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Conférence du Père Jean-Baptiste Duong sur le pardon

Comme certaines personnes qui s’intéressent et font des recherches sur le thème du pardon, le Père Jean-Baptiste peut être considéré aussi comme un spécialiste dans ce domaine. Je vous propose, en guise d’introduction, un extrait de la conférence qu’il a animée probablement en 2004 et qui contribue à promouvoir le pardon et la réconciliation. Son message reste toujours d’actualité !  

1. Pourquoi pardonner ?

  • Pour surmonter la peine quand nous sommes blessés.
  • Pour trouver la paix quand la haine et le désir de vengeance nous habitent.
  • Nous pourrions blesser quelqu’un sans faire exprès. (Annexe : exemples 1 et 2)
  • Nous avons fait aussi des erreurs regrettables ou condamnables, et qui nous marquent pour la vie.
  • Nous pouvons être traumatisés par une blessure d’enfance que nous ignorons et qui nous empêche de faire quelque chose (annexe : exemple 3) ou supporter quelqu’un qui reflète, sans que nous sachions, notre propre faiblesse.

2. Différentes formes du pardon - Pardonner à ceux qui nous demandent le pardon

  • Dans la vie du couple, entre amis
  • En famille

- Pardonner aux méchants qui ne demandent rien parce qu’ils sont « mauvais », ou bien parce qu’ils sont « amoraux » (Annexe : exemple 4)

  • Le méchant n’est-il pas le bouc émissaire de tout ce que nous ne pouvons supporter ? Ou pour exorciser la haine qui nous tenaille ?

- Pardonner à soi-même.

  • La chose la plus difficile.  » Ma faute est toujours devant moi . » (Psaume 50)

3. Ce qu’est le pardon

- Le pardon n’est pas l’excuse. « L’excuse, pour être juste, doit s’appliquer à un mal reconnu comme non volontaire : on ne pardonne pas à quelqu’un qui vous a marché sur les pieds par inadvertance, on l’excuse … Dans le cas de la demande du pardon, on se situe nécessairement dans le champs des actes volontaires reconnus comme tels par leur auteur » (J.M. Gueullette : Fêtes et Saisons p. 18). Dans le pardon, il y a reconnaissance de la responsabilité de l’offenseur, et la volonté libre de l’offensé. 

- Le pardon ne justifie pas l’autre, mais moi-même. Je ne te dis pas que tu n’as pas eu tort, mais je reconnais que j’ai pu aussi avoir tort, que je serai toujours capable de commettre des erreurs et que j’aurai toujours besoin du pardon des autres et du pardon de Dieu me rendra « juste ».  Sachant que le terme biblique de « justice », signifie surtout « être justifié par Dieu ». Le « juste » est celui qui vit en conformité avec un projet de Dieu sur lui. Job est un homme juste. Joseph est un homme juste. 

- Le pardon n’est pas l’oubli. Pourquoi pardonner si on a oublié ce qui s’est passé. La qualité d’un don (un cadeau) est dans l’intention de celui qui offre. La valeur du pardon se mesure à la gravité de la faute. Quand on a oublié la faute, comme si elle n’existait plus, où serait-il donc le pardon ? Quoi pardonner ? 

- Le pardon n’est pas effacement de la faute, mais son dépassement. On ne pardonne pas la faute, on pardonne à la personne. « Je t’aime plus que ta faute, je t’aime au-delà de ta faute . »

- Le pardon demande du temps (un temps de désir : la parabole de l’enfant prodigue, par rapport aux deux autres paraboles : brebis égarée et pièce perdue).

4. Pardon et réconciliation

- Le vrai pardon doit aboutir à la réconciliation. Puisque le pardon n’est pas l’oubli, mais le dépassement de la faute pour retrouver la personne, il s’agit donc d’une rencontre et cela exige la « réconciliation.» (Va te présenter au prêtre… ce sera un témoignage)

- Etre en paix avec soi-même. Cela suppose « un désir » d’être en paix avec les autres « Si votre justice n’est que la justice des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mat 5,20)

- Le pardon restera comme une « pénitence pénible », alors que la réconciliation est une « béatitude » : « Heureux les artisans de paix » 

Notre réflexion s’oriente vers cette béatitude de libération.

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* Pour lire tout le texte de la conférence du Père Jean-Baptiste, cliquer ici

Suivons le Guide ! 

Pardon, Seigneur, Pardon

Seigneur, j’accueille ton pardon

Seigneur, j’accueille ton pardon

Donne-moi la force de vivre dans l’amour

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Je viens vers toi

Tu me connais

Tu sais de quoi chacun est fait

C’est près de toi

Qu’on devient vrai

Heureux le cœur qui sait aimer

Je viens vers toi

Tu me connais

Je viens te dire mon regret

C’est avec toi

Qu’on peut changer

Heureux le cœur qui fait la paix

Je viens vers toi

Je te connais

Tu es plus grand que mon péché

C’est bien de toi

Que vient la joie

Heureux le cœur réconcilié

Les évêques africains rejettent le néocolonialisme

Les évêques d’Afrique et de Madagascar disent non au néocolonialisme et à l’esclavagisme idéologique. Dans une déclaration conjointe, ils plaident en faveur du développement de l’Afrique, fondé sur un respect authentique.

Adopté en juin dernier à Accra, lors d’une réunion préparatoire au synode ordinaire sur la famille qui s’ouvrira le 4 octobre prochain au Vatican, ce texte signé par 45 prélats africains dont dix cardinaux, vient d’être publié à quelques jours de l’ouverture le 25 septembre à New York d’un sommet des chefs d’Etat devant adopter un plan mondial de développement courant jusqu’en 2030.

Lire la suite.

Source: Cathobel

 

 

 

Nana Mouskouri, Tout arrive quand on y croit …

 

Tout arrive quand on y croit, l’impossible n’existe pas, dit Nana Mouskouri. Ce Projet pour la réconciliation s’appuie aussi sur ce principe. En effet,un droit-guide de la réconciliation pour la paix, qui fait l’objet de son plaidoyer, ne peut être  possible que pour ceux qui croient en la puissance du pardon, alors qu’il peut paraître impossible pour ceux qui doutent encore de son pouvoir.

Tout arrive quand on y croit; l’impossible n’existe pas                                               L’âge tendre ne revient pas; sans attendre, va devant toi

Loin, loin où le vent t’emmène; va loin où bon te semblera                                         Loin, loin pour chaque jour de peine; il y a cent mille jours de joie

Cours le monde et puis bats-toi; à la longue tu gagneras                                            Joue ta chance elle t’appartient; aie confiance tu iras loin

Loin, loin où le vent t’emmène; va loin où bon te semblera                                         Loin, loin pour chaque jour de peine; il y a cent mille jours de joie

Loin, loin où le vent t’emmène; va loin où bon te semblera                                         Loin, loin le vent dès qu’on t’emmène; alors fais-en le tour sans moi

Loin, loin où le vent t’emmène; ce soir, mon enfant tu t’en vas                                  Loin, loin mais au bout de la plaine; un jour, un homme reviendra

Loin, loin où le vent t’emmène; ce soir, mon enfant tu t’en vas                                   Loin, loin mais au bout de la plaine; un jour, un homme reviendra

Suivons le Guide !

Nitwibohore ingoyi y’ingengabitekerezo z’amoko ya politiki.

Ikibazo cy’amoko ya politiki y’abanyarwanda gihora gikurura impaka kubera ingengabitekerezo zayo nyinshi zivanze na politiki. Nuko imitwe yacu igashyuha! Ndavuga amoko y’abahutu, abatutsi n’abatwa twise Inyabutatu, kuko atandukanye n’amoko gakondo (abanyiginya, abega, abacyaba, abagesera n’ayandi). Kera abanyarwanda bigishijwe ingengabitekerezo ivuga ko amoko ya politiki yakomotse mu bice bitatu bigize imibereho y’abanyarwanda (les classes sociales) ubundi bigishwa indi ivuga ko ngo ayo moko atandukanywa n’uko tudahuje igihagararo bityo n’ibice bimwe by’umubili ngo bikaba bitaremye kimwe! Ku Isi yose, ngo ibyo biranga ayo moko ya politiki bikaba ari umwihariko ku banyarwanda gusa … nako n’abarundi! Muri iki gihe, hari izindi ngengabitekerezo ziyongereye kuri izo zari zisanzweho. Hari abavuga ko ayo amoko abaho – ibyo ni ibisanzwe – ariko hari n’abandi bavuga ko atabaho kubera ko abanyarwanda dusangiye umuco, ururimi n’uturere tw’igihugu, hakaba n’abandi bavuga ko abaho atabaho. Ku buryo abanyarwanda tutabyumva kimwe kubera ko buri wese afite ingengabitekerezo yemera idahuje n’iy’abandi.

Ni uko wavuga uti jye sinemera ko ayo moko abaho, abandi bati uri umuhakanyi wa génocide y’abatutsi. Bati turakubonye… Ejo undi yavuga ko ayo moko abaho, ngo agaruye amoko ya politiki kandi yaraciwe, ndetse no mu ndangamuntu akaba atabamo. Yabaza itegeko ryaciye ayo moko n’impamvu ryayaciye ntabone igisubizo. Bati urabaza ubusa nawe sanga abandi bafite ingengabitekerezo ya génocide… Ibyo byose bigaterwa na politiki aho iba igeze n’inyungu za buri wese. Ariko abo banyepolitiki bo mu bwoko bwose ntibafata igihe ngo bigire hamwe icyo kibazo cy’amoko ya politiki, batabeshyana, bataryaryana, badacengana, kugirango bemeranywe ku ngengabitekerezo imwe abanyarwanda bagombye kwibonamo. Ingengabitekerezo ya kimuntu yahuza abanyarwanda bose, abiyumvamo ayo moko n’abatayiyumvamo ndetse n’abatayazi, idafite uwo ibangamiye. Iyo uyu mushinga ushyigikiye ni yo ngiye kubagezaho, mbasaba ko mwagira icyo muyivugaho. 

Twemere cyangwa tuvuge iki, tureke iki? Ayo moko y’abanyarwanda niba abaho, aba he? Afitwe na bande? Acumbitse he? Mu muco, muli politiki, mu nda zacu, mu mitima, ku mibiri yacu cyangwa mu mitwe yacu? Niba atakiriho ariko yarahozeho, yavuyeho ate? Yagiye he? Yaba se atarigeze abaho? Mbere yo gusubiza ibyo bibazo reka tubanze twumve ikiganiro cy’aba banyarwanda muri iyi ndirimbo iduhamagarira kwibohora ingoyi y’amoko ya politiki.

ICYUBAHIRO: « Mbwira Munyarwanda » (Kanda hano urebe amagambo y’indirimbo yose)

1. Uburyarya n’ubugome mu ngengabitekerezo z’amoko ya politiki: ivangura-moko, irondamoko n’ivangura-bitsina-moko.

Mu gihe cy’ubukoloni, ababiligi bashyiraho impapuro ziranga abanyarwanda « Indangamuntu (Ikimuranga) », bateganyije ko handikwamo amoko y’abahutu, abatutsi n’abatwa. Ayo moko bayagira kimwe mu biranga umunyarwanda.

Muri Repubulika ya mbere abategetsi ntibihishiriye! Nubwo iyo ngoma yagize neza ikigobotora ingoyi ya gihake na gikolonize, ntiyashoboye kwigobotora ingoyi y’amoko ya politiki yari mu ngengabitekerezo z’abo bakoloni. Kuko ishyaka ryategekaga ryitwaga PARMEHUTU ryarengeraga abahutu gusa ku mugaragaro, rikarenganya kandi rigakandamiza andi moko ya politiki, kandi rimaze kuvanaho ingoma ya cyami ryashinjaga ko yarengeraga abatutsi igakandamiza andi moko pa politiki.

Muri Repubulika ya kabili, abayobozi b’ishyaka rimwe rukumbi « MUVOMA » bavugaga ko ribumbye abanyarwanda twese kandi ngo ko ritavangura amoko ya politiki n’uturere. Ukibaza niba n’abari hanze y’igihugu bari bayirimo! Ariko wareba mu nzego z’ubutegetsi bw’igihugu zo hejuru, ugasanga higanjemo abahutu bakomoka mu majyaruguru y’igihugu, kandi b’igitsina gabo hafi ya bose! Wajya no mu nzego zo hasi ugasangamo abahutu hafi gusa, nabo b’igitsina gabo! Kandi bamwe muri abo bayobozi ni bo bayoboye ibikorwa by’itsembabwoko muli 1994.

Muri Repubulika ya gatatu, ubutegetsi bwavanye amoko ya politiki mw’irangamuntu no mu zindi mpapuro, bushyiraho politiki ivuga ko ayo moko atabaho ariko bakemera  neza ko habayeho itsembabwoko ry’abatutsi ryakozwe na bamwe mu bahutu. Ikarita y’amoko ya politiki barayubika. Bamwe mu banyamahanga babyumvise batazi abanyarwanda bayobewe niba abemeje (Umuryango w’abibumbye) ko mu Rwanda habaye itsembabwoko ry’abatutsi barababeshye, cyane ko bari barabwiwe ko mu Rwanda hari amoko ya politiki atatu: abahutu, abatutsi, n’abatwa kandi ko abo batutsi bazize ko ari abatutsi. Bati kuvuga ko amoko ya politiki atabaho, si uguhakana ko abatutsi bazize ubwoko bwabo? Bati kereka niba abahutu, abatutsi n’abatwa barashize – kandi atari byo – hakaba harabonetse abandi banyarwanda bashya batagira ubwoko! Abashyigikiye iyo ngengabitekerezo ihakana amoko ya politiki, bati murashaka kugarura amoko mwatuzaniye ngo habeho indi génocide (itsembabwoko) ? Abanyamahanga bati ese kuvuga ko amoko ya politiki atakibaho ni ukubera impamvu z’uko atakiri mu ndangamuntu? Bati ese mbere y’uko irangamuntu zibaho, ayo moko ntiyariho? Bati none se icyavanyeho ayo moko ni iki? Abanyarwanda bakabasubiza ko ari politiki nziza yavanyeho politiki mbi yayashyizeho, kandi ko iyo politiki nshya idahakana génocide y’abatutsi (reba ibisobanuro mu ngingo ya 4 igice cya mbere). 

Nubwo ikarita y’amoko ya politiki yari yarubitswe ariko, ntaho yigeze ijya kuko abanyarwanda, barimo n’abanyepolitiki, bakomeje kwemera  no kwibona muli ayo moko. Icyabigaragaje ni indi ngengabitekerezo ya politiki yashyizweho, ngo igamije ubwiyunge, ivuga ko ngo umuhutu wese agomba gusaba imbabazi abatutsi mw’izina ry’abahutu bakoze itsembabwoko. Ni akumiro! Iyo ngengabitekerezo yagaruye imvugo y’amoko ya politiki mu banyepolitiki. Ba banyamahanga bati ntimubona ko ibyo twababwiraga ko amoko ya politiki yanyu abaho ari ukuri kandi ko atari twe twayazanye kuko namwe muyagaruye kandi mwari mwarayaciye? Iyo politiki yateye impaka nyinshi na n’ubu ndetse ziracyakomeza. Kandi ni mu gihe. Izo mpaka ziri mu bigaragaza ko dukeneye amategeko-nyobozi y’ubwiyunge yasobanura neza imbabazi n’ubwiyunge nkuko mbisobanura muli uyu mushinga. Ni uko ya karita irubukurwa maze abanyarwanda bongera kuvuga amoko ya politiki ku mugaragaro.

Muri Rubanda rwa giseseka naho, umunyarwanda ajya aho akihandagaza akavuga ko abana neza n’amoko ya politiki yose, kandi ari mw’ishyaka rya politiki runaka rishyigikiye ivangura-moko. Iryo shyaka rigakora ibishoboka byose kugirango ribihishe, nyamara ntibibure kumenyekana kubera ibikorwa byaryo. Cyangwa ugasanga uwo munyarwanda ari mw’ishyirahamwe rigizwe gusa n’abo bahuje ubwoko bwa politiki. Abo bose bakironda kuko ingengabitekerezo y’ubwoko bwa politiki bemera ikibaboshye.

Murumva ibyo atari amayobera? Kuvuga uyu munsi ko amoko ya politiki abaho, ejo ukavuga ko atabaho, ejobundi ukavuga ko abaho? Uyu munsi tukavuga ko ari abazungu bayazanye kuko ari bo bayashyize mw’iranga-muntu bashaka kudutanya no kuduteranya, ejo tukavuga ko yahozeho na mbere y’uko abazungu bagera mu Rwanda kuko batayavanye iwabo i Burayi kandi politiki yari isanzweho, ejobundi tukavuga ko ayo moko ya politiki atabaho. Ko twayavanye mw’iranga-muntu se tuzayavana mu mitwe yacu no muli politiki ryari? Umunyamahanga utazi iby’abanyarwanda, ayoberwa icyo yemera n’icyo areka. Ibyo byose biterwa n’iki? Na politiki aho igeze, ari nabyo bigaragaza nyine ko ayo moko ari aya politiki kuko akoreshwa mu nyungu za politiki kandi nayo ubwayo akaba arimo politiki.

Mu mishyikirano yabereye Arusha muli Tanzaniya hagati ya 1990 – 1994 abanyepolitiki bagabanye imyanya bakurikije amashyaka barimo ariko badakurikije amoko ya politiki. Ikibazo cy’ayo moko nticyigeze cyigwa ku mugaragaro ngo kibonerwe umuti. Bagiciye ku ruhande bagihisha inyuma y’ibyo bibazo by’ubutegetsi. Ntibagabanye imyanya y’ubutegetsi hakurikijwe amoko ya politiki, ahubwo bakurikije amashyaka kugirango bereke abanyamahanga ko ari abademokarate (démocrates)… nkabo! Kandi bazi neza ko muli ayo mashyaka yabo harimo ibisigisigi byinshi by’amoko ya politiki n’uturere bangaga kugaragaza mu nyandiko.

Nguko uko bamwe mu banyarwanda no mu banyepolitiki bavuga ibyo batemera kandi badakora, bagakora ibyo batavuga, kuko bavuga ko nta moko ya politiki abaho – kandi wenda bayemera – cyangwa ko abaho kandi ngo areshya – nyamara wenda batayemera – barangiza bagashyiraho mu nyungu zabo ingengabitekerezo z’ivanguramoko, irondamoko n’ivangura-bitsina-moko zirimo uburyarya n’ubugome. Iyo ni imwe mu mpamvu hari abavuga ko abanyarwanda turi ababeshyi, tukitwa abanyabinyoma, bakadushyira mu gatebo kamwe bitagombye.

2. Demokarasi ntigira ubwoko kandi amoko ya politiki ntagira isura.

Abanyamashyaka bamwe na bamwe bagiye bavuga ko amashyaka yabo agamije demokarasi bagahisha ko ashingiye ku moko ya politiki kuko bazi neza ko binyuranyije na demokarasi nyakuri. Uretse ishyaka rya PARMEHUTU (Parti pour l’Emancipation des Bahutu) ryeruye rikavuga ko rirengera inyungu z’abahutu, kimwe na AREDETWA (Association pour le Relèvement Démocratique des Batwas ) ryarengeraga iz’abatwa, nta rindi shyaka ryigeze ryiyitirira ubwoko bwa politiki ku mugaragaro. Nyamara habayeho n’andi mashyaka yarengeraga ubwoko bw’abatutsi cyangwa ubw’abahutu ariko ntabigaragaze mu nyandiko no mu mazina yayo, kugirango abone abayoboke benshi (bo mu moko ya politiki yose !). Bikagirwa ibanga. Ibanga rya politiki! Abayoboke bayo bakayajyamo bashingiye kuri iryo banga. Ni uko abatazi iryo banga bakayayoboka bibwira ko iyo demokarasi ivugwa ari nyakuri koko, nyuma bakazabona ko babeshywe. 

Hari abandi banyarwanda ndetse biyandikishije mw’ishyaka runaka kandi nyamara bari mu rindi kubera iryo banga ry’ubwoko bwa politiki. Ni uko bakaba ibyitso by’iryo shyaka muri iryo biyandikishijemo, bakarinekera ibyo rikora, ugasanga barakorera ishyaka mu rindi. Ibindi byabayeho tuzi ni amashyaka yabaye abana b’ayandi mashyaka, ni uko akitwa ko yigenga kandi akorera ayandi. Kugirango nibagera mu gihe cyo kugabana ubutegetsi (aho kubusangira) azishyire hamwe maze aganze ayandi. Iyo tekiniki (technique) ya politiki nayo yakoreshejwe hashingiwe ku moko ya politiki. Ariko ntabwo abayobozi b’iyo politiki bigeze bemera kugabana imyanya yo mu butegetsi bakurikije ayo moko nkuko nabivuze. Nyamara wajya kubona ukabona ishyaka runaka rihindutse ishyaka ry’ubwoko bwa politiki ubu n’ubu. 

Kubera izo mpamvu, hari abavuga bati hari hakwiye kubaho amashyaka atatu gusa: ishyaka ry’abahutu, iry’abatutsi n’iry’abatwa. Bati ibindi ni ukubeshya. Nkaho abanyarwanda bahuje bumwe muri ubwo bwoko bagira ibitekerezo bya politiki bimwe! Ni uko abo bagashakira demokarasi mu moko ya politiki.

Hari n’uwigeze kumbwira nta soni afite ko ngo ibibazo by’ayo moko y’abanyarwanda byacyemurwa n’uko abashakana bagombye kuba bahuje ubwoko.  Abo nabo bagashakira urukundo mu moko ya politiki ! Nkaho urukundo rugira ubwoko ! Kandi koko birazwi ko hariho abanyarwanda badashobora gushyingira mu muryango badahuje ubwoko bwa politiki. Ngiryo irindi rondamoko ritari muli politiki ariko ririmo politiki ! Irondamoko ntiriba muli politiki gusa, no mu mibanire y’abanyarwanda ribamo. Abo nabo baracyaboshywe. 

Abandi bavuga ko abategetsi bagombye kwerura bakagabana imyanya hakurikijwe amoko ya politiki aho gukurikiza « ingirwa-mashyaka », kugeza igihe bazagirira demokarasi, bityo ngo abaturage bakabona amahoro. Nyamara ibyo ntibyabuza bamwe kwihisha mu bwoko bwa politiki batemera kandi bakorera ubundi (bashaka imyanya mu butegetsi), kuko bashobora kwiyitirira ubwoko batemera ko ari ubwabo koko. Biragoye kuba wavuguruza ibyo bavuga mu gihe nta mategeko ariho asobanura iby’ayo moko kuko ntacyo wabona ushingiraho. Ese abatiyumvamo ayo moko cyangwa ntibamenye ibyayo, baba abande? Ku byerekeranye n’ubutegetsi bw’igihugu, abanyarwanda ntituragera igihe cyo kwumva ko umuhutu, umututsi cyangwa umutwa ashobora kuyobora igihugu akarengera inyungu z’abanyarwanda bose atavanguye. Hari abumva ndetse ko igihugu kitayobowe n’umuntu wo mu bwoko bwabo batagira amahoro ! Kuko nta cyizere bamugirira ! Bagira ayo mahoro se bate abandi badahuje ubwoko batayafite? Hari n’inama zimwe zijya ziyoborwa n’umuhutu ari kumwe n’umututsi, kugirango bigagarare ko bahagarariye ayo moko ya poliki yombi maze ibitekerezo byabo byumvikane neza. Nyamara ibyo si byo bituma iyo ntego igerwaho.

Mu rwego rwa politiki, uyu mushinga usanga umuti w’icyo kibazo atari ugushyiraho abategetsi (kugabana imyanya y’ubutegetsi) hakurikijwe amoko ya politiki yabo, ahubwo ko ari ukwibohora izo ngengabitekerezo z’amoko ya politiki tukemera iya kimuntu. Urwanda rwacu abanyarwanda dukwiye kurugira igihugu kigendera ku mategeko aho kugendera ku moko ya politiki. Nzabisobanura neza mu nyandiko yihariye. Naho mu rwego rw’ubutabera, uyu mushinga ushyigikiye ko hagombye kujyaho ubutabera buhuza abantu bukanabunga (médiation et justice réparatrice) , bugacyemura ibibazo byose birimo n’ibyaha byakorewe abanyarwanda bazira ubwoko bahawe, butavanguye, maze bukunganira ubucamanza buriho. 

3. Amoko ya politiki si amasano, ni ukundi kwemera, kurimo ikinyoma (fausse croyance).

Ikindi kibazo buri wese yakwibaza ni ukumenya akamaro k’ayo moko ya politiki twirirwa turata. Hari abayagira ibikangisho iyo bazi ko ubwoko bwabo butoneshejwe n’ubutegetsi buriho. Bashaka kugutera ubwoba, bati: « uzi uwo ndi we?  » Hari n’abandi bayaha agaciro gakomeye, ku buryo bayitiranya n’amasano. Bati kanaka ni mwene wacu, ngo « ni uwacu », bivuga ko bahuje ubwoko bwa politiki, ndetse ukaba wagirango bavindimwe mwa se ne nyina! Kandi abavuga ibyo, waba utari « uwabo » bakakubwira ko ikibazo cy’amoko ya politiki kiba mu banyepolitiki gusa! Uko kwironda ni ko kuvamo irondamoko n’ivanguramoko iyo abo bageze mu butegetsi. Ibi bikunze kubaho ku banyarwanda barenganyijwe kubera ubwoko bwabo, basangiye akababaro. Ni uko bakumva ko bagomba kwishyira hamwe kugirango birwaneho (solidarité politico-ethnique). Abanyarwanda dukunda kwitabaza amoko ya politiki rero iyo dushaka kurengera amagara yacu bitewe n’akarengane gashingiye kuri politiki y’ikandamizabwoko. Ibyo birumvikana. Ni nayo mpamvu abanyarwanda bamwe bahinduye ubwoko. Mu nyandiko nise « Munyarwanda haguruka twubake demokarasi« , natanze urugero rw’umututsi nagiriye inama yo kwiyita umuhutu muri génocide yo muri 1994 kandi bikamukiza. Kubera ko abanyepolitiki bacu kuva kera, ku ngoma zose, bagiye bashingira ubutegetsi bwabo ku moko ya politiki, ibyo ni byo byatumwe abanyarwanda bamwe bayoboka amashyaka amwe n’amwe kubera ubwoko nkuko nabivuze. Ibyo mu by’ukuri biteye impungenge. Amashyaka ya politiki yari akwiye kuba yarasimbuye amoko ya politiki. Ariko siko byagenze, ahubwo byarivanze. 

Ariko rero, hari abanyarwanda bamwe bamaze kubona ko iyo myumvire atari yo, ko ahubwo abanyepolitiki bakoresha amoko ya politiki mu nyungu zabo bwite zirebana no kugera ku butegetsi cyangwa kubugumaho aho kuba mu nyungu z’abo basangiye ayo moko nkuko bamwe babyibeshyaho. Abongabo batangiye kwibohora. Abantu ntibashobora guhuza ibitekerezo kubera ko bahuje ubwoko gusa. Iyo ugaragaje ibitekerezo binyuranye n’iby’abategetsi, nubwo mwaba musangiye ubwoko, ibyo ntibibabuza kukwamagana bakuziza ibitekerezo byawe kuko utavuga rumwe nabo. Wayoboka ibitekerezo byabo nubwo mwaba mudahuje ubwoko, mugakorana. Nanone ariko, hari igihe abategetsi bikanga ko abo badahuje ubwoko bashobora kubambura ubwo butegetsi bagakora nk’ibyo nabo bakora, bityo bigatuma bahungabanya uburenganzira bwa buri wese badahuje ubwoko. Kubera ubwoba bwo gutinya ko ibyo babakoreye nabo bashobora kubibakorera. Urugero: ibyo byabayeho cyane igihe cyose bamwe mu mpunzi bagabaga ibitero ku Rwanda, no kuva muli 1990 intambara ya FPR Inkotanyi itangiye kuko ubutegetsi bwatangiye kwishisha umututsi wese buvuga ko ari icyitso cy’inkotanyi. Abatutsi barafungwa, barasenyerwa, barakubitwa, barahigwa kandi baricwa.

  • Amoko ya politiki si yo aranga abanyarwanda, aba mu mitwe yabo (leur inconscient) kandi ntavukanwa.

Nigeze kujya mu kiganiro cyerekeranye n’umubano w’abanyarwanda, tuvuga iby’amoko ya politiki noneho ntanga ubuhamya kuri imwe mu mpamvu zatumye nshyiraho uyu mushinga. Ni uko nsobanura muri make imibereho yanjye kandi mvuga ko nifuje kwumva impamvu bamwe mu barokotse itsembabwoko ry’abatutsi barihoreye ku bahutu bazi neza ko batigeze barigiramo uruhare, ndetse bamwe barabafashije kurokoka. Maze gutanga ubwo buhamya, umwe mu bari aho warokotse iyo génocide wari umaze kwivuga ko ari umututsi arambwira ngo si ndi umuhutu si ndi n’umututsi. Byumvise ndikanga. Byarantunguye kuko ari we muntu wa mbere wari umbwiye imbone nkubone icyo atekereza kuri jye ku byerekeye amoko, kandi akabimbwira hari abandi bantu benshi bumva. Namushimiye ko nibura we atarebye isura yanjye cyangwa ngo ambaze amoko ya politiki y’ababyeyi banjye noneho anyite umuhutu cyangwa umututsi, ahubwo yavuze ibyo amaze kwumva ibitekerezo byanjye n’ukuntu nabayeho, amaze kundeba mu mutwe (il m’a jugé selon mes idées). Kandi ntiyambwiye ko ndi umutwa, ariko ndi umunyarwanda. Ni ukuvuga rero ko hariho abanyarwanda badafite amoko ya politiki. Ikindi nishimiye ni uko ubwo buhamya bwashoboye kwumvisha uwo munyarwanda ko ubwoko bwe ashobora kubwipakurura, akibohora ingoyi yabwo, kandi bitamubujije kwumva ko yarokotse itsemba-bwoko ry’abatutsi. Nizere ko yabigezeho kuko ni byo mwifuriza. Ibyo byongeye gushimangira ibyo mpora mvuga ko amoko ya politiki y’abanyarwanda aba mu mitwe yacu (notre inconscient) kandi tutayavukana. Uwo munyarwanda maze kuvuga nawe ni ko abyumva.

Muri uyu mushinga, jye nemera ko uba umuhutu, umututsi cyangwa umutwa kuko bakubwiye ko ubwoko bubaho, ngo butangwa na se w’umwana ukabyemera, kandi barakubwiye nanone ko so ari umuhutu, umututsi cyangwa umutwa nabyo ukabyemera kuko wari ukiri muto utaramenya gushishoza kandi wumva ko ibyo ubwiwe n’abakuru ari ukuri. Uramutse utabyemeye, nta bwoko waba ufite. Uramutse utazi so wakubyaye cyangwa utaramenye ubwoko bwe kubera impamvu zinyuranye, ntiwanamenya ubwoko ufite nubwo waba wemera ko ari se w’umwana ubutanga. Icyo gihe nabwo, nta bwoko waba ufite wemera ko ari ubwawe. Kandi ntibikubuza kuba uri umunyarwanda kuko bitakwambura ubwo bwenegihugu. Biterwa rero n’ibyo wabwiwe kandi wemeye, noneho bikagira ingaruka ku myifatire (imyitwarire) yawe. Ndemeza kandi ntashidikanya ko hari abanyarwanda benshi batari abahutu, abatutsi ntibabe n’abatwa kuko batigeze babwirwa icyo bari cyo ngo bemere ubwo bwoko (urubyiruko) cyangwa kuko bataramenya ubwenge (abana bakiri bato), bityo ayo moko ya politiki akaba atari mu mitwe yabo. Abo ubabajije ubwoko bwabo bakubwira ko batabuzi cyangwa ntihagire n’icyo bagusubiza kuko baba bataragira uko kwemera ngo babe abayoboke b’ingengabitekerezo yabwo. Abanyarwanda batigeze bacengezwamo ingengabitekerezo z’amoko ya politiki n’ababyeyi babo, abarimu, inshuti zabo cyangwa abanyepolitiki, abongabo ntibashobora kuvangura ayo moko. Ni yo mpamvu abanyepolitiki bakoresha urubyiruko bakarukongezamo ingengabitekerezo z’ivangura-moko iyo bashaka gutanya abanyarwanda. Amoko ya politiki abaho ku bayemera, ariko ku batayemera n’abatayazi, ntabaho.

Reka twumve Nyakwigendera Jean-Christophe Matata uko nawe aduhamagarira kwibohora ingoyi y’amoko ya politiki.

4. Ingengabitekerezo y’amoko ya politiki ntiberanye n’uburenganzira bw’ikiremwamuntu

  • Ingengabitekerezo y’amoko ya politiki irimo ivangura (discrimination) n’isumbanya-bitsina (inégalité de l’homme et de la femme).

Twigishijwe ko ubwoko ari se w’abana ubutanga. Umuntu akaba yakwibaza impamvu ataba nyina ubasama akabatwita amezi 9 yose mu nda ye. Ese ahubwo kuki budatangwa n’ababyeyi bombi? Kuki nyina w’abana we atabaha nawe ubwoko bwe, nkaho iyo amaze gushinga urugo abutakaza cyangwa ntabugireho uburenganzira? Ibyo si ubwikanyize bw’igitsina-gabo? Binyuranyije rero n’ihame rivuga ko uburenganzira bw’umugore n’umugabo bugomba kureshya. Dukurikije umugani uvuga ko « ntawe utanga icyo adafite », bivuze nanone ko « ntawe ugira (utunga) icyo adashobora gutang». Ni ukuvuga rero ko umutegarugoli nta bwoko yaba afite niba adashobora kubutanga. Bibaye ari ibyo se kuki hari ababyeyi b’abanyarwandakazi benshi bishwe cyangwa bahohotewe mu bundi buryo bazira ubwoko? Bazize iki niba nta bwoko bagiraga? Abanyarwandakazi bemera amoko ya politiki bagombye guhaguruka bakamagana iryo sumbanya-bitsina-moko

Ese umwana utazi se wamubyaye, ntamenye ibisekuru bye, ubwoko bwe bwaba ubuhe? Igisubizo: ntabwo agira. Abana b’impinja, b’ibitambambuga batazi ubwoko icyaricyo wavuga gute ko ari abahutu, abatutsi cyangwa abatwa? Abo bana bishwe mu by’ukuri bazize ubwoko bwa ba se, ntabwo bazize ubwoko bwabo kuko ntabwo bari bafite. Bishwe batazi icyo bazira. Nta muntu ushobora kwitirirwa ubutunzi bw’ikintu nawe ubwe atazi ko afite (nul ne peut être désigné propriétaire d’une chose dont il ignore l’existence). Mu Rwanda, abantu benshi, harimo ndetse n’abanyamahanga (urugero: abanyekongo), bazize ubwoko badafite kubera ya ngengabitekerezo mbi yo kwitirira umuntu ubwoko ukurikije isura ye. Ariko ntibivuze ko ababishe batakoze génocide. Abishe abo batari abatutsi nabo bakoze ibyaha bya génocide kuko bibwiraga ko abo bica ari abatutsiKimwe n’uko hari abantu batari abahutu, barimo ndetse n’abazwiho ko ari abatutsi, bafatanyije na bamwe mu bahutu kwica abatutsi kandi bashaka kubarimbura nabo bakoze génocide, kuko bari bashyigikiye iyo ngengabitekerezo ya génocide. Muri abo, abazwiho ko ari abatutsi bashobora kuba bariyumvagamo ko bo ari abahutu cyangwa ko nta bwoko bafite, cyangwa bakiyumvamo ko ari abatutsi ariko babifitemo inyungu za politiki. Igitekerezo (l’intention) cy’umuntu ukora icyaha nicyo cya ngombwa mu kumenya icyaha cyakozwe icyo ari cyo. 

Urundi rugero: ugiye kwiba umuturanyi wawe radiyo kuko uzi neza ko ari iye kandi ahubwo ari iyawe bakwibye bakayimugurishaho atabizi nawe utabizi, icyo gihe uzakurikiranwaho icyaha cy’ubujura nubwo umaze kuyiba wasanga ari ya yindi yawe. Ni yo mpamvu, abafite ingengabitekerezo y’uko amoko ya politiki atabaho bitavuze ko bahakana génocide y’abatutsi, kuko mu gihe abishe abatutsi bari bazi ko ayo moko ya politiki ariho kuko bayemeraga, ntibibuza icyaha cya génocide kuba cyarakozwe (amadini abili aramutse asubiranyemo hakaba génocide, ntibivuze ko abatari muri ayo madini bahakana ko iyo génocide yabayeho).   Nanone kandi, ubwicanyi bwakorewe abahutu n’abandi bantu bazira ko barengera abatutsi kandi babarwanirira kugirango baticwa (urugero: kubahisha), ubwo bwicanyi nabwo bushamikiye ku cyaha cya génocide. Abo bantu nabo bazize génocide y’abatutsi (ce sont des victimes du génocide des tutsi). Byumvikane rero ko hari abantu batari abatutsi nabo barokotse génocide y’abatutsi.

NTABWO ABAKOZE GENOCIDE Y’ABATUTSI ARI ABAHUTU BOSE, NTABWO ABAZIZE IYO GENOCIDE N’ABAYIROKOTSE ARI ABATUTSI GUSA KANDI ABAYIKOZE SI ABAHUTU GUSA. GENOCIDE Y’ABATUTSI YABEREYE MU RWANDA. ARIKO N’AMATEGEKO MPUZAMAHANGA ARAYIHANA. NTA BWOKO BW’INZIRAKARENGANE BUBAHO KANDI NTA N’UBWOKO BW’ABANYABYAHA BUBAHO.

  • Kubarura amoko ni ukuyavangura

Kubarura abanyarwanda hagamijwe kumenya umubare w’abahutu, uw’abatutsi n’uw’abatwa nta kindi byaba bigamije uretse kuvangura ayo moko ya politiki. Bitabaye ari ibyo, umuntu yavuga ate ko ibarura ryigeze gukorwa ngo rigasanga abatwa ari 1%, abatutsi ari 14% naho abahutu ari 85% ryari rigamije iki? Iryo barura ndetse ryuzuyemo ibinyoma kuko hari abandi banyarwanda benshi badafite ayo moko nkuko nabivuze, kandi umubare wabo udashobora kumenyekana mu by’ukuri. Iyo mibare rero nta gaciro ikwiye guhabwa kuko yakozwe mu buryo bunyuranyije n’ihame rivuga ko abanyarwanda bose bagomba kugira uburenganzira bumwe. Bityo rero, n’indi mibare yose yabarura abazima cyangwa abapfuye kandi ishingiye ku mibare y’iryo barura, nta gaciro yagombye kugira kuko nayo yaba irimo ivangura n’ikinyoma.

Hari abandi banyarwanda biswe ngo ni « abahutu modérés« . Ubwo se nabwo bwaba ari ubundi bwoko bushya? Bo baba ari bangahe kw’ijana? Kuki nta batutsi bitwa « abatutsi modérés » ntihabe n’abatwa bitwa « abatwa modérés » ni ukuvuga ko bo batabaho? Iryo naryo ni irindi vangura! Ahubwo abiyumvamo ko ari abahutu modérés, abatutsi modérés n’abatwa modérés bagombye kwumva gusa ko atari abahutu, ntibabe n’abatutsi, ntibabe n’abatwa kuko batemera ingengabitekerezo z’ubwoko bumwe zikandamiza ubundi bwoko. Uko ni kwo kwibohora.

  • Nta tegeko rigena amoko ya politiki ryigeze ribaho, ngo rivuge ayo moko icyaricyo, ikiyatandukanya n’akamaro kayo.

Ko politiki y’abanyarwanda ihinduka buri gihe, hagize ubutegetsi bwemeza ko ubwoko butangwa na nyina w’abana, abanyarwanda bamwe ubwoko bwabo ntibwahita buhinduka? Kimwe n’uko ushobora kuva mw’ishyaka rya politiki ukajya mu rindi cyangwa ntihagire n’iryo ujyamo, ushobora no kwiyita umuhutu uyu munsi, ejo ukiyita umututsi ejobundi ukiyita umutwa. USHOBORA NO KUVUGA KO NTA BWOKO UGIRA, kuko ibyo byose utabyemera. Nta kibikubuza, nta tegeko ribihana. Ni uburenganzira bwawe. Na kera ngo umuhutu yahindukaga umututsi cyangwa umututsi agahinduka umuhutu bitewe n’umubare w’inka amaze kugira ! Aho amarangamuntu yadukiye, hariho abahinduye ubwoko muri izo mpapuro (ibyangombwa) ariko nta n’umwe nzi wigeze abihanirwa kuko nta cyaha bakoze, kimwe n’abababuhinduriye. N’uwari kubihanirwa yari kuba arenganye.   Ni ukuvuga rero ko hari n’abanyarwanda batiyumvagamo ubwoko ubu n’ubu nubwo bwabaga bwanditse mw’irangamuntu yabo. Mbere y’intambara ya 1990 hari abanyarwanda benshi batitaga ku moko ya politiki yitwaga ko ari ayabo. Ahubwo ikibabaje, ni uko hari abitirira abandi ubwoko, barebye amasura yaho kubera ingengabitekerezo ya politiki (idéologie politique) bigishijwe, aho kubabaza ubwo bafite ubwaribwo. Nizere ko nawe usoma iyi nyandiko utaza gushakisha ifoto yanjye ari cyo ugamije… Iyo ngengabitekerezo ni yo dukwiye KWIBOHORA kuko inyuranyije n’amahame y’uburenganzira bw’ikiremamuntu.

  • Amoko ya politiki ni amahimbano.

Nta bintu (ibimenyetso) biranga amoko ya politiki mu buryo butandukanye kandi bugaragarira buri wese (il n’y a pas de critères objectifs qui distinguent les ethnies politiques). Ni nacyo gituma kutayemera bifite ishingiro. Rukundo ashobora kureba Mudacumura akabona ari umuhutu, ariko Niyonzima we akabona Mudacumura ari umututsi… Abantu batuye Isi yose baremye kimwe.  Abakoloni bahimbye iyo ngengabitekerezo bari bafite mu mitwe yabo iyo bavanye iwabo itandukanya aba-wallons, aba-flamands n’aba-neerlandophones, maze bumva ko no mu Rwanda ari uko byagombye kugenda ku bahutu, abatutsi n’abatwa, kandi ntaho duhuriye nabo. Iwabo mu Bubiligi, ko ayo moko ataba mu byangombwa byabo kuki bayashyize mu byacu? Icyiza babonaga kirimo ni ikihe? Ibitandukanya amoko yabo birigaragaza: indimi zabo n’aho batuye n’imico itandukanye, ariko iwacu i Rwanda, abanyarwanda dufite ururimi rumwe, umuco umwe kandi dutuye hamwe, hose mu gihugu. Abakoloni bimaze kubayobera bakabona ko ibyo byose tubihuje, nibwo bahimbye ko ngo amoko y’abanyarwanda arangwa kandi atandukanywa n’amasura yacu ! Kugera aho bajya gupima ibice bimwe by’umubiri !! Ko abo bakoloni bari barihaye Imana, bumvaga ko ibyo Imana ibyemera? Ko bari barazanywe ngo no guteza imbere imibereho y’abanyarwanda (civilisation), babonaga ibyo biberanye n’amahame mpuzamahanga arengera uburenganzira bw’ikiremwamuntu? Biteye isoni n’agahinda. Ariko se kuki twe abanyarwanda na n’ubu dukomeza kubyemera ? Nyuma ya génocide yakorewe abatutsi, aho kugirango abantu bibaze ibyo, ahubwo bamwe bibaza ukuntu ngo abahutu b’abakirisitu bagiye kwicira abatutsi mu makiriziya. Impamvu ni uko uko ukwemera kw’amoko ya politiki (foi ou croyance politico-ethnique) kwaganjije cyangwa kwasimbuye ukwemera Imana (la foi en Dieu) n’ukwemera Ubumuntu (la foi en Humanité)

  • Ubwoko bureba umuntu ku giti cye (l’appartenance à l’ethnie est-elle d’ordre privé) ?

Nigeze kuganira n’umugabo w’inshuti yanjye amperekeje, ni uko tubona undi munyarwanda nari ntegereje noneho musezeraho. Iyo nshuti irambwira ngo: « ugendana n’abantu bo muri buriya bwoko »? Ubwo mu mutwe we yibwiraga ko mpuje nawe ubwoko nyamara sinigeze na rimwe mubwira ubwoko bwanjye. Kandi nanjye sinari nzi ubwe. None se ubwo yabwiwe n’iki ubwoko bw’uwo munyarwanda? Aho yabushakiye nta handi ni ku isura akurikije ya ngengabitekerezo yigishijwe, ngo abahutu basa batya, abatutsi basa batya, abatwa basa batya. Ibyo bikaba byaramugiye mu mutwe, akabifata nk’ihame. 

Kubera ko kwiyumvamo ubwoko ari ukwemera kw’umuntu ku giti cye, nta muntu wagombye kwitirira undi ubwoko, kuko nyirabwo ni we uba uzi neza ubwo yemera ko afite ubwaribwo. Kwita umunyarwanda runaka umuhutu, umututsi cyangwa umutwa atakwibwiriye ubwoko yemera ko afite ubwaribwo, ni nko kwita umuntu umukirisitu kandi utazi ko yemera Yezu Kristu. Wabirebera he? Nta munyarwanda rero wagombye guhangayikishwa no kumenya ubwoko bw’abandi kuko ibyo bitamureba.  

Hari inshuti yanjye twiganye twabanye neza kuva muli 1975 kugeza muli 1994, muli génocide bamwicana n’umugore we n’umwana we nabyaye muli batisimu ariko namenye ko yari umututsi aho menyeye ko bamwishe bamuziza ubwoko bwe. Kuko mu mibanire yacu, ntitwigeze tuvugana iby’amoko ya politiki. Kandi wenda ashobora no kuba we atarumvaga ko ari umututsi.

Hari igihe ushobora kubaza umuntu ubwoko bwe akagira ati: « ndi umuhutu (tutsi) kuko data ari umuhutu (tutsi) ariko mama ni umututsi (hutu) ». Ntiyerure ngo avuge ati: « ndi umuhutu nkaba n’umututsi »,  cyangwa se ati: « ndi imvange y’umuhutu n’umututsi », cyangwa se nanone ngo avuge gusa ati: « ndi umuhutu (tutsi) kuko data ari umuhutu (tutsi) ». Uwo munyarwanda aba yemera  amoko ya politiki kuko yumvise bavuga ko ariho, ariko ashidikanya ubwoko bwe ubwo aribwo mu by’ukuri, nkaho agomba kubugira kandi – nkuko nabivuze – nta kibimutegeka. Hari abandi bemera ndetse ko hari ubundi bwoko bwa kane bwavutse: « abahutsi », ni ukuvuga abo bavuka ku babyeyi badahuje ubwoko bw’abahutu n’abatutsi. Nibe nabo bemera ko, niba amoko abaho kandi akaba avukanwa, umutegarugoli nawe agira ubwoko kandi akwiye kubutanga! Ariko se bibaye ari ibyo, abavuka ku muhutu no ku mutwa bazitwa Hutwa, maze abavuka ku mututsi no ku mutwa bakitwa Tutwa? Kuki bo batavugwa? Naho se abazavuka ku babyeyi badahuje ayo moko yandi mashya bo bazitwa bande? Ibyo byose rero birutwa n’uko abo bavuga bati: « ntabwo ndi umuhutu sindi umututsi, sindi n’umutwa.» Uko ni kwo KURI. Naho ubundi, ayo mazina yandi yose ni amafitirano.

5. Ingengabitekerezo y’amoko ya politiki ntiberanye n’umuco nyarwanda.

Kuki abanyarwanda bemeye ko umwana agira ubwoko bwa se kandi mu muco nyarwanda uwo mwana atitwa izina rye? Byaba se ari uko ku moko gakondo ari ko byagendaga, cyangwa byemejwe n’abakoloni kuko iwabo umwana afata izina rya se umubyara? Ariko ubu batangiye kubona ko ibyo bibangamiye ihame ry’uko abantu tureshya imbere y’uburenganzira bw’ikiremwamuntu, mu gihe kuri iyo ngingo twebwe umuco wacu ubwubahiriza kuva kera, ababyeyi bakita umwana wabo izina ridahuye na rimwe mu mazina yabo. Kuko buri muntu wese atandukanye n’undi. Kuri iyo ngingo twateye imbere! Igitego twaragitsinze ! Dukwiye rero gusubira mu muco wacu, tukareka kubwira abana bacu ko bafite ubwoko ubu n’ubu ngo ni uko twebwe ba se ari bwo twiyumvamo. Ko amazina y’abanyarwanda ari menshi cyane atabarika ndetse tuzi no kuyahimba, ariko ayo moko ya politiki akaba ari atatu gusa, abo bana bacu bazakura he andi moko bakwitwa adahuye n’ayacu kandi nayo anyuranye? Nguko uko ubuhutu, ubututsi n’ubutwa buzacika mu Rwanda, tugasubira ku moko yacu gakondo yo mu muco karande: abasinga, abasindi, abagesera, abega, abanyiginya, n’ayandi. Na ndetse, tugarutse kuri za ngengabitekerezo zivuga ibyitwa ko bitandukanya amoko natangiye mvuga, nta mpamvu n’imwe yasobanura uburyo umwana agomba kugira ubwoko bwa se. Uko kwemera si ugutagatifu ! Nimubyisuzumire namwe… Hari umunyarwanda rimwe wigeze kumbaza ubwoko bwa data na mama ashaka kumenya ubwanjye, aho kubumbaza atarinze guca ku ruhande. Ariko ntiyambajije ubw’umufasha wanjye kugirango amenye ubw’abana bacu. Namubwiye ko ukwemera kw’ababyeyi banjye atari kwo kwanjye. Ibi birerekana ko, ku kibazo cy’amoko, abanyarwanda tureba aho turi n’abo tuva, ariko ntiturebe aho tujya.

6. Umwanzuro: amoko ya politiki si amayobera matagatifu atavuguruzwa.

Amoko y’abahutu, abatutsi n’abatwa akoreshwa hakurikijwe inyungu za politiki. Niyo mpamvu nyita AMOKO YA POLITIKI. Aba mu ngengabitekerezo za politiki no mu mitwe y’abazemera. Ibyayo rero ni amayobera koko, ariko ntabwo ari amayobera matagatifu atavuguruzwa !!! Nitureke kwemera izo ngengabitekerezo buhumyi. Kwibohora ingoma irengera ubwoko ikarenganya ubundi, ntiwibohore ingengabitekerezo z’ayo moko ya politiki, ntibihagije. Hashize imyaka myinshi twigobotoye ingoyi ya gihake na gikolonize, ariko ntiturigobotora ingengabitekerezo z’amoko y’Inyabutatu zashyizweho n’ingoma za cyami na gikolonize. Ntitugomba kuzifata nk’Ivanjili yatwigishije ubutatu butagatifu – kuko inyabutatu nyarwanda ntabwo ari irindi dini ! - ahubwo dukeneye kwibohora ingoyi yazo kubera ko zibangamiye uburenganzira bw’ikiremwamuntu n’umuco wacu, kandi ziracyatuboshye. Naho ubundi ziraturimbura. Bityo twibohore byuzuye kugirango tugere ku bwiyunge nyakuri. Hakwiye kuzabaho inama nkuru mu rwego rw’igihugu yahuza abanyarwanda bo mu nzego zose (débat national), ikiga ikibazo cy’amoko ya politiki maze ikakibonera umuti burundu. Mu bwigenge buhamye. Maze abanyarwanda bazareke kwongera kuzira amoko ya politiki, ingengabitekerezo zayo zizabe umugani ucibwa. Abuzukuru n’abuzukuruza bacu bazajye bavuga bati: KERA HABAYEHO … Ntidushobora kugera ku mpinduka twifuza tudahinduye ibitekerezo. Niyo mpamvu dukeneye ibitekerezo bishya bihuza abanyarwanda kugirango twibohore ibitekerezo bishaje byadutanyije kandi bikaduteranya. 

Uwavuga iby’amoko y’abanyarwanda ntiyabirangiza ! 

Ibibazo bidasanzwe bicyemurwa n’umuti udasanzwe kandi impinduka ikorwa n’ibitekerezo bishya.

Umuyobozi w’Umushinga w’Ubwiyunge Nyakuri

Umushinga wigenga utabogamiye kuri politiki y’amashyaka n’ubutegetsi.

Mushaka kumenya ibitekerezo bishya ku bwiyunge nyakuri bya MUSOMESHA Aloys, umuyobozi n’umuhuza w’uyu mushinga, mukande hano (murebe inyandiko yanditse, ziri mu cyika cya mbere). Musome kandi namwe musomeshe n’abandi! 

Les incertitudes du pardon

Le pardon est une chose ordinaire et difficile – mais il y a beaucoup de choses quotidiennes dont nous fuyons la difficulté, préférant l’idée de choses si sublimes, si impossibles, qu’il devient facile d’y renoncer. Quotidiennement pourtant, il arrive à peu près à tout le monde de dire « pardon » comme on dit merci ou bonjour ; et chacun sait spontanément si l’autre est « gonflé » ou s’il est sincère. Il serait donc déraisonnable de laisser la question du pardon seulement à des gens bizarres, à des esprits religieux. Ceux d’ailleurs qui idéalisent le pardon ne le pratiquent pas forcément, et d’autres, qui détestent cette notion, ont pu pardonner, ou même demander pardon.

Jusque dans certaines situations pas du tout ordinaires, à la limite de l’horreur, le pardon peut introduire la possibilité de revenir au monde ordinaire, de rétablir la possibilité d’une conversation où justement l’on puisse dire merci et pardon, où ces mots aient encore un sens. Qu’est-ce que rétablir un monde où l’on puisse présenter ses excuses ? Quelle est cette parole qui brise la loi du silence où le malheur continue sans surprise ? Mais quelle est cette parole qui rompt l’inflation de paroles creuses, d’accusations et de menaces d’autant plus grosses qu’elles ne portent plus ? 

Le pardon a donc à voir avec le monde ordinaire. Cependant le pardon est une chose délicate et incertaine. C’est que l’on croit trop que les choses sont soit conditionnées au point d’en être automatiques, soit inconditionnées mais alors quasi-magiques. En fait, quand toutes les conditions du pardon sont réunies, cela ne marche pas encore automatiquement ; cependant lorsqu’elles ne sont pas du tout réunies, cela a peu de chance de marcher. Les incertitudes du pardon se logent dans cet écart. 

Du côté des conditions qu’il faudrait réunir, il faut qu’il soit demandé ou accordé par des personnes appropriées et dans des circonstances appropriées. Par exemple on ne peut pardonner que ce qu’on pourrait punir, ou bien on ne peut pas se pardonner à soi-même, dans la mesure où l’on ne peut pas se voir soi-même vraiment autrement. Ou bien on ne saurait pardonner à celui qui n’a pas reconnu son tort, de même que celui qui pardonne doit être celui qui a subi le tort. Plus généralement le pardon demandé n’est pas forcément un pardon obtenu, et le pardon donné n’est pas forcément un pardon reçu. Cet écart même est essentiel au pardon, si celui-ci n’est pas une réaction conditionnée, mais au contraire cette chose troublante, jamais assurée, qui fait bifurquer la suite attendue des représailles. 

Quand on aurait réuni toutes les conditions « morales » d’un juste pardon, rien n’est encore assuré, car l’autre peut refuser non seulement le pardon que je lui demande mais aussi celui que je lui offre, et discuter chacune des conditions que j’ai pu considérer comme réunies. Si je veux que la parole du pardon demandé trouve le bon zig-zag entre ces conditions, je dois manifester dans ma manière de parler à mon interlocuteur que je sais qu’il peut me le refuser. Je dois notamment manifester un sentiment sincère, avoir tout fait pour réparer l’irréparable, montré que je réalise ce que j’ai fait – et je dois faire en sorte que ce que je dis et ce que je fais désormais reste pardonnable, et que la coexistence sera désormais possible. Mais là encore, rien n’est acquis, rien n’est certain, parce que cela dépend de ce que l’autre fera de ce que je lui dis. 

C’est le tragique du pardon, et son dilemme, que le plus souvent il n’y a besoin de pardon que parce que les interlocuteurs ne s’entendent pas sur le tort en question. Le malheur c’est justement qu’il n’est pas communicable, et qu’il y a une disproportion irrémédiable entre celui qui a subi le tort et celui qui l’a commis. N’est-on pas alors condamné au différend, c’est-à-dire à l’impossibilité de définir ensemble le langage dans lequel le tort sera formulé ? Il y a certainement des cas où il vaut mieux pour tout le monde ne pas demander pardon ni offrir son pardon, même si l’on croit que toutes les conditions sont réunies. Entre autres parce qu’on ne peut pas rouvrir la mémoire quand on veut ni n’importe comment, c’est le thème de l’abus de mémoire, jamais éloigné de celui de l’abus de l’oubli, et le pardon travaille entre ces deux gouffres. Comment rompre avec le ressentiment sans tomber dans l’amnésie, et comment rompre avec l’amnésie sans tomber dans le ressentiment ? 

Mais cette incertitude n’est pas une raison pour croiser les bras, attendre que le pardon tombe du ciel. Au contraire, travailler à réunir les conditions, c’est « se bouger ». Et puis il peut y avoir des pardons sans que les conditions aient toutes été réunies : ce n’est pas très moral, mais il suffit parfois de quelques-unes des conditions pour que la scène soit réussie. C’est justement que le pardon oblige les uns et les autres à un bougé, à un mouvement par lequel on va se soumettre à des règles auxquelles nul ne peut être forcé, ou par lequel on adapte des règles à une situation particulière presque en réinventant la règle. La condition de ce bougé, c’est que personne ne puisse prendre définitivement, de manière immobile en quelque sorte, la place du sujet pardonnant, sans quoi le pardon est bloqué, et ne déplie pas son délicat et imprévisible zigzag.

Olivier ABEL

Professeur de philosophie éthique

Faculté protestante de Paris

2004

Source:Dossier « Le pardon » du Périodique semestriel « Reliures » n° 13 Automne-Hiver, Liège, 2004

Pardon, Seigneur, Pardon

L’ONU et les programmes de justice réparatrice (2)

La justice réparatrice (suite)

1.1 Définition des principaux concepts.

La justice réparatrice est une façon de combattre les comportements criminels en mettant en balance les besoins de la communauté, des victimes et des délinquants. Ce concept évolutif a donné lieu, en fonction des pays, à différentes interprétations, et il ne fait pas toujours l’objet d’un parfait consensus. En outre, du fait de la difficulté à le traduire précisément dans différentes langues, on utilise souvent diverses terminologies.

De nombreux termes sont utilisés pour décrire le concept de justice réparatrice. On parle notamment de “justice communautaire”, d’“amende honorable”, de “justice positive”, de “justice relationnelle”, de “justice réparatrice” et de “justice restaurative” . Aux fins du présent manuel, le terme “programme de justice réparatrice” prend le même sens que dans les Principes fondamentaux, à savoir “tout programme qui fait appel à un processus de réparation et qui vise à aboutir à une entente de réparation”. Cette définition place clairement l’accent sur la mise en œuvre de processus participatifs conçus pour produire un résultat souhaité. Le terme “processus de réparation” désigne “tout processus dans lequel la victime et le délinquant et, lorsqu’il y a lieu, toute autre personne ou tout autre membre de la communauté subissant les conséquences d’une infraction participent ensemble activement à la résolution des problèmes découlant de cette infraction, généralement avec l’aide d’un facilitateur”. La justice réparatrice accorde autant d’importance au processus qu’au résultat. Les individus qui participent à ce processus sont appelés “parties”. En Europe et dans de nombreuses autres parties du monde, on se réfère souvent, pour qualifier ce processus, à la technique que la plupart des modèles ont en commun, à savoir la “médiation”, qui se distingue de la décision judiciaire. Conformément aux Principes fondamentaux, le terme “entente de réparation” désigne un accord résultant d’un processus de réparation. Cet accord peut renvoyer à des programmes tels que la réparation, le dédommagement et le travail d’intérêt général, “qui visent à répondre aux besoins individuels et collectifs des parties, à faire assumer à celles-ci leurs responsabilités individuelles et collectives et à assurer la réinsertion de la victime et du délinquant”. Il peut aussi, dans les affaires où l’on traite d’infractions graves, s’accompagner d’autres mesures.

1.2 Éléments d’un programme de justice réparatrice

Un programme de justice réparatrice se caractérise par les éléments suivants:

• Réponse adaptée aux circonstances de l’infraction, du délinquant et de la victime, ce qui permet d’examiner chaque affaire de manière distincte.

Méthode qui respecte la dignité de chacun et l’égalité de tous, favorise la compréhension et contribue à l’harmonie sociale en facilitant le relèvement des victimes, des délinquants et des communautés.

Souvent, alternative viable au système de justice pénale officiel et à ses effets stigmatisants pour les délinquants.

Méthode utilisable parallèlement aux procédures et aux sanctions pénales traditionnelles.

Méthode qui englobe la résolution du problème et le traitement des causes profondes du conflit.

Méthode qui traite les souffrances et les besoins des victimes.

Méthode qui invite le délinquant à prendre conscience des causes et des effets de son comportement et à assumer sa responsabilité de manière constructive.

Méthode souple et variable qui peut s’adapter aux circonstances, aux traditions, aux principes et à la philosophie du système national de justice pénale.

Méthode utilisable pour traiter différents types d’infraction et de délinquant, y compris des infractions graves.

Méthode particulièrement adaptée aux situations qui impliquent des délinquants juvéniles et où un important objectif est d’inculquer à ces derniers de nouvelles valeurs et compétences.

Méthode qui tient compte du rôle primordial que joue la communauté dans la prévention et la répression de la délinquance et des troubles sociaux.

1.3 Hypothèses de base

Les programmes de justice réparatrice se fondent sur plusieurs hypothèses:

a) la suite donnée à l’infraction doit réparer autant que possible le mal subi par la victime; b) il faut faire comprendre aux délinquants que leur comportement n’est pas acceptable et qu’il a eu des conséquences réelles pour la victime et pour la communauté; c) les délinquants peuvent et doivent assumer la responsabilité de leurs actes; d) les victimes doivent pouvoir exprimer leurs besoins et contribuer à déterminer, pour le délinquant, la meilleure façon de se racheter; et e) la communauté a le devoir de favoriser ce processus.

1.4 Principes et buts

Pour atteindre ses objectifs, un processus de réparation doit comprendre au moins quatre ingrédients: a) une victime identifiable; b) une participation volontaire de la victime; c) un délinquant qui assume la responsabilité de son comportement criminel; et d) une participation non contrainte de ce dernier. La plupart des méthodes de réparation visent à créer, entre les parties concernées, une dynamique interactive spécifique. Le but est de créer un environnement non accusatoire et non intimidant dans lequel les intérêts et les besoins de la victime, du délinquant, de la communauté et de la société puissent être pris en compte. L’objectif des programmes de justice réparatrice et le type de résultat qu’ils entendent produire ont conduit à énoncer plusieurs principes que l’on retrouve à divers degrés dans chacune des formes adoptées. Le processus se caractérise par un traitement respectueux de toutes les parties. Il favorise la participation et, dans diverses mesures, l’autonomisation de toutes les parties concernées. Il fonctionne de manière optimale lorsqu’il reste clair et prévisible tout en s’adaptant aux circonstances particulières de chaque affaire. Il privilégie la recherche de résultats consensuels plutôt qu’imposés et vise à obtenir des parties un engagement sincère à respecter l’accord auquel elles sont parvenues.

Les buts visés sont notamment les suivants:

Les victimes qui acceptent de participer au processus peuvent le faire sans crainte et obtenir satisfaction;

Les délinquants comprennent comment leur acte a nui à la victime et à d’autres personnes, en assument la responsabilité et s’engagent à en réparer les conséquences;

• Les parties conviennent de mesures souples qui consistent en particulier à réparer le mal fait et, à chaque fois que cela est possible, à rechercher les raisons de l’infraction;

Les délinquants respectent l’engagement qu’ils ont pris de réparer le mal fait et tentent d’analyser les facteurs qui ont entraîné leur comportement;

La victime et le délinquant comprennent tous deux la dynamique qui a abouti à l’incident, en retirent un apaisement et se réintègrent à la communauté.

1.5 Objectifs

Plus précisément, les praticiens de la justice réparatrice conviennent généralement que ce qui fait qu’une réponse particulière est véritablement “réparatrice” n’est pas tant une pratique ou une procédure que le respect, par celle-ci, d’un ensemble de grands objectifs qui offrent aux parties une base commune pour traiter l’incident et ses conséquences.

Les objectifs des programmes de justice réparatrice ont été énoncés de diverses manières, mais contiennent essentiellement les éléments suivants:

a) Aider les victimes, leur donner la parole, les inviter à exprimer leurs besoins, leur permettre de participer au processus de résolution et leur prêter assistance. Depuis environ deux décennies, il est demandé aux systèmes de justice pénale de se concentrer plus directement sur les besoins et intérêts des victimes. En 1985, l’Assemblée générale a adopté une Déclaration des principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité et aux victimes d’abus de pouvoir, qui énonçait que “les moyens non judiciaires de règlement des différends, y compris la médiation, l’arbitrage et les pratiques de droit coutumier ou les pratiques autochtones de justice, doivent être utilisés, s’il y a lieu, pour faciliter la conciliation et obtenir réparation pour les victimes”. On connaît aujourd’hui bien mieux les besoins (information, participation, expression, empathie, réparation, rétablissement d’un sentiment de contrôle et de sécurité, etc.) des victimes de la délinquance et la façon dont le système de justice pénale peut y répondre. Souvent, cependant, les gens continuent de se plaindre de ce que le système de justice pénale ignore les besoins et les souhaits des victimes. La procédure de réparation, par contre, est souvent idéale pour répondre à nombre des besoins les plus importants des victimes. La procédure classique, en particulier, ne permet pas aux victimes de décrire la nature et les conséquences de l’infraction, et encore moins de poser des questions au délinquant. Le modèle de justice réparatrice peut donner lieu à une procédure où les avis et les intérêts des victimes comptent, celles-ci pouvant participer et être traitées équitablement et avec respect et obtenir réparation. En participant à la prise de décision, les victimes peuvent s’exprimer sur ce qui serait une issue acceptable et se rapprocher d’un apaisement.

b) Retisser les liens endommagés par l’infraction, notamment en obtenant un consensus sur la meilleure façon de procéder. En fait, il est souvent avancé que la réponse ne devrait pas se concentrer sur l’incident, mais sur les liens que celui-ci a compromis ou endommagés. En renforçant la communauté, on peut parfois prévenir d’autres problèmes. L’une des principales caractéristiques de la justice réparatrice est qu’elle combat les comportements criminels bien au-delà du délinquant et de l’infraction. La conciliation, la résolution des différends et le rétablissement des liens sont considérés comme les meilleurs moyens de faire régner la justice, d’aider la victime et le délinquant, et de défendre les intérêts de la communauté. Ils peuvent également aider à déterminer les causes de la délinquance et à élaborer des stratégies de prévention.

c) Dénoncer le comportement criminel comme étant inacceptable et réaffirmer les valeurs de la communauté. La dénonciation de certains comportements est un objectif de la justice réparatrice tout comme elle a été, fondamentalement, l’un de ceux du droit pénal pendant des siècles. La façon, cependant, dont on dénonce ce comportement diffère. Elle s’effectue de manière plus souple en tenant compte non seulement des règles, mais aussi des circonstances particulières de l’infraction, de la victime et du délinquant. Dénonciation positive, elle doit s’inscrire dans un cadre plus large et non être le seul objet de la procédure. Pendant le processus, la forme et les modalités de la dénonciation varieront largement, mais elle en demeurera un élément essentiel. Parfois, bien entendu, des problèmes pourront surgir lorsque les valeurs qu’une communauté réaffirme par le biais de la justice réparatrice ne sont pas conformes à celles consacrées par la loi.

d) Inviter toutes les parties concernées, en particulier les délinquants, à assumer leurs responsabilités. Le processus de réparation a pour objet d’aider les délinquants à assumer la responsabilité de leur comportement et de ses conséquences. On ne se contente pas d’évaluer la culpabilité; on tente de déterminer la responsabilité d’un conflit et de ses conséquences. Ce qu’on encourage, c’est davantage la reconnaissance et l’acceptation actives d’une responsabilité personnelle de l’infraction et de ses conséquences qu’une responsabilité passive imposée par d’autres. Les personnes qui ont joué un rôle direct ou indirect dans l’infraction sont également invitées à assumer leur part de responsabilité dans l’incident. Cela a pour effet d’étendre le processus au-delà de l’incident, de la victime et du délinquant proprement dits. La façon dont cette responsabilité se traduira en actes — excuses ou réparation, en particulier — se déterminera au fil du processus et non par l’application automatique de règles générales de droit. Dans le meilleur des cas, on obtiendra non seulement que le délinquant assume sa responsabilité, mais aussi qu’il se transforme sur les plans cognitif et émotionnel et améliore ses relations avec la communauté et, selon les circonstances, avec la victime et la famille de cette dernière.

e) Définir une entente de réparation tournée vers l’avenir. Plutôt que de placer l’accent sur les règles qui ont été violées et sur la peine qu’il faudrait imposer, la justice réparatrice tend à se concentrer principalement sur les personnes qui ont été lésées. Elle n’écarte pas nécessairement toute forme de peine (amende, incarcération, probation), mais privilégie résolument une entente de réparation tournée vers l’avenir. L’entente recherchée vise à réparer, dans la mesure possible, le mal causé par l’infraction en permettant au délinquant d’apporter une solution constructive. La justice réparatrice se fonde sur des relations et vise des résultats qui satisfassent un grand nombre d’intervenants.

f) Prévenir la récidive en invitant les délinquants à changer et en facilitant leur réinsertion dans la communauté. Bien qu’il se préoccupe surtout du comportement passé des délinquants et de ses conséquences, le processus de réparation se préoccupe aussi de leur comportement futur. L’engagement que prend un délinquant quant à son futur comportement est généralement une composante essentielle des accords conclus par la médiation ou d’autres processus de réparation. Transformer ou “réformer” le délinquant par la réparation est un objectif légitime au même titre que la prévention de la récidive. L’exigence que les délinquants comprennent les conséquences de leurs actes et en assument la responsabilité a clairement pour but de modifier leur comportement futur. Il est entendu que les organismes locaux et publics ont un rôle à jouer dans ce processus.

g) Déterminer les facteurs qui ont conduit à l’infraction et informer les autorités chargées de combattre la délinquance. La réparation est un processus ouvert qui encourage une discussion franche du contexte de l’infraction dans un esprit d’explication plutôt que d’offre d’excuses. Si, par exemple, il apparaît que les délinquants proviennent de régions qui présentent des carences particulières, des mesures peuvent être prises pour remédier à ce problème. 

                                                          Office des Nations Unies contre la drogue et le crime  

                                                         A suivre …

Suivons le Guide!

Source: Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, Manuel sur les programmes de justice réparatrice, 2008, 116 pages