a constaté, de l’intérieur : « À force de fonctionner en professionnels de la politique, on se déconnecte de la réalité et on n’agit plus. Ou mal. »

Le sociologue Albert Ogien, spécialiste des nouvelles formes de démocratie, complète : « Les électeurs ne se sentent plus représentés, parce que l’Assemblée nationale ne leur ressemble pas. » De fait, parmi les parlementaires, il y a des avocats, quelques agriculteurs, beaucoup de cadres supérieurs, mais peu d’ouvriers, alors que ces derniers sont encore plus de six millions en France. Même couac du côté de la parité : seules 27 % des députés sont des femmes, quand celles-ci comptent pour 48 % au sein de la société française. Et cela ne va pas mieux si l’on examine l’âge moyen de nos parlementaires : 60 ans, contre 42 ans pour l’ensemble des Français.

À lire : Politique, la parité s’arrête aux portes du pouvoir

Partager le quotidien des millions de Français

Qu’apporte la société civile ? Des Français mieux représentés. Et puis, de « l’expérience », explique Pierre Polier, 40 ans, candidat aux législatives en Indre-et-Loire pour 577-Les indépendants de la droite et du centre, le mouvement lancé par le député-maire (divers droite) de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin. « En tant que chef d’entreprise, je connais la réalité du monde du travail, ses atouts, ce qu’il faudrait améliorer », note Pierre Polier.

« Je suis issue de la ruralité, travaille auprès de personnes handicapées et d’associations, précise, à Agen, Céline Boussié, candidate pour La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Je partage le même quotidien difficile que des millions de Français. Là est ma légitimité. »

S’improviser homme ou femme politique

Mais une institutrice ou un entrepreneur peuvent-ils s’improviser député ? « Il faut des compétences, quand même… » s’interroge, perplexe, Marie, une touriste de passage devant le quai Branly. « La politique est un métier qui exige d’aborder des sujets parfois très techniques. Mais franchement, personne, pas même un énarque, ne possède un savoir omniscient », reconnaît Corinne Lepage. « Aucun candidat ne se lance en politique à la légère, précise, pas du tout inquiète, Céline Boussié, l’insoumise. Je maîtriserai mes dossiers à force de travail. »

Le mouvement a d’ores et déjà mis en place des ateliers thématiques, pour accompagner les candidats, dont 63 % sont issus de cette fameuse société civile. « Je ne serai pas seule », précise-t-elle, rejointe par Pierre Polier qui, lui aussi, croit à la vertu du collaboratif pour s’aguerrir.

Le risque de créer une nouvelle forme d’élite

« Il y a toujours eu des parlementaires et des ministres issus de la société civile », rappelle Albert Ogien. René Monory débuta comme garagiste, Pierre Bérégovoy avait un CAP d’ajusteur, Claudie Haigneré était rhumatologue et astronaute, David Douillet champion de judo. « Chacun jugera de leur réussite ou pas, remarque Albert Ogien. Reste que cette société civile apparaît depuis quelques années comme un contre-pouvoir nécessaire. »

« Le temps où les électeurs réclamaient du sang neuf mais votaient toujours pour les mêmes apparatchiks par sécurité me semble révolu », espère Corinne Lepage. De là à y trouver la recette miracle pour réconcilier les Français et leurs gouvernants… Encore faudra-t-il veiller à ne pas créer une nouvelle forme d’élite – les mécanismes de participation citoyenne attirent souvent un public éduqué et aisé. Le renouvellement, c’est maintenant ?

La moitié des 22 ministres et secrétaires d’Etat français proviennent de la société civile

Source de l’article (repris intégralement): Premier Conseil des ministres: discours de la méthode et priorités (La Croix)

Le président Emmanuel Macron et le nouveau gouvernement réunis à l'Elysée après le premier Conseil des ministres du quinquennat, le 18 mai 2017 / POOL/AFP

Le président Emmanuel Macron et le nouveau gouvernement réunis à l’Elysée après le premier Conseil des ministres du quinquennat, le 18 mai 2017 / POOL/AFP

Sur la forme, ce sera « solidarité, « collégialité » et « confidentialité », sur le fond, priorité est donnée à la réforme du travail : Emmanuel Macron a délivré jeudi son discours de la méthode et fixé le cap de l’exécutif, lors du premier Conseil des ministres de son quinquennat.

Visiblement soucieux d’éviter les couacs qui avaient plombé les premières années de l’ère Hollande, le nouveau chef de l’Etat a mis les points sur les i devant une équipe de 22 ministres et secrétaires d’Etat dont la moitié proviennent de la société civile.

Le président Emmanuel Macron (2e d) face à son Premier ministre Edouard Philippe, lors du premier Conseil des ministres avec les membres du gouvernement, le 18 mai 2017 à l'Elysée, à Paris / POOL/AFP

Le président Emmanuel Macron (2e d) face à son Premier ministre Edouard Philippe, lors du premier Conseil des ministres avec les membres du gouvernement, le 18 mai 2017 à l’Elysée, à Paris / POOL/AFP

Parmi les « règles de bon fonctionnement » du nouvel exécutif, a-t-il souligné, figurent « d’abord la solidarité nécessaire entre tous les membres du gouvernement » ainsi qu’un « travail collégial ».

Selon le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, Emmanuel Macron a souligné aussi que son rôle serait de « fixer la stratégie », de « donner un cap, un sens » et de préserver « les équilibres de nos institutions ».

Le gouvernement Macron / AFP

Le gouvernement Macron / AFP

« J’en suis le garant et, là-dessus, je serai intraitable », a souligné le président, « le long terme est à l’Elysée, les arbitrages quotidiens ou de moyen terme sont faits à Matignon ».

« Quand une chose est tranchée dans le cadre de la collégialité, elle doit devenir la règle et elle appelle la solidarité collective », a insisté Emmanuel Macron qui, ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée sous le quinquennat Hollande, était aux premières loges pour mesurer les effets des cafouillages gouvernementaux.

Mais la première chose, a-t-il ajouté, toujours cité par le porte-parole, c’est l’ »exigence d’une fidélité totale » du Premier ministre au président de la République.

Bruno Le Maire, nouveau ministre de l'Economie, le 17 mai 2017 à Paris / AFP

Bruno Le Maire, nouveau ministre de l’Economie, le 17 mai 2017 à Paris / AFP

La volonté de maîtriser l’expression de l’exécutif conjuguée à la fermeture inhabituelle de la cour d’honneur de l’Elysée à l’issue de ce premier Conseil des ministres a cependant suscité quelque inquiétude dans les rangs de la presse.

Le président Macron ne veut pas « verrouiller sa com’ » mais exige des ministres « confidentialité » et « discipline », a assuré Christophe Castaner, invoquant des « raisons pratiques », en l’espèce l’organisation de la traditionnelle photo de famille du gouvernement dans le vestibule du palais présidentiel et non dans les jardins en raison d’une météo capricieuse.

Quant à la « feuille de route du gouvernement », elle compte plusieurs priorités, toujours selon Christophe Castaner : « la réforme du droit du travail qui doit être lancée très vite », la préparation de la rentrée scolaire et universitaire, le budget 2018 et la loi de moralisation de la vie publique qui sera présentée au conseil des ministres « avant les élections législatives ».

- ‘Bâti pour durer’ -

Le porte-parole a évoqué aussi « la réforme du renseignement » et « la simplification de la vie administrative avec le droit à l’erreur » face à l’administration, l’un des points saillants du programme d’Emmanuel Macron.

Onze ministres ou secrétaires d'Etat de la société civile / AFP

Onze ministres ou secrétaires d’Etat de la société civile / AFP

Autre confirmation, la nouvelle administration Macron va s’inspirer du « spoil system » américain pour renouveler en partie les directeurs des administrations centrales. Ils seront « l’objet d’un examen, d’un renouvellement ou d’un changement (…) dans les semaines qui viennent », a spécifié le porte-parole du gouvernement, réfutant toutefois toute volonté de « chasse aux sorcières ».

Première manifestation concrète du principe de solidarité : tous les membre du gouvernement, y compris les deux ministres Les Républicains Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, devront « soutenir les candidats de la majorité présidentielle » lors des élections législatives des 11 et 18 juin, a prévenu Christophe Castaner.

« Les ministres sont des militants de la majorité présidentielle, ils ne sont plus les militants de tel ou tel parti politique », a-t-il martelé.

Le gouvernement est « bâti pour durer » au-delà des législatives, a assuré pour sa part Edouard Philippe, qui entend « bien sûr » s’impliquer dans cette bataille électorale pour « donner au président de la République la majorité dont il a besoin ».

M. Philippe a par ailleurs confirmé la nomination d’un médiateur dans le dossier de Notre-Dame-des-Landes et promis d’aller « beaucoup plus loin » dans le texte sur la moralisation de la vie publique attendu avant les législatives, précisant toutefois préférer « les règles claires plutôt que l’inquisition ».

Christophe Castaner l’a toutefois proclamé, interrogé sur la nomination de Nicolas Hulot comme ministre de la Transition écologique et les éventuels préalables qu’il aurait pu poser : un « ministre ne pose pas de conditions » à sa nomination. Il devra « appliquer la feuille de route » fixée par le président.