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Je suis avec Xavérine et Karinda pour la réconciliation authentique. Et vous ?

Xavérine et Karinda

Un symbole de réconciliation authentique 

Un signe d’espérance pour le peuple rwandais

Xavérine et Karinda

Photo B. Guillou, 2005

Benoît Guillou, Le pardon est-il durable? Une enquête au Rwanda

Benoît Guillou est journaliste et docteur en sociologie (EHESS). Il a notamment exercé les fonctions de rédacteur en chef du magazine d’Amnesty International en France. Après la guerre et le génocide de 1994, il a effectué plusieurs visites au Rwanda, pour enquêter non pas sur la situation des droits de l’homme, mais sur le pardon et la réconciliation.

En 2014, il a publié le livre: Le pardon est-il durable? Une enquête au Rwanda. Le chapitre 7 présente l’histoire d’une relation de pardon entre une mère (Xavérine) et l’un des assassins de ses fils (Karinda).

Gaël Faye, l’artiste franco-rwandais chante son « Petit pays », le Rwanda, pendant que son compatriote français Benoît Guillou y mène son enquête sur le pardon et la réconciliation.

1. Résumé du chapitre 7

 Xavérine est une femme rwandaise. En avril 1994, dans la commune de Musha au Rwanda, en pleine guerre, son mari et ses trois fils sont assassinés par une bandes de tueurs Hutus de sa colline et des environs, des exécutants de la propagande politique visant les massacres et l’extermination des Tutsis.

Benoît Guillou qui l’a rencontrée après la guerre, raconte:

« Cette perte la plonge dans un état de prostration totale. Le chagrin et le néant l’envahissent: « Ma vie n’a plus de sens ». Désespérément seule, le suicide lui paraît comme son unique horizon. Un matin, elle se dirige vers le lac Muhazi à proximité de son domicile avec ses trois filles [...] En chemin, elle rencontre inopinément la femme qui l’avait accueillie et protégée pendant les premiers jours des massacres sur la colline. Cette dernière ne remet pas en cause son projet suicidaire mais lui suggère de confier ses enfants. Xavérine acquiesce ».

Elle va dans le lac, elle veut se noyer mais n’y arrive pas. La mort ne veut pas d’elle. « Au milieu du lac, j’ai alors senti que je devais demander pardon à Dieu pour cette tentative de suicide », dit-elle. Elle retourna alors chez la femme qui hébergeait ses filles.

L’auteur du livre poursuit:

« Xavérine a perdu tous ses points d’appui. Dieu est illusion ou impuissance [...]. Comme pour d’autres rescapés, l’heure est au règlement de compte et à un rapport marchand avec Dieu.

Parfois, je m’adressais à Dieu pour le supplier de me venger de la mort de mes enfants, je lui promettais de le reconnaître comme Dieu s’il parvenait à me consoler [...] Pour faire arrêter les gens, je n’ai épargné personne sur notre colline, il reste très peu d’hommes [ de faux témoignages conduisent indifféremment innocents et coupables en prison]. Si on m’avait même demandé de les tuer, je l’aurais accepté. »

[...] Son adhésion au Renouveau charismatique catholique représente un élément essentiel pour comprendre sa trajectoire et les changements à venir. Elle va mobiliser de nouvelles ressources l’entraînant à faire un travail sur elle-même, notamment sur sa façon de lire sa vie et de désigner le « mal ». Sa conversion l’amène même à dire: « J’étais en train d’agir de la même manière que les assassins de ma famille ». Elle s’appuya fortement sur la Bible, rendit visite aux prisonniers. Elle alla voir le ministère public (Parquet de la République) pour rencontrer les personnes qu’elle avait fait emprisonner et leur demanda pardon. Elle dit: « A tout ce monde-là, j’ai accordé le pardon. Je ne suis pas contre la justice, en leur pardonnant, je n’ai fait qu’obéir à ma conscience. Les instances judiciaires n’ont qu’à poursuivre leurs investigations. »

Le 8 février 2001, elle livra son témoignage sur le pardon au cours d’une manifestation de grande envergure qui clôturait le jubilé de l’an 2000 et le centenaire de la présence de l’Église catholique au Rwanda. Après avoir donné ce témoignage, Xavérine a rencontré beaucoup de difficultés. Elle a reçu beaucoup de menaces des rescapés du génocide, assoiffés de vengeance. Elles lui reprochaient d’avoir pardonné à ceux qui ont tué ses enfants, d’avoir demandé pardon à ceux qu’elle avait fait emprisonner injustement et de rendre visite aux prisonniers et à leurs familles. Mais elle est restée forte et convaincue que « la paix ne peut venir que du pardon ».

En avril 2003, un homme appelé Karinda habitant la même colline que Xavérine lui demande un rendez-vous pour aborder un sujet important. « Il n’en dit pas davantage mais précise qu’il souhaite qu’il y ait d’autres personnes. Xavérine honore cette demande et l’invite le jour même chez elle en présence d’un couple de voisins Hutus ».

Un de ces voisins restitue les paroles de Karinda:

« J’ai eu des problèmes dans mon corps, maintenant je viens t’en parler. Je t’ai fait du mal. Je viens te demander pardon parce que je t’ai offensée. J’ai tué ton enfant. Maintenant, je viens te demander pardon, parce que je me suis senti très mal. Je ne pouvais plus me coucher, je ne dormais plus, je ne parvenais plus à manger ». Xavérine a répondu: « Le pardon, je te l’accorde ». Aussitôt après, ils se sont embrassés.

L’épouse de Karinda ajoute:

« Je trouvais Xavérine forte, par contre quand Karinda a fini de parler, de dire qu’il avait tué l’enfant, moi j’ai eu peur. Il a dit: « l’enfant, je l’ai frappé avec une sorte de gourdin et il a levé son petit bras comme ça [pour se protéger] ». A ce moment-là, je me suis mise à trembler ».

 L’enquêteur affirme que les propos de cette femme manifestent la sincérité de Karinda. En effet, comme celui-ci le dit lui-même, il faut reconnaître que c’est vraiment un pardon « authentique ».

 Après cette rencontre, Karinda et Xavérine témoignent.

Karinda:

« Avant que je ne demande pardon, j’étais toujours poursuivi par ce que j’avais fait. Je pouvais passer trois jours sans manger alors que j’avais de quoi manger, mais je n’avais pas d’appétit. Je pouvais passer à côté de toi, sans te voir, sans te saluer, comme un somnambule. J’étais obsédé par ce que j’avais fait. C’était comme un film sans fin ».

[...]Je suis allé chez elle, je lui ai dit: « Je viens pour te demander pardon et pour te parler de ma responsabilité dans la mort de tes enfants. Je me remets entre tes mains. Tu peux me pardonner ou ne pas me pardonner ». J’étais sur le point de craquer, j’allais perdre la tête. Je ne me reconnaissais pas, c’était plus fort que moi ».

 Après le génocide, Karinda a été accusé par d’autres rescapés d’avoir tué un neveu de Xaverine et placé en détention, puis libéré sept années plus tard. Il fut condamné à trois ans d’emprisonnement par la juridiction communautaire Gacaca mais il resta en liberté parce qu’il avait déjà passé 7 ans en prison. Lors de l’entretien avec l’enquêteur, celui-ci lui demande si, à l’époque, il ne redoute pas de retourner en prison après cet acte de repentance.

Il répond:

« Non, j’avais la crainte de l’enfer. En demandant pardon, je ne pensais pas à la loi. Elle ne fait pas asseoir le pardon dans les cœurs. Moi, j’avais besoin d’être libéré. J’étais prêt à accepter toutes les conséquences ».

 Xavérine témoigne aussi:

« Notre pardon se concrétise par les visites que nous effectuons l’un chez l’autre, par le partage de la bière de sorgho quand on en a, des travaux manuels qu’on peut faire ensemble, et surtout, quand l’un d’entre nous tombe malade, l’autre donne un coup de main en travaillant son champ. On s’entraide et quand on se rencontre en chemin, on se salue, on se serre la main comme des gens en bonnes relations. Ça donne la joie ».

 L’enquêteur décrit ensuite cette relation entre Xavérine et Karinda comme suit:

Xavérine et Karinda entretiennent à présent une relation affective: « Je l’appelle maman ». Xavérine le nomme: « Mon fils »! Ils partagent une économie mystique, un répertoire d’action commun et une vie communautaire.

 Et, ils ont poursuivi leur engagement pour la réconciliation authentique au niveau social et politique. L’auteur du livre donne un exemple:

Un jour, « Xavérine et Karinda se rendent à la prison centrale de Kigali (PCK). Parmi les détenus, il y avait trois femmes arrêtées sur la base d’accusation de Xavérine. Le Renouveau charismatique – dont elle fait partie – demande l’autorisation d’animer une célébration eucharistique en présence de deux invités de Musha. A la fin de la célébration, Xavérine s’exprime pour demander pardon à ces trois femmes, elle se sent coupable de les avoir dénoncées sur une base qu’elle juge à présent insuffisante.

Le membre de la communauté d’Emmanuel relate ce moment précis:

Elles ont pris la parole à tour de rôle, elles disaient: « Nous aussi, si nous avions vécu ce que tu a vécu, si nous étions à ta place, nous pensons que nous aurions fait pire ». Elles se sont embrassées, elles ont pleuré: « Même si nous sommes en prison, nous savons qu’un jour nous serons libérés ». Xavérine a dit: « Si cela relevait de mon pouvoir, vous seriez libérées tout de suite, mais il faut suivre la procédure normale ».

 En octobre 2001: la population doit élire les juges « intègres » appelés à siéger dans les juridictions communautaires appelées Gacaca. Xavérine est élue puis désignée par les autres juges pour assurer la présidence de la juridiction au niveau de sa cellule (la plus petite entité administrative sur la colline). Les audiences commencent en 2005. Mais, comme dit l’enquêteur, le fait de ne pas prendre en considération les exactions dont ont été victimes les Hutus après le génocide constitue un autre motif de désaccord (les juridictions Gacaca n’étant compétentes que pour les crimes de génocide). Xavérine part à nouveau de son expérience personnelle pour plaider en faveur d’une justice impartiale:

«Je pense personnellement que ceux qui ont été chargés faussement ont le droit à ce que les accusateurs leur demandent aussi pardon durant ces gacaca. Ce serait une occasion pour moi de parler du cas de ces femmes que j’ai dénoncées et fait arrêter. Elles restent toujours en prison alors que je me suis fiée aux échos. La situation de ces femmes me trouble. La miséricorde divine n’a pas de limite, je garde espoir que chacun puisse être éclairé ».

L’auteur du livre recevra plus tard en 2009 une information comme quoi « les juridictions gacaca sous la présidence de Xavérine furent considérées comme un « modèle » par la population et les autorités au niveau du secteur de Rutoma [...] »

Niyomugabo Philémon chante: « Soyons les artisans de paix »

2. Commentaires

Cette enquête et ces témoignages prouvent encore une fois que mon plaidoyer pour un droit-guide de la réconciliation est fondé.

Dans ce plaidoyer publié déjà en 2002, j’ai cité un autre témoignage d’une Sœur ayant pardonné à un homme, en prison, qui a tué son papa (page 27 version internet). C’était un récit raconté par un prêtre rwandais, l’abbé Jean Baptiste Bugingo, lorsqu’il disait qu’il y avait (en 2001) 300 prisonniers qui ont écrit aux familles de leurs victimes pour leur demander le pardon et les familles sont venues et se sont réconciliées. Et je pense qu’il s’agit bien de Sœur Geneviève que Benoît Gillou parle dans son livre (pages 96 à 99) vu la ressemblance des éléments de ces deux récits qui se recoupent. J’affirmais que si des centaines de prisonniers parviennent à se réconcilier avec leurs victimes, le fait de rester en prison n’a plus de sens, au point de vue social et juridique, car ils ne représentent plus aucun danger pour la société, le but ultime poursuivi ayant été atteint ; c’est-à-dire : le reclassement psychosocial. Pour pareils exemples de réconciliations, la société n’a plus aucun intérêt à continuer d’encombrer les prisons de personnes qui demandent pardon pour les infractions commises, encore que les victimes acceptent de leur offrir ce pardon. Si on admet que «lorsqu’un homme blesse un autre homme, c’est toute la communauté humaine qui est atteinte », il faut aussi accepter que « lorsqu’un homme est pardonné par un autre homme, c’est toute la communauté qui est réconciliée ». Si l’on acceptait que «la justice pénale se justifie surtout par la nécessité de prévenir la répétition de conduites criminelles, tout en s’efforçant de réconcilier la société avec ceux de ses membres qui ont méconnu des interdits fondamentaux », ces 300 prisonniers seraient libérés, sans attendre la fin du procès, évidemment au cas où la loi du pardon serait prévue dans la législation nationale. Ce qui n’empêcherait pas la poursuite du jugement pour la réparation du préjudice.

D’autre part, il faut affirmer, avec vigueur et conviction, que des Tutsi et des Hutu, rescapés ou non et responsables ou non du génocide, n’avaient aucune raison de menacer Xavérine et Karinda pour leurs actes de pardon et de réconciliation en faveur de leur paix mais aussi de la paix sociale. Comment expliquer ces menaces alors que la politique nationale prône la réconciliation? Ces rwandais auraient-ils préféré que Xavérine et Karinda se suicident? Je ne crois pas. Ces derniers n’avaient-ils pas les droits au pardon mutuel, c’est-à-dire demander pardon et pardonner, pour pouvoir revivre ensemble en paix? Comme d’autres droits humains universels, ces droits à la réconciliation (uburenganzira ku bwiyunge) devraient aussi être reconnus en droit national et même international. Voilà pourquoi, depuis 2001, je plaide pour l’instauration d’un droit-guide de la réconciliation.

Dans ce récit, un autre cas très parlant est celui de ces prisonniers qui ont été dénoncés sur base des fausses accusations de Xavérine. Si cette dernière a reconnu ses torts et leur a demandé pardon, pourquoi la justice continuait-elle de les garder en prison? Dans quel intérêt? L’intérêt pour qui alors que même Xavérine était « troublée » par cette situation? S’ils ont été emprisonnés suite aux dénonciations de Xavérine, pourquoi celle-ci a-t-elle été privée de son droit de les faire libérer après avoir avoué que ses accusations étaient fausses? Difficile à comprendre.

Suite à son pardon exemplaire, Xavérine a eu la confiance non seulement de la population car elle a été élue comme juge de la juridiction Gacaca, mais aussi les juges lui ont fait confiance en la désignant présidente de cette juridiction (instituée par la Loi organique n° 40/2000 du 26/01/2001 portant création des « Juridictions GACACA » et organisation des poursuites des infractions constitutives du crime de génocide ou de crime contre l’humanité, commises entre le 1er octobre 1990 et le 31 décembre 1994).

La loi portant création des Juridictions Gacaca a suscité beaucoup de réactions tant positives que négatives dans les milieux privés et publics, mais ces différentes opinions ont enrichi les débats sur les thèmes du pardon et de la réconciliation. Si alors aujourd’hui, comme le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) qui va fermer définitivement ses portes, ces juridictions Gacaca n’existent plus, car leur mission est terminée, quelle nouvelle justice envisage-t-on pour continuer à promouvoir et favoriser la réconciliation rwandaise? La médiation et la justice réparatrice ne sont-elles pas des modes de résolution des conflits appropriés pour la résolution des conflits rwandais? C’est cela que propose ce Guide de la Réconciliation pour la Paix (Rappelons que ce projet a été créé aussi en 2001, comme la Loi sur les Juridictions Gacaca qui, elle, n’est plus en vigueur). 

Une instance de médiation, avec Xavérine et Karinda comme médiateurs ou conciliateurs, pourrait alors devenir aussi un modèle d’une bonne justice pour la réconciliation.

Etes-vous, comme moi, avec Xavérine et Karinda pour la réconciliation authentique? Si oui, mobilisons-nous alors ensemble.

Suivons le Guide!

Ubwiyunge nyakuri bukeneye ubuyobozi n’amategeko abugenga

Muri iyi nyandiko ngamije kwerekana uburyo ubwiyunge bukwiye kugira ubuyobozi n’amategeko abugenga kugirango bushobore kugerwaho mu by’ukuri.

Biragaragara ko hari abantu benshi bamaze kubona ko ubwiyunge bw’abanyarwanda ari kimwe mu bibazo by’ingenzi bigomba kwitabwaho kugirango dushobore kubana mu mahoro arambye. Ni yo mpamvu bamwe muri bo bafite ibikorwa biharanira ubwo bwiyunge. Hashyizweho komisiyo y’igihugu y’ubumwe n’ubwiyunge, hari abakoze inyandiko cyangwa banditse ibitabo ku bwiyunge, hari abahanzi baburirimba, hari ababukoraho ubushakashatsi ndetse n’ibiganiro mbwirwaruhame, abandi bashyizeho imishinga cyangwa amashyirahamwe yo kubuharanira, hari abasaba imbabazi n’abazitanga hakaba n’ababafasha kubigeraho, hari abatanga ubuhamya bugaragaza uko biyunze, n’ibindi.

Ibyo byose birerekana ko dukeneye ubwo bwiyunge koko, nyamara ariko ugasanga abanyarwanda tutavuga rumwe ku byerekeye uburyo bukwiye kugerwaho. Tukabuvuga mu bubryo butandukanye bitewe no kudasobanukirwa cyangwa se n’inyungu buri muntu ku giti cye yabubonamo, hakiyongeraho n’akababaro buri wese aba afite. Byagera muli politiki ho bikarushaho! Urugero ni uko hari abavuga ko umuhutu wese yagombye gusaba imbabazi mw’izina ry’ubwoko bwe kubera ihohoterwa n’iyicwa ry’abatutsi byakozwe kuva kera na bamwe mu bahutu babaziza ubwoko bwabo, abandi nabo bati niba ari ibyo byagombye no kuba uko ku mututsi wese kubera ko hari n’abahutu bakandamijwe cyangwa bakicwa na bamwe mu batutsi nabo babaziza ubwoko bwabo. Ikibazo umuntu yabaza izo mpande zombi kikaba ari ukumenya ukuntu izo mbabazi zageza abanyarwanda ku bwiyunge nyakuri. Nyamara hari abandi bavuga bati KIRAZIRA nta muntu ukwiye gusaba imbabazi z’icyaha atakoze ku giti cye kuko icyaha ari gatozi, nkuko amategeko mpuzamahanga arengera uburenganzira bw’ikiremwamuntu abiteganya ndetse n’amategeko mpanabyaha y’igihugu akabyemeza. Ni uko impaka zikaba urudaca!

  • Ese ubwiyunge ni iki, hiyunga nde na nde, biyunga bate, biyunga ryari, biyungira he, inzira z’ubwiyunge ni izihe;

  • ubwiyunge butaniye he n’imbabazi, butandukanira he n’ubutabera, …

  • Imbabazi ni iki, zisabwa gute, zitangwa gute, zitangwa na nde, zihabwa nde, zitangirwa he, zitangwa cyangwa zisabwa ryari, bitewe n’iki, …

  • Ese imbabazi zisimbura igihano?

  • Uburenganzira bw’ikiremwamuntu n’ubwiyunge bitandukanira he, bihuzwa n’iki?

  • Abashaka kwiyunga babigeraho bate, babifashwamo na nde?

  • Ni bande bakwiye gusabira abanyarwanda imbabazi ibyaha bakoreye abanyamahanga cyangwa ibyo abo abanyamahanga bakoreye abanyarwanda?

  • Ese umuntu ashobora gusabira imbabazi ubwoko bwe?

  • Ni ryari umuntu ashobora gusabira undi imbabazi? N’ibindi, n’ibindi.

Ibyo byose ni ibibazo abanyarwanda bibaza kandi badafitiye ibisubizo bimwe. Ni nde wagombye kubaha ibisobanuro bikwiye ndetse agakiza izo mpaka? Yashingira kuki? Ibyo bisobanuro yabivana he? Byagenda gute rero? Reka ngerageze kugereranya iyo politiki y’ubwiyunge n’ubutabera mpuzabantu.

 Gufasha abashaka kwiyunga mu rwego rwa politiki

Nkuko nabisobanuye mu nyandiko yerekeranye n’ukuntu ubutabera mpuzabantu bufasha abashaka kwiyunga, abahuza si abacamanza kandi ntibagira uruhande babogamiraho. Ariko bunganira abacamanza kugirango ubutabera bugerweho neza. Nubwo ari imwe mu nzira z’ubwiyunge, ubucamanza busanzwe ntibuhuza abantu. Ubutabera nyabwo ni ubutuma abantu bashobora kwiyunga bakongera kubana. Ku byerekeranye na politiki nabyo, abanyepolitiki bo mu mashyaka nabo bakora politiki y’ubwiyunge butari ubwiyunge nyakuri iyo bayiganisha ku nyungu z’amashyaka yabo aba agamije ubutegetsi bw’igihugu, aho kuyiganisha ku nyungu za rubanda rwose batavanguye. Niyo mpamvu kugirango ubwiyunge nyakuri bushobore kugerwaho bukwiye kuyoborwa n’abandi bantu badakora politiki igamije ubutegetsi. Muri uyu mushinga, abo ni bo nita abayobozi b’ubwiyunge. Ni nayo mpamvu uyu mushinga nawise « Umuyobozi w’Ubwiyunge mu Mahoro » kuko ugamije gusobanurira abantu imbabazi n’ubwiyunge wifashishije abahanga babizobereyemo. Kimwe n’uko abayobozi mu butegetsi bw’igihugu bakomoka mu mashyaka, abayobozi b’ubwiyunge nabo bagombye kuva mu mashyirahamwe ya société civile n’amadini kuko ntaho abogamira muli politiki y’ubwo butegetsi.

Aha umuntu yakwibaza ati ariko se abo bayobozi b’ubwiyunge bakora iki? Akazi kabo kaba akahe? Hari ibibazo byinshi birebana n’ihungabanywa ry’uburenganzira bw’ikiremwamuntu cyane cyane irikorwa n’abashinzwe kwubahiriza amategeko ndetse n’abanyepolitiki bitwaje imyanya yabo, ugasanga ubutabera bunanirwa kubikemura kubera kubura ubwigenge. Ibyo byose usanga amashyirahamwe n’amadini ari yo abyamagana ariko akabura ingufu zo kurwanya ako karengane kandi n’ubutabera ntibubishobore kuko buba butegekwa n’abanyepolitiki. Amashyirahamwe n’amadini abura izo ngufu kubera ko aba atari mu nzego za politiki y’ubuyobozi bw’igihugu. Ni yo mpamvu hakwiye kujyaho amategeko yatuma abayahagarariye bagira ubwo bushobozi bwo kurandura ubwabo ako karengane bamagana aho kubisaba abanyepolitiki batabikozwa. Hateganywa ko ayo mashyirahamwe n’amadini agira intumwa mu buyobozi bw’igihugu butari ubwa politiki y’ubutegetsi nshingategeko (Pouvoir législatif) cyangwa iy’ubutegetsi nyubahirizategeko (Pouvoir exécutif). Ni ukuvuga ubuyobozi bw’ubutabera n’ubwiyunge (Pouvoir de la Justice et de la Réconciliation).

Iyo politiki y’ubwiyunge yakwubahirizwa ite?

Abo bayobozi b’ubwiyunge ni nabo basobanurira rubanda uburyo imbabazi n’ubwiyunge byagerwaho, maze bakarengera ubumwe bw’abaturage. Kugirango imbabazi n’ubwiyunge byumvikane mu buryo bumwe butari ubw’amadisikuru atandukanye cyangwa yivuguruzanya y’abanyepolitiki, ibyo nabyo birasaba ko hajyaho amategeko agenga uburyo ubumwe n’ubwiyunge bikwiye kugerwaho. Ni ukuvuga amategeko-nyobozi y’ubwiyunge. Ayo mategeko ntabwo yategeka abantu gusaba imbabazi cyangwa kuzitanga kuko imbabazi ziva ku mutima w’umuntu, nta nubwo yabategeka kwiyunga, ahubwo yabasobanurira kandi akabayobora abereka uburyo bakwiye kubigeraho. Ayo mategeko yarandura umuco mubi w’ikinyoma, uwo guhora, kwihorera, guhorera no kutagorora abanyabyaha (kudahana) bituma habaho insubiracyaha. Ni nayo yatanga ibisubizo kuri biriya bibazo abantu benshi batavugaho rumwe. Abayobozi b’ubwiyunge baba bashinzwe kuyubahiririza, muri ubwo buryo bakunganira abanyepolitiki bo mu mashyaka (abashyiraho amategeko asanzwe n’abayubahiriza), nkuko abahuza bakwunganira abacamanza mu butabera.

Ku itariki ya 1/03/2014 i Bruxelles mu Bubiligi habereye inama yitabiriwe n’abantu benshi bari baje gushyigikira ibikorwa birengera uburenganzira bw’ikiremwamuntu by’Ikigo Kirwanya Umuco wo Kudahana no Kurenganya mu Rwanda (CLIIR). Iyo nama yari yatumijwe n’abanyarwanda babili bo muli société civile bagize icyo gitekerezo, ikaba yarimo abanyepolitiki bo mu mashyaka, abahagaririye amashyirahamwe ya société civile, na rubanda rwa giseseka. Nyuma y’amagambo yavuzwe n’umuhuzabikorwa w’icyo kigo akaba n’umwe mu bagize Inteko y’Ubumwe, Amahoro n’Ubwiyunge mu Rwanda (CUPR) nabo bari bitabiriye icyo kiganiro, umwe mu banyarwanda bari aho yafashe ijambo ashimira abagize igitekerezo cyo gushinga iyo Nteko. Mu gusoza yanabasabye ndetse gushinga ishyaka akaba ari ryo ajyamo kuko abona ibitekerezo n’ibikorwa byabo biruta iby’andi mashyaka yose. Umwe mu bagize iyo Nteko akaba nawe aharanira uburenganzira bw’ikiremwamuntu yamushubije ko nta mugambi bafite wo gushinga ishyaka rya politiki kuko baba batereranye abo bashinzwe kurengera.

Sinzi niba uwo munyarwanda yaranyuzwe bihagije n’icyo gisubizo, ariko ikibazo cye gifite ishingiro. Kuko mu rwego rwa politiki, biragaragara ko hakenewe abayobozi baharanira uburenganzira bw’abanyarwanda, ubutabera, amahoro, umubano, ubumwe n’ubwiyunge nyakuri, ariko batari abanyepolitiki dusanzwe tumenyereye. Bimaze ndetse kugaragara ko abanyarwanda benshi bitabira ibikorwa by’abashinzwe kurengera uburenganzira bwabo kurusha uko bitabira iby’abanyepolitiki bo mu mashyaka. Kuri iriya tariki, umubare w’abitabiriye iriya nama waruse kure uw’abitabira inama z’amashyaka.

Umuntu yakwibaza ariko ukuntu abahagarariye ayo mashyirahamwe bazashobora kwumvisha ibitekerezo byabo abanyepolitiki kandi batari ku rwego rumwe nabo. Icyizere bagira cy’uko ibyifuzo byabo byazashyirwa mu bikozwa n’abo banyepolitiki bo mu mashyaka baramutse bageze ku butegetsi ni ikihe? Kuva kera, bamwe mu banyepolitiki ntibemera ko amwe mu mategeko yubahirizwa ku bantu bose, kandi ari bo baba bayashyizeho. Igihe cyose abaharanira uburenganzira bw’ikiremwamuntu ntibahwema gusaba abanyepolitiki kurenganura abarengana ariko kenshi bigafata ubusa kuko aba nabo rimwe na rimwe baba babifitemo uruhare. Ugasanga amaraporo yabo amaze imyaka yuzuye mu bubati bw’ibiro by’abanyepolitiki, yaratoye uruhumbu kubera gushyingurwa burundu (classement sans suite), n’amabaruwa yabo ntabone ibisubizo. Kandi koko, ngo ntawe urega uwo aregayo.

Kugera naho abaharanira ubwo burenganzira nabo bazira ko bamagana ako karengane, maze bakananirwa kwirwanaho ubwabo. Bamwe bakamburwa ubuzima bwabo abandi bakabifungirwa cyane cyane iyo bakoze imyigaragambyo, abarokotse iryo fungwa bagafata inzira y’ubuhungiro, kandi mbere y’uko ababafungisha bagera ku butegetsi barigaragambyaga hamwe nabo, nkuko umuririmbyi BYUMVUHORE Yohani Batista abivuga. Iyo bikomeye ndetse, bitabaza ibihugu by’amahanga cyangwa Umuryango w’Abibumbye, ariko nabwo ntihagire icyo bitanga kubera impamvu za politiki. Amabaruwa n’amaraporo atabona ibisubizo, amatangazo adasomwa, amasinyatire (signatures) ya za pétitions,… ayo madosiye yose agashyingurwa burundu. Ubutazikurwa! Na ba nyirayo badahari nibura ngo bayaherekeze, kuko baba batabimenyeshejwe. Akababaro k’inzirakarengane kagapfukiranwa. Ingero ni nyinshi cyane. Iyo politiki irushije amategeko kuremera, nibura ntibinganye uburemera – ariko nabyo si ko bikwiye – icyo gihe amategeko ntarusha amabuye kuremera, kandi ari ko byagombye muri demokarasi dushaka. Ubwiyunge buba bukiri kure kubera ko nta butabera. Nyamara mw’Itegeko-nshinga, rya tegeko risumba ayandi yose kandi andi mategeko yose agomba kwubahiriza, abanyapolitiki ntabwo bandikamo ko igihugu kigendera kuri politiki ahubwo bavuga ko igihugu kigendera ku mategeko. Bagomba rero kwirinda kujya hejuru y’ayo mategeko.

Niyo mpamvu bamwe muri abo bamagana akarengane biyemeza gushinga ayabo mashyaka agamije guhindura ibintu, nyamara bagera ku butegetsi nabo bagakora ibyo barwanyaga. Abanyarwanda batakoze cyangwa badakora politiki igamije ubutegetsi twibaza ikibitera. Byaba se ari bya bindi bamwe bita ngo ni « amacenga ya politiki » abandi ngo ni « amaco y’inda »? Ibanga ry’iyo politiki sinzi ko tuzarimenya kuko tudashaka kandi tutagamije kuyijyamo. Gusa niba bamwe mu bashinzwe kurenganura abaturage nabo babarenganya cyangwa ntibashobore kubarenganura kubera impamvu zinyuranye, buri wese yagombye kubona ko icyo ari ikibazo gikomeye cyane kandi cyagombye kubonerwa umuti. Birababaje kandi biteye kwibaza. Umuntu yavuga ko hari ikintu kibura kugirango iyo politiki ishobore kurengera bose, amategeko yubahirizwe kuri bose, hose kandi igihe cyose. Ni yo mpamvu imiyoborere n’imitegekere y’igihugu byagombye kuvugururwa (réforme du système politique). Kuko ikibazo kitari kuri abo bategetsi ku giti cyabo gusa, ahubwo ahanini kiri no muri système politique bishyiriyeho, kuko niyo basimburanye icyo kibazo kigumaho kubera ko abashya badahindura iyo système. Kuva kera ni uko byahoze. Hakwiye kwigwa indi nzira rero yatuma haboneka abandi bantu bagira ububasha n’ubushobozi bwo kurandura ako karengane. Burundu. Byagenda gute?

Umuryango uhuza abaharanira n’abashaka ubwiyunge nyakuri

Igihe kirageze rero ngo abaharanira ubwiyunge batekereze ku buryo ibikorwa byabo byakwumvikana mu rwego rwa politiki. Uburyo mbona nyabwo ni ukwemera bagakora politiki y’ubumwe n’ubwiyunge itagamije ubutegetsi ahubwo igamije guhuza abaturage no kubayobora mu bwiyunge. Iyo politiki ntisaba kugira « amashyaka » menshi nk’ay’abandi banyepolitiki kubera ko, nkuko izina ryayo ribivuga, iyo politiki nshya yo igamije ubumwe nyabwo. Abifuza kuyoboka iyo politiki bakwiye kwishyira hamwe mu muryango umwe mugali ubahuza.

Uwo muryango wayoborwa n’intumwa z’amashyirahamwe n’amadini kimwe n’abandi bantu baharanira ubwiyunge ku giti cyabo, bityo abaturage bakawushyigikira kandi bakawuyoboka kuko bawukeneye, nk’uriya munyarwanda navuze haruguru. Izo ntumwa ntizaba zitereranye abanyamuryango b’amashyirahamwe n’amadini bahagarariye ahubwo ni uburyo bwo kubarengera kurushaho. Ni kimwe n’uko abagize iriya Nteko y’Ubumwe, Amahoro n’Ubwiyunge mu Rwanda nabo bari mu yandi mashyirahamwe. Umuntu yavuga ko ari intumwa zayo muri iyo Nteko. Abagize iriya Nteko rero nabo bajya muri uwo muryango. Amashyirahamwe n’amadini yo ntagira ikibuga cyo gucenganiramo politiki no gutsindaniramo ibitego (mu makipe ya Tuzatsinda na Turatsinze !), nta n’izindi nyungu aharanira uretse iza rubanda kuko atarwanira ubutegetsi. Ni yo mpamvu ari yo akwiye gukora iyo politiki y’ubumwe n’ubwiyunge. Uwo muryango ni nawo wategura umushinga w’amategeko-nyobozi y’ubwiyunge yasobanurira rubanda uburyo ubwo  bwiyunge nyakuri bukwiye kugerwaho.

Nkuko ubutabera mpuzabantu bwakwunganira ubucamanza busanzweho, uwo muryango nawo wazunganira amashyaka ya politiki mu milimo y’ubuyobozi bw’igihugu irebana n’ubumwe n’ubwiyunge. Abo bayobozi b’ubwiyunge bakorana n’izindi nzego zisanzweho z’ubucamanza n’iz’ubutabera mpuzabantu mu Buyobozi bw’ubutabera n’ubwiyunge. Itegeko ryazagena ububasha n’imikorere yabo ndetse n’uburyo bashyirwaho.

Abanyarwanda bamwe bamaze gushishoza bamenya ko ntacyo bapfa hagati yabo mu by’ukuri, ko ibibazo tugirana biterwa na politiki mbi zadutanyije zikoresheje amoko ndetse n’uturere. Umuririmbyi nyakwigendera Matata Jean-Christophe ni we wagize ati: « abanyotewe gutwara ni bo badutwara baduta mu macakubiri ». Mu kiganiro ku bwiyunge nayoboye tariki ya 11 Mata 2014 i Beaumont mu Bubiligi, umwe mubari aho (umubiligi kavukire) yunze murya Matata avuga ko no mu gihugu cye abanyepolitiki ari bo bateza amacakubiri hagati y’aba flamands n’aba wallons. Ati iyo ni ya politiki yo gucamo abantu mo ibice, ukabatandukanya kugirango ubone uko ubategeka (diviser pour régner).

Kubera iyo mpamvu kimwe n’iriya navuze yuko bamwe mu banyepolitiki barenganya rubanda kandi ari bo bashinzwe kwubahiriza amategeko, hari ndetse n’abanyarwanda batakibagirira icyizere. Abageze ku bikorwa by’ubwiyunge ku bwabo cyangwa hamwe n’abandi banyarwanda, ni ukubera ko bashoboye kwiyubaka maze barenga ibibazo by’amoko. Uriya muryango wabafasha guhuza ibyo bikorwa n’ibitekerezo byiza bafite byubaka umubano w’abanyarwanda kandi ukagarurira rubanda icyizere mu banyepolitiki bo mu mashyaka, bityo bose bakabyungukiramo. Kwishyira hamwe byagabanya ingufu z’abashaka kudutanya. Abagize Société civile n’amadini bakwiye kugira « garantie » y’uko abanyepolitiki b’abategetsi batazongera gukora politiki mbi yo gutanya abanyarwanda. Nta yindi « garantie » rero nyayo uretse kuba ari bo ubwabo bakora politiki yo guhuza abanyarwanda kuko batanye, hagamijwe no gukosora amakosa yakozwe kuva kera.

Kimwe n’uko mu butabera abahuza batagira uwo (uruhande) babogamiraho, no mu rwego rwa politiki abayobozi b’ubwiyunge nabo nta shyaka babogamiraho kuko baharanira ubumwe n’umubano nyarwanda. Kutabogama, kutabera, ubwigenge, icyizere no kwizerana ni byo byabaranga mu milimo yabo.

Uwo muryango wakwitwa ngo iki? Imikorere yawo yaba iyihe? Tubitekerezeho…

Ibibazo bidasanzwe bicyemurwa n’umuti udasanzwe kandi impinduka ikorwa n’ibitekerezo bishya

Ndi Umuhuza w’Umushinga w’Ubwiyunge Nyakuri, ntabwo ndi umuhanuzi…

Umushinga wigenga utabogamiye kuri politiki y’amashyaka n’ubutegetsi.

  • Mushaka kumenya ibitekerezo bishya ku bwiyunge nyakuri, mukande hano (murebe inyandiko ziri mu cyika cya mbere). Murabigezwaho na MUSOMESHA Aloys, umuyobozi n’umuhuza w’uyu mushinga. Musome kandi namwe musomeshe n’abandi!
  • Kureba vidéos no kwumva umuziki ku bwiyunge nyakuri, mukande hano

Paix et guerre selon saint Augustin

« Qui veut la paix prépare la guerre » ? En voulant comprendre comment on peut vouloir la paix pour soi et pour les autres en faisant la guerre, j’ai eu la curiosité de savoir ce que dit saint Augustin à propos de la paix et de la guerre. En lisant le livre « Paix et guerre selon saint Augustin »(voir la présentation), je m’imaginais que j’allais trouver une citation qui contredit ce proverbe, où le Père de l’Église aurait dit: « Qui veut la paix prépare la paix. » Mais non, je ne l’ai pas trouvée. Au contraire, j’ai été surpris par l’affirmation de saint Augustin selon laquelle certaines guerres peuvent être justes. Quelle découverte! Comment un Père de l’Église peut-il défendre cela? Me suis-je demandé. N’aurait-il pas pu découvrir plutôt les moyens d’avoir la paix sans devoir recourir à la guerre, puisqu’on sait très bien que pendant la guerre il n’y a pas de paix? En poursuivant la lecture, j’ai trouvé cette phrase: « les guerres ont un fait, une réalité humaine; il s’agit d’y limiter le déchaînement du mal. » C’est-à-dire que le risque des guerres existe toujours. Je commençais alors à trouver un peu d’explication.

J’ai ensuite appris que la doctrine de saint Augustin donne des conditions pour qualifier une guerre de juste et qu’elle a non seulement inspiré l’Église catholique mais aussi la politique internationale. En effet, dans son chapitre consacré à la sauvegarde de la paix (art. 2302 à 2317), on peut voir que le Catéchisme de l’église catholique, en décrivant les conditions d’une légitime défense par la force militaire (1), s’est inspiré de celles de la guerre juste énoncées par saint Augustin (2), tout en les actualisant. Mais avant d’énoncer ces conditions, l’Église donne cette recommandation: « Chacun des citoyens et des gouvernants est tenu d’œuvrer pour éviter les guerres. Aussi longtemps cependant que le risque de guerre subsistera, qu’il n’y aura pas d’autorité internationale compétente et disposant de forces suffisantes, on ne saurait dénier aux gouvernements, une fois épuisées toutes les possibilités de règlement pacifiques, le droit de légitime défense » (art 2308). Cela va aussi dans le sens de la Charte des Nations Unies qui prévoit que la guerre doit être à priori évitée avant d’être et n’être menée que par nécessitée impérieuse, spécialement aux articles 33 à 51 sur le chapitre 6 « Règlement pacifique des différends » et le chapitre 7 « actions en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression »(lire le texte). L’auteur du livre affirme d’ailleurs que « ces textes d’Augustin, qui sont à l’origine de la réflexion occidentale sur la paix et la guerre, se révèlent aujourd’hui d’une étonnante actualité ».

Cet article n’est pas un résumé de tout le livre, mais il donne uniquement un aperçu sur les textes à propos des deux discours de saint Augustin sur la paix et de son écrit sur les modalités et charte de la paix.

  1. Deux discours sur la paix

Saint Augustin ne parle pas seulement de la paix obtenue par la voie de la « guerre juste ». Il prône aussi la paix avec des moyens non violents, comme la prière et la justice.

 A. Sermon 357 prononcé à Carthage en 411.

 Dans ce Sermon, Augustin fait l’éloge de la paix. Qui se veut un ami de la paix se comporte en ami des ennemis de la paix, dit-il, et prend en pitié celui qui n’aime pas ce que tu aimes, qui ne possède pas ce que tu possèdes. Pour augmenter la paix, il faut la partager, dit-il: « la paix est comme ce pain qui, dans les mains des disciples du Seigneur, s’accroissait au fur et à mesure qu’il était rompu et distribué (cfr Mt 14, 19-20; Mc 8,6-8) ». Dans son discours, il appelle à la patience et à la prière en ces termes: si, d’aventure tu entends une insulte, supporte-là, fais la sourde oreille, passe dessus! Rappelle-toi qu’il faut soigner!…Tu te veux l’ami de la paix? Sois heureux dans ton cœur avec ta bien-aimé! …Élimine les disputes, tourne-toi vers la prière! Ne repousse pas avec des insultes celui qui t’insulte, mais prie pour lui! Je ne te dis pas de te taire; choisis plutôt en quel lieu tu parles, auprès de qui tu parles en silence, en fermant les lèvres et en laissant crier ton cœur! Là où il ne te voit pas, là, sois bon en sa faveur! C’est l’enseignement même de Jésus-Christ: aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent (Luc 6, 27-36 et Matt 5, 38-48; 7, 12a).

Saint Augustin dit que si nous voulons aimer la paix, il faut nous rappeler que nous sommes des frères, même celui qui veut se quereller avec nous et qui nous déteste. Parce que ce dernier, lui aussi il dit comme nous: « Notre Père, qui es aux cieux » (Mt 6,9). Demandons donc à cette personne de reconnaître ce qu’elle dit avec nous et de condamner ce qu’elle fait contre nous. Puisque, nous formons un peuple de frères et sœurs en humanité, les enfants de Dieu, et que nous possédons une seule et même voix devant le Père, pourquoi ne possédons-nous pas une seule et même paix? En effet, il peut paraître insensé que les personnes qui se disent avoir un même Père qui leur veut la paix se fassent eux-mêmes la guerre.

 B. Paix en Dieu, justice et paix

 Dans ce discours, saint Augustin propose de vivre au quotidien cet appel intérieur à la paix: « j’écouterai ce que dit en moi le Seigneur Dieu, car il parle de paix en son peuple, au-dessus de ses saints et en ceux qui tournent leur cœur vers lui  » (Ps 84,9) car la voix du Christ, la voix de Dieu, est la paix et nous appelle à la paix. « Que pouvez-vous trouver de ma part qui pour vous soit meilleur que la paix? » dit saint Augustin. Mais il ajoute qu’il ne peut y avoir de paix complète dans l’homme mortel. Et que pour avoir part à la paix parfaite et complète de Dieu dans la vie éternelle, il faut, comme le dit le même psaume, tourner le cœur vers le Seigneur.

En outre, quelqu’un qui veut posséder la paix doit faire la justice, car s’il n’aime pas la justice il ne possédera pas la paix. Il n’y a personne, en effet, qui ne veuille la paix, même le méchant, mais tous ne veulent pas mettre en œuvre la justice: ne vole pas, ne fait pas à autrui ce que tu ne veux pas subir, ne dis pas à autrui ce que toi-même ne veux pas qu’on te dise, … Si on veut aller vers la paix, il faut faire la justice, selon le Ps 33,15: « Écarte-toi du mal et fais le bien »; c’est-à-dire aimer la justice,  »recherche la paix et poursuis-la! » Saint Augustin complète bien ce psaume en disant: « Car à ce moment-là, tu ne la rechercheras pas longtemps, parce qu’elle-même se présentera à toi, pour embrasser la justice ». On ne peut donc prétendre avoir la paix en Dieu sans faire la justice selon ses commandements.

2. Extraits du Traité sur la paix dans la Cité de Dieu. Modalités et charte sur la paix

Le Traité sur la paix dans la Cité de Dieu parle des modalités de la mise en œuvre de cette paix. Pour Augustin, l’humanité a le malheur d’être divisée par la différence des langues qui rend l’homme étranger à l’homme, car la ressemblance si forte de leur nature ne leur sert à rien. Pour ceux qui font les guerres, une fois que celles-ci sont terminées, la misère découlant des malheurs de ces guerres ne finit pas pour autant. Mais la paix reste la fin souhaitée par ceux qui font la guerre, selon le proverbe « Qui veut la paix prépare la guerre ». Tout homme en faisant la guerre recherche la paix mais personne ne cherche la guerre en faisant la paix. Car, ceux qui veulent cette guerre ne haïssent pas la paix mais désirent la transformer à leur gré. Les brigands, en s’attaquant violemment à la paix des autres, veulent avoir la paix à eux-mêmes et avec leurs collaborateurs. Et même quand les rebelles et les méchants mènent la guerre, ils veulent que leurs adversaires soient soumis pour leur imposer les lois de leur paix.

On comprend donc maintenant ce que signifient les mots « qui veut la paix » du proverbe cité plus haut. En réalité, il aurait été mieux de dire « qui veut sa paix » car il s’agit bien d’une paix qui n’est pas négociée par toutes les parties en conflit. C’est plutôt la paix qui profite à celui qui est le plus fort: le vainqueur. Mais, à mon avis, cela a été dit express pour que d’autres personnes  puissent se rallier à la cause de la guerre, en leur faisant croire que les combattants leur trouveront la paix. 

Le commandement de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain est une source de paix et de concorde. La paix de la famille se rapporte aussi à la paix de la cité car « le père de la famille emprunte à la loi de la cité les règles par lesquelles il gouverne sa maison, pour qu’elle soit accordée avec la paix de la cité », dit saint Augustin. Parlant du rapport de la justice avec la religion, le Père de l’Église affirme que là où l’homme n’est pas au service de Dieu, on ne pourrait pas penser qu’il y a justice en lui car l’âme ne peut exercer un juste commandement sur son corps, ni la raison humaine sur les vices.

Charte de la paix, selon saint Augustin (pages 153-154 du livre)

« La paix du corps est un ajustement ordonné de ses parties.

La paix de l’âme sans raison est un repos ordonné de ses appétits.

La paix de l’âme raisonnable est un accord ordonné de la connaissance et de l’action.

La paix du corps et de l’âme est une vie et une santé ordonnées de l’être animé.

La paix de l’homme mortel avec Dieu est une obéissance ordonnée, dans la foi, sous la loi éternelle.

La paix des hommes est une concorde ordonnée.

La paix de la maison est une concorde ordonnée de ceux qui habitent ensemble, dans le commandement et l’obéissance.

La paix de la cité est une concorde ordonnée des citoyens, dans le commandement et l’obéissance.

La paix de la cité céleste est une communauté parfaitement ordonnée et concordante dans la jouissance de Dieu et dans la jouissance mutuelle en Dieu.

La paix de toutes choses est la tranquillité de l’ordre.

L’ordre est la disposition qui attribue à chacun des êtres semblables et dissemblables la place qui lui est propre. »

En conclusion, saint Augustin dit que la paix des iniques, comparée à la paix des justes, ne doit pas être appelée une paix. C’est une paix injuste. C’est pourquoi, à celui ou celle qui veut avoir une juste paix, le Guide de la Réconciliation pour la Paix propose plutôt le proverbe:

« Qui veut sa paix cherche aussi la paix des autres ».

Nicole: La paix sur Terre

Annexes:

  1. Catéchisme de l’Église catholique: art. 2309

Il faut considérer avec rigueur les strictes conditions d’une légitime défense par la force militaire. La gravité d’une telle décision la soumet à des conditions rigoureuses de légitimité morale. Il faut à la fois :

(1) Que le dommage infligé par l’agresseur à la nation ou à la communauté des nations soit durable, grave et certain.

(2) Que tous les autres moyens d’y mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces.

(3) Que soient réunies les conditions sérieuses de succès.

(4) Que l’emploi des armes n’entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer. La puissance des moyens modernes de destruction pèse très lourdement dans l’appréciation de cette condition. 

Ce sont les éléments traditionnels énumérés dans la doctrine dite de la «  guerre juste  ». L’appréciation de ces conditions de légitimité morale appartient au jugement de ceux qui ont la charge du bien commun.

SourceCliquer ici

  1. Les conditions qui semblent être posées par saint Augustin pour justifier une guerre juste sont les suivantes:

(1) La guerre préventive pour protéger le faible du méchant peut être un devoir.

(2) La guerre pour imposer la foi est interdite.

(3) Il ne faut pas être l’agresseur.

(4) La guerre ne peut être civile.

(5) La décision de l’engager revient à la seule autorité publique.

(6) Le droit doit être moralement certain.

(7) La guerre doit être menée dans une intention droite.

(8) Une éthique de et à la guerre doit exister.

(9) Il faut rechercher avant tout la paix.

(10) Il ne faut pas mener une guerre aventureuse.

Source: Cliquer ici

 

 Le Guide

François MUNYABAGISHA, Rwanda: AMAHINDURA, Umuvuno y’Ubwiyunge Nyakuli

« Ubwiyunge ni ngombwa kugirango twese hamwe dufatane urunana, amahano atongera kubona icyanzu cyo kutumeneramo »

François MUNYABAGISHA         www.munyabagisha.net

Mu kwezi kwa Mata mu mwaka wa 2014, umunyarwanda François MUNYABAGISHA yasohoye igitabo yise « Rwanda: AMAHINDURA, Umuvuno w’Ubwiyunge Nyakuli ». Icyo gitabo nasanze kiri muri bike byanditswe ku bwiyunge bw’abanyarwanda. Kubera ko imvugo ku bwiyunge bw’abanyarwanda imenyerewe, umuntu yakwibaza igishya yaba yaranditse muri icyo gitabo. Aragira ati: « ubwiyunge burasanzwe, agashya ni nyakuli ».

Iyo nyito « nyakuli » nanjye tuyihurizaho kuko ibi bikorwa biri mu rwego rw’uyu mushinga w’ubwiyunge nyakuri. Iyo ikaba ari imwe mu mpamvu zatumye nshaka kumenya uko asobanura ubwo bwiyunge. Muri iyi nyandiko ndabagezaho zimwe mu mvugo ze bwite zisobanura ibitekerezo bimwe bikubiye muli iki gitabo.

« Igihuza impfura n’ibintu ni umubano mu bantu. Nongere mbisubiremo: Umubano mu bantu »

Ubutabera

Ku byerekeranye n’ubutabera, MUNYABAGISHA atanga impanuro agira ati: «  Guhabira guhana, gufunga abantu no gufunga imihanda ntibyunga, bimunga ubumuntu. Aho guhana twige kugorora. Imbohe z’umujinya zirekurwe, hafungwe ingororwa zitegurwa kugaruka i buntu ». Yamagana akarengane, ashimangira ko nta muntu n’umwe wagombye gufungwa azira ubusa. Ati: « Aho kurenganya n’uriya umwe gusa, nzareka abanyabyaha bamwihishe inyuma bidegembye. Warenganya inzirakarengane y’indakemwa, ukabasha kumva no kwubahiriza agaciro k’uwahumanye? » Atanga kandi ingero z’abantu barenganiye mu nkiko Gacaca, bamwe ndetse bakarenganywa n’abo bahishe mu ntambara ya 1994. Abivuga muli aya magambo: « Ntibivugwa, nyamara muli rusange abacikacumu banduliye muli Gacaca icyorezo cyo guhemuka. Na none si bose, niba batagawa ubucye batukisha bose. Bahanduriye guhemuka, akenshi bagahemukira uwabagiriye ineza. Ngo yarampishe aliko… Aliko iki, k’umuntu ukesha kurusimbuka. »

MUNYABAHGISHA agaruka kenshi kuri ya mpanuro y’umwami Rudahigwa ubwo yigeze kuvuga ati: « Mureke kwica Gitera, mwice ikibimutera. » Mu gusobanura iyo mpanuro, akora ikigereranyo muri ubu buryo: « nkuko muganga atavura indwara ataramenya ikiyitera, ni nako gukosora no kugorora umuntu bibanzirizwa no kumenya ikimutera gukosa no kugorama ».

Intambara z’inyito n’uburemere bw’amahano n’ububabare

Ku byerekeye impaka zikunze kuvugwa mu biganiro by’abanyarwanda ku nyito n’uburemere bw’amahano n’ububabare twagize, MUNYABAGISHA aribaza cyangwa arabaza impamvu « abantu babuzwa amahoro n’impamvu z’inyito y’inkovu z’amahano. » Akongeraho ati: « Hari abanyarwanda baterwa impungenge n’ibipimo by’amahano kurusha amahano ubwayo. Nako ni ku isi hose…Nta mihigo y’ububabare. Nta n’umunzani rusange w’ububabare, buri muntu agira uwe bwite udatizwa, utagereranywa ».  Ati: « Kwicwa mu itsembabwoko cyangwa mu itsembatsemba, wahitamo iki? Njye nahitamo kuticwa! Uwishwe we ntakibasha guhitamo, kandi ntibihwitse kumuhitiramo. Bivuga ngo gupima amahano ni ishyano. » Naho impaka abantu bakunze kujya zerekeye imibare y’abanyarwanda bishwe muri ariya mahano, aratugira inama ikurikira: « Tureke imibare (y’abishwe), turebe abababara… Kutabona agahinda k’undi, ni ukuba ingumba y’ubupfura. »

Naho abarwana intambara z’urugamba, nkuko zagiye zikurukirana, intego ya buri ruhande iba ari ugutsinda. Dore uko Munyabagisha abibona: « Gutsinda ubwabyo ni ugutsindwa, utsinze atsindwa no kutazirikanana agahinda k’uwo atsinze. Utsinze nawe agira igihe cyo gutsindwa. Ni uko agasubira ku ke! Intambara ikomera igeze aho abarwanaga baba bagomba kwiyunga. Gutsinda bigaragara mu bwiyunge. » Yongeraho ati: « Aho ujishe igisabo uzira kuhatera ibuye, kabone niyo cyaha kiziritseho uruziramire. »

« Kubana biruta byose, si akalilimbo, ni isura ihinnye y’ubupfura »

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Amoko y’abanyarwanda

Naho ku byerekeye amoko y’abanyarwanda, MUNYABAGISHA aragira ati: « Ubwoko bwarivanze. Ubasha kuvuka ku mutwa, ukarerwa n’umuhutu kandi ukaba umututsi, bitewe n’inkuru wabwiwe. Amoko abaho atabaho. Aliho kuko abanyarwanda bayibonamo, bakaba banafite ibikomere n’imvune bikomoka ku mahano nseruramoko. »

Ijoro ribara uwariraye 

Ku bantu bamwe bajya bibwira ko barusha abandi kumenya ububi bw’itsembabatutsi, MUNYABAGISHA arababaza ibibazo bikurikira: « Ni nde wasimbutse abapfu waribarirwa (itsembabatutsi) n’uwali uhishwe? Ni nde wamenya ububisha bw’interahamwe atarigeze aca imitwe na zo kurusha uwazihunze n’uwazihonze ngo abone arusimbuka? »  Arihanangiriza kandi agahanura abitirira amahano y’itsembabatutsi ubwoko bw’abahutu bose. Ati: « Ukuli ni uko udutsiko tw’ibikenya byiyitilira abahutu byakoze itsembabatutsi. Ni ko kuli. Uhereye aho, tuzirikane ko kwitirira ubwoko runaka itsembabwoko nabyo ari icumu ryo kubutsemba. »

« Amahano y’i Rwanda, iyo ava akagera, yuririra ku ndwara zo kwihorera no guhorera. »

Ibyo ni ukuri nyakuri. Ni yo mpamvu tugomba kwivura izo ndwara, tukazishakira umuti:  imbabazi n’ubwiyunge. Kugirango tutazanduza n’abandi. Uwo muti tukemera tukawunywa byanze bikunze, kugirango dukire ibikomere maze twongere kubana mu mahoro. Ibyo biradusaba kugira ubwo bushake. MUNYABAGISHA ati: « Haguma ubwenge ngenga, ubwenge bw’ubuntu, ubundi burarahurwa. »

Mushobora kugura icyo gitabo munyuze kuri site internet y’umwanditsi wacyo: www.munyabagisha.net

Mugire amahoro meza!

Umuyobozi w’Umushinga w’Ubwiyunge Nyakuri

Umushinga wigenga utabogamiye kuri politiki y’amashyaka

 

 

 

Benoît Guillou, Le pardon est-il durable? Une enquête au Rwanda

LE PARDON EST-IL DURABLE? », UNE ENQUÊTE AUPRÈS DE VICTIMES ET AUTEURS DU GÉNOCIDE.   Interview réalisé par la Fondation Hirondelle

Lausanne, 10 décembre 2014 (FH) – Dans son livre « Le pardon est-il durable ? Une enquête au Rwanda », publié en novembre dernier aux Editions François Bourin, le journaliste français Benoît Guillou reconstitue dans un langage clair des scènes de pardon en laissant le plus possible la parole aux acteurs – victimes ou auteurs du génocide des Tutsis de 1994. L’enquête se déroule en grande partie au village de Musha, à la sortie de Kigali. Le sociologue parle de son ouvrage dans une interview à l’Agence Hirondelle.

 

Hirondelle : Comment vous est venue l’idée de ce livre ?

Guillou : Je suis persuadé que pour mettre un terme aux violences cycliques, la lutte contre l’impunité est un élément essentiel. Maintenant, si la justice fonctionne, elle permet de juger les gros poissons. Comment faire au Rwanda ou en ex-Yougoslavie où la participation de la population civile aux massacres a été massive ? Dans ce contexte, j’ai voulu enquêter sur le rôle des Eglises  chrétiennes dans les processus de paix et plus précisément dans quelle mesure le « pardon » peut, ou pas, contribuer à une paix durable.

Hirondelle : Avez-vous rencontré des survivants qui ont réellement pardonné aux bourreaux des leurs ?

Guillou : Il arrive qu’une relation de pardon s’établisse volontairement entre un rescapé et un génocidaire. Ma recherche s’appuie sur plusieurs séjours au Rwanda. Dans l’un des chapitres, je décris et j’analyse l’histoire d’une relation de pardon entre une mère et l’un des assassins de ses fils.  Ce type de pardon est exceptionnel mais pas anecdotique, il a une portée symbolique.

Hirondelle : Les aveux sont-ils vraiment sincères ou sont-ils superficiels ?

Guillou : Durant mon enquête dans les prisons, j’ai pu conduire une série d’entretiens avec des détenus et revenir sur la pratique du plaider coupable mise en place par les autorités afin de réduire le nombre considérable de détenus. On rencontre dans le milieu carcéral des prédicateurs zélés proposant un pardon « clé en main », laissant peu de place à la discussion et utilisant des citations bibliques pour frapper les esprits. En l’espace de dix ans, de 1996 à 2006, 146 000 aveux de participation au génocide auraient été enregistrés selon les autorités, environ pour moitié dans les prisons et pour moitié sur les collines. Sans une imbrication de décisions politiques, de mesures juridiques et d’interventions religieuses, les résultats n’auraient vraisemblablement pas été aussi rapides et importants quantitativement. On peut effectivement s’interroger sur la sincérité de ces démarches : l’aveu et la demande de pardon prennent alors un caractère routinier et deviennent souvent un objet de marchandage, voire de chantage.

Hirondelle : Quel rôle ont joué les Eglises dans le processus de pardon ?

Guillou : Après le génocide, le rôle des Eglises, et tout particulièrement celui de l’Eglise catholique, suscite une controverse en raison de la proximité politique qu’entretenait sa hiérarchie avec l’ancien pouvoir, de la préférence ethnique accordée aux Hutus dans les promotions ecclésiastiques, du silence des évêques sur les discriminations et les violences perpétrées à l’encontre des Tutsis entre 1959 et 1990. Néanmoins, l’Eglise catholique n’est pas un bloc monolithique. Durant le génocide, dans la même assemblée de fidèles et de membres du clergé, certains ont été tués et d’autres ont pris part aux massacres. Aujourd’hui, l’Eglise catholique reste un acteur influent, souvent considérée comme l’institution la plus puissante après l’Etat.  Elle place la pratique du pardon au centre de son programme pastoral. Lors du jubilé des 2000 ans du christianisme et du centenaire de sa présence au Rwanda, les évêques entament un mea culpa mais celui-ci reste prudent et timoré. En revanche, sur les collines, il arrive que de petits groupes de fidèles, unis par des convictions religieuses et des liens de voisinage, modifient leur régime communautaire pour créer un espace de parole, d’écoute, voire de solidarité. Le langage chrétien courant, souvent appauvri ou irénique, acquiert alors une force dès lors qu’il prend en compte la réalité conflictuelle de la vie sociale. Dans ce cas, la pratique du pardon permet un apprentissage de la citoyenneté. Il permet de voir et d’agir autrement afin de surmonter au mieux les impasses aussi bien du côté tutsi que du côté hutu.

Hirondelle : Les victimes ne sentent-elles pas, en quelque sorte, forcées par leurs leaders religieux à pardonner?

Guillou : Il est certain que, très souvent, la pratique du pardon apparaît comme un instrument de contrainte et de défense d’intérêts particuliers, un acte que l’on cherche à extorquer. Son sens est facilement détourné pour produire de l’unité à tout prix, masquer des opérations de dénégation ou de déni de justice. En conclusion, je propose quatre figures principales du pardon dont un pardon-coercition qui témoigne d’un rapport de domination et fait l’objet de pressions politiques, religieuses et sociales.
Qu’il s’agisse de l’Etat ou des Eglises, les impératifs de ces institutions semblent parfois converger : « il faut » se réconcilier pour maintenir la cohésion sociale. Au moment de l’instauration des juridictions gacaca, le président Paul Kagame, lui-même, recourt à un lexique religieux et engage une institutionnalisation du pardon. On assiste ainsi à des usages éminemment politiques de la notion. Une notion qui renvoie à tout et son contraire, selon la personne qui l’emploie et ce qui est attendu en échange.

Hirondelle : Quels sont les principaux obstacles à la réconciliation entre victimes et bourreaux ?

Guillou : Dans un pays de la taille de la Bretagne, Tutsis et Hutus continuent de cohabiter au quotidien. Ils se saluent et se parlent au marché, sur les chemins, à l’Eglise ou au temple. Pourtant, malgré ces apparences ou tentatives de normalisation, un abîme sépare l’avant et l’après-génocide. Dans le livre, je scrute les défis du vivre ensemble en pointant de nombreux non-dits. Par ailleurs, au Rwanda et dans la région des Grands Lacs, le paysage politique demeure extrêmement polarisé, notamment entre des idéologues hutus niant la réalité du génocide et les autorités, le FPR (ndlr : Front patriotique rwandais, au pouvoir), censurant ou minorant les crimes commis par leur camp. Si le Rwanda a accompli des progrès rapides en termes de développement économiques, éducatif ou encore dans le domaine de la santé, la situation des droits humains demeure inquiétante. A l’instar de son modèle asiatique, Singapour, les autorités exercent un contrôle strict sur la vie sociale et politique. De nombreux rapports d’ONG de défense des droits de l’Homme détaillent les dérives autoritaires du régime. Aujourd’hui, la plupart des journalistes et des représentants de la société civile se résolvent à l’autocensure par peur d’être harcelé, voire arrêté, plusieurs ont choisi la route de l’exil.

Hirondelle : Pensez-vous faire traduire le livre en kinyarwanda pour qu’il puisse être lu par ceux que vous avez interrogés ?

Guillou : Un beau projet, maintenant il s’agirait de trouver les moyens financiers. Tout au long de mon travail, j’ai voulu donner la parole le plus systématiquement possible aux acteurs, qu’il s’agisse des victimes ou des auteurs de massacres.

SourceCliquer ici

A lire aussi:
1. Réforme – « Accepter de ne pas être d’accord, et laisser une place à l’autre », n° 3585, 20 novembre 2014.
2. Le pardon à l’épreuve. Une enquête au Rwanda, par Benoît Guillou – La lettre de Justice & Paix
3. Benoît Guillou, Le pardon est-il durable. Une enquête au Rwanda – extraits du livre
4. La Chronique d’Amnesty International, Rwanda – vivre l’après génocide, octobre 2014.
5. Faim et Développement –  »Le pardon est-il possible après un génocide » , n. 284, Novembre – Décembre 2014.

A lire ou écouter:
France Culture – Le pardon est-il durable? Une enquête au Rwanda

 

Le Guide

Ubutabera mpuzabantu bw’abanyarwanda

Duharanire ubutabera bubereye bose kuri byose, hose kandi igihe cyose.

Muri iyi nyandiko, ngamije gutanga ibitekerezo byerekeye ukuntu abanyarwanda twagira ubutabera mpuzabantu (médiation) bwunganira ubutabera busanzweho.

Ibihugu byinshi byateye imbere byamaze kubona ko ubucamanza busanzwe bufite ibibazo, bityo ababuranyi bamwe bakaba binubira imwe mu mikorere yabwo kuko babona ko ubwo bucamanza butabarengera uko bikwiye. Niba rero abaturage bo muri ibyo bihugu barabonye ko ubwo butabera bufite ibibazo, abo mu bihugu byakolonijwe (cyane cyane ibyo muri Afurika) bagombye nabo kubona ko ibyo bibazo iwabo byarenze kamere. Kandi ni mu gihe, kuko ubwo bucamanza bwabo babuzaniwe n’abakoloni. Ubwo burakare bw’abaturage ni imwe mu mpamvu zatumye, kuva muri 1985, Umuryango w’abibumbye (ONU) ushishikariza ibihugu byose byo kw’isi gushyiraho ubundi buryo bwunganira ubucamanza busanzwe mu gukemura ibibazo byabo. Uwo muryango usaba ibyo bihugu gushyiraho ndetse za gahunda zo guteza imbere ubutabera buhuza abantu hamwe n’ubutabera bubafasha kwiyunga (les programmes de médiation et de justice réparatrice). Ibyo ntibyanagombye kugora abanyarwanda kuko mu muco karande wa kera bari bafite ubwo butabera mbere y’uko busimburwa n’ubwazanywe n’abakoloni. Igikomeye kikaba ari ukubuhuza n’umuco wacu w’iki gihe wivanze n’uwabo. Kugirango byumvikane neza ukuntu ubwo butabera bushya bushoboka iwacu i Rwanda, ndabigereranya n’ukuntu urugaga rw’abavoka (barreau des avocats) rwa mbere rwagiyeho. Ngiye gukora icyo kigereranyo kuko abavoka (les avocats) bafite umulimo ufitiye abaturage akamaro wo kunganira ababuranyi mu nkiko no mu zindi nzego z’ubuyobozi bityo bagafasha ubucamanza n’abayobozi gukora akazi neza mu buryo buhuje n’amategeko. Ubutabera mpuzabantu nabwo bwunganira ubucamanza busanzwe mu kurwanya akarengane. Mu bindi bihugu aho ubutabera mpuzabantu bwatangiye gushinga imizi, abahuza (les médiateurs, conciliateurs) nabo bagira ndetse uruhare mu gukomeza ubwigenge bw’ubutabera. Bafasha abantu bafitanye ibibazo kubyikemurira batarinze kunyura imbere y’abacamanza.

Uko urugaga rw ’abavoka rwagiyeho

Guhera mu myaka yegera 1988, mu Rwanda niho abantu bamwe bake batangiye gukora akazi ko gufasha ababuranyi mu bibazo bafite mu nkiko ariko batababuranira kuko nta tegeko ryabibemereraga. Icyo gihe bari nka ba « démarcheurs ». Nyamara kandi itegeko rishyiraho inkiko ryateganyaga ko ababuranyi bashobora guhagararirwa cyangwa kwunganirwa n’abavoka, ariko nta tegeko rwashyiragaho urugaga rw’abavoka ryabagaho. Kubera ko ababuranyi baba badasobanukiwe n’amategeko kandi ari n’uburenganzira bwabo bwo kugira abababuranira, byatumye abo batangiye uwo murimo babona ko abaturage bakeneye gufashwa mu manza kugirango zicibwe neza. Ibyo byatumye Ministeri y’ubutabera ishyiraho itegeko-teka ryemera umwuga wo kunganira no kuburanira abandi mu nkiko (mandataire professionnel en justice) ibisabwe n’abashakaga gukora uwo mwuga.

Iryo tegeko-teka ryateganyaga ibyangombwa uwasabaga gukora uwo mwuga yagombaga kwuzuza. Uburanira abandi yagombaga kwerekana mu nkiko ikarita yahawe na Ministri w’ubutabera imwemerera gukora ako kazi kugirango ashobore kwunganira cyangwa kuburanira umuburanyi. Nyuma abakoraga uwo mwuga mushya wari umaze kwemerwa twishyize hamwe mw’ishyirahamwe (association des mandataires professionnels en justice). Abari muri iryo shyirahamwe ariko si ko bose bari bafite impamyabushobozi ihanitse mu by’amategeko (licence en droit). Harimo abari baremerewe gukora uwo mwuga kubera uburambe bafite mu kazi kajyanye n’amatekego cyangwa n’ubutabera (expérience professionnelle dans les fonctions juridiques ou judiciaires). Abize amategeko bari bake kandi bari banakenewe mu nkiko no mu yindi mirimo ya Leta cyangwa mu bigo byigenga n’ibya Leta.

Intambara ya 1990 yatangiye mu gihe gushyiraho urugaga rwa ba Avoka byari bikiri mu mushinga. Nyuma y’intambara ya 1990-1994, abakoraga uwo mwuga wo kunganira no kuburanira abandi mu nkiko twishyize hamwe dusaba ko hajyaho itegeko rishyiraho urugaga rwa ba Avoka mu Rwanda. Iryo tegeko ryateguwe na Ministeri y’ubutabera, rishyikirizwa Inteko ishinga amategeko iraryemeza, risohoka kuwa 19 werurwe 1997, abagize urugaga rwa ba Avoka turahira tariki ya 30 Kanama 1997. Abatari bafite impamyabushobozi mu by’amategeko bari bemerewe kuburana gusa mu nkiko za Kanto n’iza mbere z’iremezo ariko ntibaburane mu zindi nkiko zo hejuru nk’urukiko rw’ubujurire, n’urusesa imanza. Uwo mwaka ntuzibagirana mu mateka y’ubutabera kuko ni intambwe URwanda rwateye nyuma y’imyaka yose ubutabera bwamaze butagira urugaga rw’aba Avoka, kandi mu bindi bihugu kugira Avoka ari uburenganzira bw’ibanze ku muburanyi wese.

Gutegura ubutabera mpuzabantu

Muri uyu mushinga w’ubwiyunge nyakuri (1) sinshidikanya ko ubutabera mpuzabantu buramutse bugiyeho mu Rwanda bwakemura ibibazo byinshi byamunze ubucamanza kuva kera cyane. Bwakwihutisha kandi bukagabanya imanza mu nkiko, amagereza akareka kwuzuramo abantu bataraburana cyangwa batagira amadosiye, ruswa zigacika mu nkiko (kuko abafitanye ibibazo bashobora kubyicyemurira), abanyarwanda bakabona ubutabera bubegereye kandi butabahenze, ababuranyi bakarushaho kwumva ko ikibazo bafitanye ari bo kireba mbere na mbere, uburenganzira bw’ikiremwamuntu bukubahirizwa kuri buri wese, hakabaho ubutabera bubereye bose, hose kandi igihe cyose. Ku buryo bw’umwihariko, ubwo butabera bushya bwacyemura neza mu biganiro ibibazo birebana n’ibyaha byakozwe mu guhohotera abanyarwanda kubera ubwoko bwabo (infractions à caractère ethnique). Busubiza abantu ubumuntu batakaje kubera ibyo byaha maze ubwiyunge nyakuri bukagerwaho.

Kugirango ubwo butabera bushya bushobore gukora neza, nkuko mu mashuri yisumbuye n’amakuru harimo amashami yigisha amategeko akoreshwa mu bucamanza, hagombye nabwo kuzajyaho andi mashami yigisha ubwo bumenyi bwo guhuza abantu bafitanye ibibazo kandi bifuza kubikemura. Abafite impamyabushobozi muri ubwo bumenyi (médiation) bakazakora umwuga w’umuhuza (médiateur). Ku mirenge hose, abaturage batageze muri ayo mashuri ntibahezwa gukora uwo mwuga. Abifuza kuwukora ariko batashoboye kwiga ayo mashuri muri ubwo bumenyi, bahabwa amahugurwa, bakaba abahuza (conciliateurs) ariko batari mu rwego rumwe n’ababifitiye impamyabushobozi (médiateurs). Birumvikana kandi ko imikorere y’abahuza bahuguwe (conciliateurs) itaba imwe n’iy’abahuza babifitiye impamyabushobozi. Itegeko ryasobanura kandi rigatandukanya imikorere yabo.

Nkuko nabyanditse mu zindi nyandiko, ndibutsa ko kuba umuhuza (médiateur, conciliateur) bidasaba kuba warize amategeko kubera ko uwo mwuga utandukanye n’ubucamanza. Umucamanza ashinzwe gufata icyemezo ku mpaka ababuranyi bafitanye yifashishije amategeko, ariko umuhuza we nta cyemezo afata ahubwo afasha abantu gukemura ubwabo ikibazo kibareba, bakaba ari bo ubwabo bakibonera igisubizo, bakabyemeza mu masezerano. Dukurikije rero ko abanyarwanda benshi ndetse na Leta nta mikoro bafite yo guhemba aba avoka igihe cyose kandi n’abize amategeko akaba ari bacye cyane, biragaragara ko ubwo buryo bwo gucyemura ibibazo bubereye abaturage rubanda nyamwinshi.

Ndongeraho ko ubwo butabera bushobora guhuza abantu benshi (médiation élargie) iyo ikibazo nabo kibareba, nk’imiryango y’uwakoze icyaha n’uwagikorewe, ndetse n’abaturanyi bo ku murenge. Ibyo bituma abo nabo bamenya ukuri kandi bagashobora kwiyunga n’umunyacyaha, bityo amahoro arambye akagaruka muri rubanda. Muri « Mpuzabantu », abafitanye ikibazo bashobora kandi guhuzwa n’umuhuza umwe cyangwa benshi bafatanyije (2). Ikindi ni uko ubwo butabera bukemura igihe cyose ibibazo byose nta kuvangura gushingiye ku buremere bwabyo cyangwa ku nyito zabyo, bugahuza ababwiyambaje nk’abantu basangiye ubumuntu.

Abanyarwanda duharanira ubwiyunge nyakuri dukwiye kwishyira hamwe tukungurana ibitekerezo by’ukuntu bwagerwaho. Kubera ko ubutabera mpuzabantu ari imwe mu nzira zatugeza kuri ubwo bwiyunge dushaka, twagombye nabwo kubuharanira.

Ibibazo bidasanzwe bicyemurwa n’umuti udasanzwe kandi impinduka ikorwa n’ibitekerezo bishya.

Ndi Umuhuza w’Umushinga w’Ubwiyunge Nyakuri, ntabwo ndi umuhanuzi…

Umushinga wigenga utabogamiye kuri politiki y’amashyaka n’ubutegetsi.

  1. Umushinga w’ubwiyunge nyakuri ni umushinga w’ubwiyunge buyobowe n’amategeko, ukuri, ubutabera n’imbabazi. Uyu mushinga ufite gahunda eshatu (3 programmes): gahunda rusange y’ubwiyunge bw’abantu, gahunda y’ubutabera buhuza abantu bukanabunga, na gahunda y’ubwiyunge nyakuri bw’abanyarwanda. Ni umushinga uyobora ubwiyunge mu mahoro.

  2. Mushobora gusoma izindi nyandiko zasohotse kuri iyi site zisobanura bihagije imikorere y’ubwo butabera bushya buhuza abantu bukanabafasha kwiyunga.
  • Mushaka kumenya ibitekerezo bishya ku bwiyunge nyakuri, mukande hano (murebe inyandiko ziri mu cyika cya mbere). Murabigezwaho na MUSOMESHA Aloys, umuyobozi n’umuhuza w’uyu mushinga. Musome kandi namwe musomeshe n’abandi!
  • Kureba vidéos no kwumva umuziki ku bwiyunge nyakuri, mukande hano

 

Dr Jim Dincalci, Pardonner au-delà de la raison

Voici un extrait tiré d’une histoire bouddhiste, cité par Dr Jim Dincalci dans son ouvrage:                               Pardonner au-delà de la raison

« Un homme est frappé par une flèche d’un assaillant inconnu. Plutôt que de soigner sa blessure, il refuse d’enlever la flèche jusqu’à ce que l’archer soit retrouvé et puni. Entre-temps la blessure s’infecte jusqu’à ce que, finalement, le poison le tue. Lequel des deux est plus coupable de cette mort: l’archer qui lance sa flèche ou l’entêtement de la victime? » – Colin Berg, auteur américain et professeur.

« L’absence du pardon à soi ou à autrui est un facteur majeur qui entraîne la dépression ou le désespoir et qui entraîne au suicide » Dr Jim Dincalci.

Dans les pages précédentes, nous avons présenté quelques articles sur les livres des auteurs Jean Monbourquette et Dr Edward Hallowel, qui nous enseignent les étapes et les méthodes à suivre pour pouvoir pardonner ou demander pardon. Dans cette page, nous allons vous faire découvrir les outils du pardon tels qu’ils sont analysés par un autre spécialiste du pardon, Dr Jim Dincalci, dans son livre: « Pardonner au-delà de la raison, un guide révolutionnaire pour libérer votre cœur et votre esprit ».

Dr Jim Dincalci est un psychothérapeute qui a travaillé pour le développement de méthodes destinées à faciliter le pardon. Il a enseigné le fruit de son travail sur le pardon dans des universités, des hôpitaux, des écoles et des églises. Il est le fondateur de la Forgiveness Fundation (« Fondation pour le pardon »). Pour lire la présentation du livre et la biographie de l’auteur ou faire la commande cliquer ici.

Travailler en profondeur avec les outils du pardon
Vous trouverez ci-dessous, un résumé de 24 méthodes de communication à utiliser pour pardonner ou atteindre la guérison dans votre vie. Elles sont regroupées sous quelques grands thèmes.

La communication

1. Les lettres de blessure, de réponse et de gratitude
Parce que pardonner est une action émotionnelle, il nous faut d’abord être conscients des émotions impliqués. Puis il faut les libérer. Cette étape consiste à écrire deux lettres: une à la personne à qui vous voulez pardonner en expliquant exactement comment la situation problématique vous a blessé et ce que vous ressentez maintenant à son sujet, et l’autre lettre du point de vue de l’offenseur. Utilisez la seconde lettre pour répondre à chacun de vos bouleversements, mais à partir de l’expérience de l’offenseur.

2. Le processus de dialogue
Pour écrire un processus de dialogue, engagez toute votre honnêteté et votre esprit. Cela consiste à écrire à propos de votre bouleversement et de vous poser des questions qui vous viennent à l’esprit, puis pensez à des réponses possibles.

3. L’envoi de l’amour
Envoyez de l’amour sincère à la personne qui vous a bouleversé jusqu’à ce que vous ressentiez un changement d’attitude. Dans votre esprit, visualisez la personne comme si elle était devant vous et étreignez-la avec amour. Faites cela jusqu’à ce que vous ressentiez une connexion chaleureuse avec elle. Cela dissout complètement le bouleversement.

4. La communication avec les autres pour obtenir de l’information
Y a-t-il quelqu’un qui pourrait vous présenter un autre point de vue que le vôtre ou vous donner une meilleure impression et plus d’informations sur la personne à qui vous tentez de pardonner?

5. La prière
La prière est un véhicule puissant pour arriver à pardonner, pour voir la situation ou l’autre personne différemment et pour être soulagé complètement du bouleversement. Y a-t-il des gens qui pourraient prier pour vous? Il y a quelques années, des recherches ont démontré que la prière a des effets sur la guérison, affirme Dr Jim Dincalci.

6. Les sentiments
Il est important de communiquer les sentiments à propos d’une situation. Ecrivez ou discutez avec une autre personne à propos des sentiments qui vous affectent dans cette situation. Ce peut être la tristesse, la colère, la douleur, la dépression, l’apathie, la culpabilité, l’embarras, le regret, l’humiliation, le blâme, la honte, etc.

7. La tenue d’un journal
Dans votre journal, tenez un registre des éléments suivants: nombre de fois que ce bouleversement vous interpellent pendant la journée; la situation qui le provoque et depuis quand ce bouleversement existe? Ecrivez comment le pardon peut changer ces résurgences.

8. La gratitude envers la personne
Dans le travail sur le pardon, chercher et identifier les effets bénéfiques que l’offenseur entraîne dans votre vie. Même si une personne a été un exemple négatif, elle vous a peut-être transmis quelque chose de positif.

9. La reconnaissance
Ecrire une lettre de remerciement à l’autre personne, lui offrir des fleurs, remercier la personne lorsque vous êtes en sa présence, … sont autant de moyens pour exprimer de la reconnaissance.

10. La discussion franche avec la personne
Y a-t-il une manière de parler à cette personne pour en arriver à une meilleure compréhension de ce qui est arrivé? Si vous le pouvez, évitez de chercher à passer votre message ou à avoir raison. Tentez seulement de comprendre dans quel état était la personne. Vous serez peut-être surpris.

Perspective: différents moyens de comprendre
Afin de ne pas retenir le ressentiment et la rancune, voici les différents moyens à utiliser pour voir la situation sous un autre angle.

11. La projection
Inversez la situation que vous étudiez et posez-vous par exemple la question suivante: cette chose que l’autre personne vous a fait subir, l’avez-vous déjà fait subir à quelqu’un d’autre ou à vous-même?

12. Les souliers de l’autre
Posez-vous les bonnes questions au sujet de l’autre personne, pour essayer de comprendre par exemple: comment elle vit le monde, de quoi elle a peur, comment était-ce de grandir dans sa famille et dans sa culture ou à son époque, à quoi ressemble son intelligence émotionnelle, etc. Si vous ne savez pas répondre à ces questions, alors vous ne savez pas qui est réellement cette personne.

13. La découverte de la personne
Souvent parmi les problèmes mondiaux que vous n’aimez pas, par exemple le racisme, il y a une ou plusieurs personnes, selon vous, qui représentent cette situation. Identifiez-la (les). Qu’est-ce qui, dans son comportement, vous bouleversent? Selon votre expérience, est-ce que toutes les personnes de ce groupe se comportent de la même manière?

14. Le défi
Pouvez-vous entrevoir la situation comme un défi à surmonter plutôt que comme une punition ou une attaque? Quelle est la solution la plus stimulante?

15. Le contexte global
Etes-vous certain que cette personne n’est pas dans votre vie pour vous enseigner quelque chose? Fait-elle partie d’un plan divin ou de votre karma? Peut-elle être présente dans votre vie pour vous montrer une meilleure façon d’être plus heureux?

16. L’inversion de la situation
Ecrivez tous les points pour lesquels cette personne a raison ou est juste selon sa perspective.

17. La plus haute perspective
Comment agirait votre moi supérieur? Comment voyez-vous cette personne lorsque vous la regardez avec le regard de l’amour?

La responsabilité

18. La validité et la réalité des règles brisées
Faites la liste de toutes les valeurs et règles ou tous les codes moraux que cette personne a brisés. Posez-vous les questions suivantes. D’où me vient cette loi, cette valeur, ce code ou cette règle? Ces lignes directrices sont-elles valables? Dois-je les remettre en question?

19. L’amende et la demande de pardon
Vous faut-il vous amender pour le préjudice que vous avez causé à autrui? Que devez-vous faire pour corriger la situation?

20. L’évaluation des gains
Quel est l’avantage pour vous d’entretenir ce bouleversement? Qui en bénéficie et comment? Avoir raison est-il plus important qu’être heureux?

21. Analyse de la victimisation
Depuis quand subissez-vous l’état de victimisation? Pendant combien de temps laisserez-vous votre offenseur contrôler votre bonheur? Est-ce possible que, dans cette situation problématique, vous soyez responsable et non seulement victime?

22. Le bilan des conséquences négatives reliées à l’entretien de ce bouleversement
Parfois les gens ne réalisent pas tout à fait l’effet négatif que peut avoir le maintien de leur situation non pardonnée dans leur vie. Qu’est-ce que je retire dans cette situation? Faites la liste des effets négatifs. Si je maintiens ce bouleversement, quels sont les répercutions sur ma famille?

23. La responsabilité personnelle
Même si l’autre personne semble être la seule responsable de ce problème, quelle est ma responsabilité dans le fait de garder cette situation active? Mes émotions interfèrent-elles avec la bonne décision à prendre dans cette situation? Quel rôle ai-je joué dans toute cette situation? L’ai-je envenimée?

24. La gratitude envers la situation
Dr Jim Dincalci termine en affirmant que la gratitude est une méthode de changement qui fonctionne à tout coup. Envers quoi dois-je être reconnaissant dans cette situation? Que m’enseigne cette situation? Est-ce que son influence m’a rendu plus fort et m’a fait grandir? Qu’est-ce que cette situation m’a appris? Comment puis-je lui témoigner ma reconnaissance?

 

Le Guide

ONU: Le Saint-Siège plaide pour la protection des civils dans les conflits armés

Intervention de Mgr Tomasi à Genève.

Anne Kurian

ROME, 20 novembre 2014 (Zenit.org) – Le Saint-Siège appelle à protéger les civils dans les conflits armés, alors que de plus en plus de conflits se déploient dans les zones urbaines.

Mgr Silvano M. Tomasi, représentant permanent du Saint-Siège aux Nations Unies à Genève, a pris la parole lors de la 8e Conférence des États parties à la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination (CCAC), le 13 novembre 2014.

Le Saint-Siège s’est inquiété de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées : « Aujourd’hui, nous assistons à de nombreux conflits, dont une écrasante majorité se déploie dans les zones urbaines. Avec l’urbanisation croissante de la population mondiale, cette tendance augmentera. »

Ainsi les populations civiles « sont les premières victimes des conflits » : « Dans de nombreux cas, elles ne sont pas protégées », a dénoncé l’archevêque en déplorant dans les zones urbaines « des millions de réfugiés et de personnes déplacées, dont une majorité de civils, surtout des femmes et des enfants ».

En outre, on assiste dans ces lieux à « la destruction totale ou partielle de nombreux centres urbains; à la désorganisation totale de la vie sociale, scolaire, économique et politique; à l’exacerbation de la haine qui rend le rétablissement de la paix plus difficile, voire impossible », a-t-il poursuivi.

Mgr Tomasi a appelé l’ONU à réfléchir à cette situation : « Comment protéger les populations civiles ? Les infrastructures civiles ? Le droit international humanitaire actuel est-il suffisant ? Si non, comment le compléter et l’adapter ? »

Constatant « une certaine prolifération de la technologie des drones de combat et une utilisation croissante de l’informatique dans divers conflits », il a fait observer que cela posait des défis multiples, liés « au droit international humanitaire et aux droits de l’homme ».

« Les implications éthiques ne sont pas négligeables », a-t-il ajouté en mettant en garde contre « l’indifférence contre-productive » à ce sujet : « le fait de ne pas considérer ces problèmes au bon moment peut avoir des conséquences désastreuses et les rendre presque insolubles… Il est encore temps de s’intéresser aux drones avant qu’ils ne deviennent une source supplémentaire de déstabilisation alors que la communauté internationale a besoin plus que jamais de stabilité, de coopération et de paix ».

L’archevêque a également exprimé la préoccupation du Saint-Siège pour les systèmes d’armes létales autonomes, ou « robots tueurs » : « L’automatisation de la guerre et donc le risque de sa déshumanisation appelle des mesures indispensables » basées sur « une approche globale, scientifique, juridique, culturelle, économique, éthique et humanitaire » et non seulement « militaire », a-t-il estimé.

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Source: ZENIT, Le monde vu de Rome

Service quotidien – 20 novembre 2014

Les conditions pour justifier une guerre selon saint Augustin
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1. La guerre préventive pour protéger le faible du méchant peut être un devoir

2. La guerre pour imposer la foi est interdite

3. Il ne faut pas être l’agresseur

4. La guerre ne peut être civile

5. La décision de l’engager revient à la seule autorité publique

6. Le droit doit être moralement certain

7. La guerre doit être menée dans une intention droite

8. Une éthique de et à la guerre doit exister

9. Il faut rechercher avant tout la paix

10. Il ne faut pas mener une guerre aventureuse.

Ouvrage de référence:

Paix et guerre selon saint Augustin, Paris : Migne, 2010 (éd. Pierre-Yves Fux, coll. « Les Pères dans la foi, 101 »). 212 p.
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Le Guide

La médiation face aux divers modes de régulation des conflits

Une justice totale et pour tous, partout et toujours!

La Déclaration des principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité et aux victimes d’abus de pouvoir, adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies dans sa résolution 40/34 du 29 novembre 1985, stipule que ‘les moyens non judiciaires de règlements des différends, y compris la médiation, l’arbitrage et les pratiques de droits coutumiers ou les pratiques autochtones de justice, doivent être utilisés, s’il y a lieu, pour faciliter la conciliation et obtenir réparation pour les victimes. »

Dans les systèmes juridiques des Etats, divers moyens sont mis en œuvre pour régler les différends. Sans faire une analyse détaillée de chacun d’entre eux – ce qui peut faire l’objet d’une étude approfondie – cet article se limite simplement à donner leurs définitions tout en précisant comment sont exécutés les décisions et accords pour résoudre un conflit . Le moyen le plus courant et le plus connu c’est le jugement.

  1. Le jugement est un processus formel par lequel une tierce personne, le juge, tranche un conflit entre plusieurs parties en se fondant sur des règles processuelles et substantielles prédéterminées. Les juges siègent dans les cours et tribunaux qui relèvent du pouvoir judiciaire. Une partie qui n’est pas d’accord avec la décision judiciaire peut interjeter appel devant une juridiction supérieure. La décision du juge peut être exécutée volontairement par les parties ou alors par la force publique.

Quels sont les moyens non judiciaires de règlement des différends?

  1. Les différents modes alternatifs de résolution des conflits

2.1. La médiation est un processus le plus souvent formel, par lequel un tiers impartial, le médiateur, tente à travers l’organisation d’échanges entre les parties de leur permettre de confronter leurs points de vue et de rechercher avec son aide une solution au conflit qui les oppose. Le médiateur n’a aucun pouvoir juridictionnel.

En Belgique (1) par exemple, le médiateur agréé fait homologuer l’accord des parties par le juge. L’accord homologué aura le même effet qu’un jugement et pourra être exécuté par la force. Si le médiateur n’est pas agréé, l’accord sera exécuté uniquement par la volonté des parties mais ne pourra pas être exécuté par la force. La partie qui veut faire exécuter l’accord doit introduire une procédure judiciaire en vue d’obtenir la condamnation à exécuter l’accord obtenu. La médiation peut prendre plusieurs formes. Nous pouvons citer la justice réparatrice et les rencontres de groupe familial.

La justice réparatrice (restauratrice). Dans son manuel sur les programmes de justice réparatrice publié en 2008, à la page 6, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime définit la justice réparatrice comme un processus par lequel on combat la délinquance en réparant le mail fait aux victimes, en rendant les délinquants comptables de leurs actes et souvent, en associant la communauté à la résolution du conflit. La participation des parties est un aspect essentiel de ce processus, qui place l’accent sur l’établissement d’une relation, sur la réconciliation et sur la recherche d’une entente entre les victimes et le délinquant

Les rencontres de groupe familial. L’auteur français Jacques Lecomte dit qu’« il s’agit, en quelque sorte, de médiations élargies. Sont invités à participer, non seulement la victime et son jeune agresseur, mais également la famille élargie du mineur ainsi qu’un adulte avec qui il s’entend bien (par exemple un professeur de sport ou un animateur de club). Il en est de même pour la victime qui peut venir avec des proches ou amis. Un travailleur social ou un policier peuvent également être présents. En bref toute personne susceptible de fournir des idées pertinentes pour améliorer la situation dans l’avenir. » (2)

2.2. L’arbitrage est un processus formel par lequel les parties d’un commun accord acceptent de soumettre leur conflit à un tiers impartial, l’arbitre, qui aura pour mission de trancher celui-ci après les avoir entendues et étudié leurs arguments respectifs. C’est un mode de juridiction à base conventionnelle par lequel les parties choisissent une ou plusieurs personnes pour juger leur différend. Une justice privée. La décision juridictionnelle a une force contraignante pour les parties mais ne peut être exécutée par la force publique sans être revêtue de la formule de l’exequatur d’un président du tribunal compétent.

2.3. La conciliation peut être définie comme un processus, le plus souvent informel, par lequel les parties en conflits tentent, avec l’intervention ou non d’un tiers, le conciliateur, de rapprocher leurs points de vue afin de parvenir à trouver une solution à leur conflit (3).

Dans le cas de la conciliation par le juge, celui-ci adopte un rôle actif dans la négociation entre les parties pour trouver une solution au litige. Le procès-verbal de conciliation est un acte authentique qui peut être exécutée par la force.

2.4. La négociation est un processus le plus souvent informel, par lequel les parties, les négociateurs, avec l’aide ou non de tiers, tentent de parvenir à un accord pour construire des relations ou mettre fin à un conflit.

2.5. Le droit collaboratif est un processus volontaire et confidentiel de règlement des conflits par la négociation, mise en oeuvre par les avocats pour leurs clients.

Le Centre Belge de Gestion de Conflits (Cebegeo) explique le fonctionnement de ce processus. « L’avocat collaboratif reçoit de son client un mandat exclusif et restreint de l’assister et de le conseiller, dans le seul objectif de dégager un terrain d’entente. La pierre angulaire du processus réside dans le rôle de l’avocat collaboratif. Celui-ci s’engage en effet à conseiller son client dans l’optique unique de la recherche d’une solution négociée. En cas d’échec du processus, les avocats consultés ne peuvent plus poursuivre leur intervention et ne peuvent dès lors pas assurer la défense des intérêts de leurs clients dans le contexte d’une procédure contentieuse. La réalisation d’un accord est par conséquent la seule mission des avocats collaboratifs engendrant, en cas d’échec de la négociation, l’obligation de retrait de ceux-ci. Le droit collaboratif ne laisse par ailleurs aucune place à la procédure contentieuse : il suppose en effet l’absence de procédure agressive (ou la suspension de celle(s) en cours) mais également l’absence de toute menace de recourir à la procédure et de toute mesure unilatérale agressive. (…) A chaque étape du processus, les parties sont amenées à participer activement et à exprimer leurs besoins et intérêts respectifs ainsi qu’à entendre ceux de l’autre partie. Les avocats sont les animateurs et les garants du processus ainsi que de la légalité des accords qui seront dégagés. » (4)

2. 6. La transaction est un contrat – et non un processus – par lequel les parties mettent fin à un litige né ou à naître par un accord moyennant des concessions mutuelles. A proprement parler, elle n’est pas un mode alternatif de règlement des conflits tout en y étant proche parce qu’elle constitue la finalité de plusieurs des modes alternatifs comme la médiation et la conciliation. Les parties ne peuvent pas faire exécuter de force une transaction. En cas de non exécution volontaire, elles doivent introduire une procédure en justice pour obtenir condamnation à exécuter l’accord transactionnel intervenue.

2. 7. La tierce décision obligatoire est un procédé par lequel les parties confient à un tiers, qui n’est ni juge, ni arbitre, mais qui est leur mandataire commun, le soin de prendre une décision qui les lient, au même titre qu’un contrat. Comme l’arbitrage, les parties acceptent de se soumettre à la décision d’un tiers qu’ils ont choisi. Ce mode de règlement de conflit n’est pas organisé par le code judiciaire belge (5).

  • La médiation, le jugement et l’arbitrage exigent la présence de trois parties

  • La conciliation et la négociation: deux parties peuvent conclure leur accord

  • Le jugement est le seul mode judiciaire de règlement des différends.

  1. Les pratiques de droit coutumier et les pratiques autochtones de justice. Nous ne pouvons pas inventorier toutes ces pratiques tellement diversifiées car chaque Etat dispose de ses propres coutumes. Dans le cadre de la réconciliation rwandaise, un des programmes du Projet-DVJP (6), nous pouvons seulement citer l’exemple de la justice coutumière qui était en vigueur au Rwanda avant l’instauration, par la colonisation, du système judiciaire des pays occidentaux. La justice traditionnelle rwandaise conduisait à la résolution des conflits par une participation effective des membres de la communauté. Ce système intégrait aussi la médiation, laquelle institution permettait d’instruire et de vider le contentieux social. Ainsi, en cas de grave différend, opposant des individus ou des familles, le médiateur devait, par dessus tout, faire preuve de neutralité et d’objectivité. Dans la tradition rwandaise, un proverbe dit: « Ukiza abavandimwe arararama » (celui qui tranche une affaire entre frères regarde en haut). Cela signifie que « quand on doit juger les frères, il faut éviter toute influence, pour ne pas compromettre ni entacher les liens de fraternité et dissoudre la famille » (7). A ce propos, nous recommandons toujours au peuple rwandais d’introduire la médiation et la justice réparatrice dans son système de justice. Nous sommes convaincus que cette nouvelle justice pourra contribuer notamment à résoudre son conflit ethnique et restaurer la confiance au sein de la communauté rwandaise.

Aloys MUSOMESHA

Ancien avocat, défenseur des droits de l’homme et de la réconciliation

Spécialiste en médiation locale, scolaire et pénale

Projet pour la Réconciliation – DVJP. Umushinga w’ubwiyunge nyakuri

Programme – Médiation & Justice réparatrice. Gahunda y’ubutabera buhuza abantu bukanabunga

Références:

  1. Jusqu’en 2001, la médiation était complètement absente du code judiciaire belge. C’est la loi du 19 février 2001 qui a introduit des règles relatives à la médiation familiale. Par une loi du 21 février 2005, le législateur a introduit une réglementation générale de la médiation, qui ne concerne plus seulement la matière familiale. De ce fait, les dispositions antérieures relatives à cette matière ont été abrogées.

  2. Jacques Lecomte, La justice réparatrice, extrait de son livre  »Introduction à la psychologie positive », Paris, Dunod, 2009, p. 257-270. En Belgique par exemple, la loi du 15 mars 2006, modifiant la loi du 8 avril 1965 relative à la protection de la jeunesse, a instauré un mode particulier de médiation collective, appelée  »concertation restauratrice en groupe ».

  3. Jean-Pierre Bonafé-Schmitt, Les enjeux majeurs de la médiation, Cours dispensé pour les études de spécialisation en médiation locale, scolaire et pénale, Facultés universitaires Saint-Louis, Bruxelles, 2010

  4. Centre Belge de Gestion de Conflits (CEBEGECO). http://www.cebegeco.be/fr/les-modes-de-resolution- de-conflits/le-droit-collaboratif

  5. Mougenot D., Principes de droit judiciaire privé, cours destiné aux étudiants de 2-BAC en droit, Université de Namur, 2013-2014

  6. Projet DVJP: Projet pour la Réconciliation par le Droit, la Vérité, la Justice et le Pardon

  7. Innocent BIRUKA, Sagesse rwandaise et culture de la paix, éditions l’Harmattan, Paris, 2010, 350 pages.

 

Réfugiés en Afrique: la prévention, pour réduire le nombre des personnes déplacées de force

 

Mgr Maria Tomasi

ROME, 30 septembre 2014 (Zenit.org) – « S’engager de nouveau dans une politique de prévention », afin de « réduire le nombre des personnes déplacées de force »: c’est ce que demande le Saint-Siège à l’ONU.

Mgr Silvano M. Tomasi, représentant permanent du Saint-Siège à l’Organisation des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève, est en effet intervenu, lors de la 65ème session du Comité exécutif du Haut-Commissariat pour les Réfugiés, à Genève.

Il a pris la parole ce 30 septembre sur le thème: « Renforcement de la coopération internationale, de la solidarité, des capacités locales et de l’action humanitaire pour les réfugiés en Afrique ».

Il a lancé un appel à « surmonter la mondialisation de l’indifférence » devant la souffrance des réfugiés, au moment où la méditerranée devient un   »cimetière silencieux ».

Pour le Saint-Siège, « développer de nouvelles stratégies, en intégrant le meilleur des méthodes et de expériences qui ont fait leurs preuves, est la seule façon de faire face aux défis actuels », et la « volonté politique de prévenir les conflits par le dialogue et l’intégration, ainsi que par une solidarité effective qui comble le fossé entre les pays en voie de développement et les pays développés du monde, ouvrira un chemin vers un avenir pacifique ».

Voici notre traduction intégrale de l’intervention de Mgr Tomasi.

A.B.

Déclaration de Mgr Tomasi

Monsieur le Président,

La délégation du Saint-Siège soutient la déclaration du comité exécutif du HCR sur le renforcement de la coopération internationale, de la solidarité, des capacités locales et de l’action humanitaire pour les réfugiés en Afrique. Cette déclaration est un rappel opportun de la circulation persistante des peuples déracinés de force et un appel à surmonter la mondialisation de l’indifférence à l’égard de leur souffrance.

Sur le continent africain, et en provenance de l’Afrique vers l’Europe et le monde, la recherche d’un havre de paix et d’une vie décente pousse de nombreuses personnes à abandonner leurs maisons et à traverser les frontières pour échapper au danger et à des conditions d’oppression. En connaissance de cause, elles risquent même la mort et souvent la cruauté des contrebandiers, sur ​​des bateaux de fortune. Un trop grand nombre de victimes ont transformé les eaux de la Méditerranée en un cimetière silencieux. Des politiques de régulation des frontières trop restrictives, qui se prêtent à la pratique dangereuse de la contrebande des personnes humaines comme de « cargaisons », ont poussé des milliers de demandeurs d’asile à entreprendre un voyage fatal au cours duquel leurs rêves et leurs vies sont brisés.

L’hospitalité, les pays africains a permis de sauver beaucoup de vies dans les nombreuses crises qui ont tourmenté le continent au cours des dernières décennies. Les réfugiés ont été accueillis et ont eu une chance de survivre jusqu’à ce que leur rapatriement soit devenu possible. Dans de nombreux cas, la possibilité de s’installer sur place leur a été généreusement offerte. La solidarité internationale a souvent travaillé de pair avec la générosité africaine, mais ni l’une ni l’autre ne sont des ressources inépuisables.

Il est maintenant urgent de s’engager de nouveau dans une politique de prévention. Les efforts de la communauté internationale pour prévenir les conflits et la mauvaise gouvernance qui étouffe le développement, sont nécessaires afin de réduire le nombre des personnes déplacées de force. En substance, cela nécessite une culture de la paix, qui n’est possible que si l’on place la personne humaine au centre des préoccupations, des plans nationaux et des objectifs sociaux, reconnaissant ainsi sa dignité et le respect qu’imposent ses droits humains fondamentaux.

Il faut un changement de mentalité, qui rejette la violence comme moyen de faire face aux différences personnelles et communautaires et qui transcende les intérêts tribaux, ethniques et nationaux pour le service du bien commun.

Les pays africains ont investi un capital politique et économique dans la coordination de leur action continentale pour apporter une réponse plus efficace à leurs besoins de développement et de règlement pacifique des différends. Les instruments juridiques existants pour la protection des populations déplacées de force offrent des outils utiles pour lutter contre les causes des déplacements forcés, afin que les demandeurs d’asile d’aujourd’hui et les personnes déracinées puissent recevoir une protection adéquate.

Une liste de mesures concrètes supplémentaires figure dans la déclaration du comité exécutif. Ces mesures peuvent apporter un soulagement efficace de la détresse des demandeurs d’asile et des personnes déplacées. Le pape François plaide en ce sens : « J’invite en particulier les gouvernants et les législateurs et toute la communauté internationale à considérer la situation des personnes déracinées de force avec des initiatives efficaces et de nouvelles approches pour protéger leur dignité, améliorer leur qualité de vie et faire face aux défis qui apparaissent de formes modernes de persécution, d’oppression et d’esclavage.. ».(1)

Monsieur le Président,

Malheureusement, le déplacement forcé se poursuit sur ​​le continent africain en raison de la violence employée pour poursuivre un pouvoir égoïste et imposer des idéologies. Développer de nouvelles stratégies, en intégrant le meilleur des méthodes et de expériences qui ont fait leurs preuves, est la seule façon de faire face aux défis actuels. La volonté politique de prévenir les conflits par le dialogue et l’intégration, ainsi que par une solidarité effective qui comble le fossé entre les pays en voie de développement et les pays développés du monde, ouvrira un chemin vers un avenir pacifique.

Je vous remercie, Monsieur le Président.

Traduction de Zenit, Constance Roques

(1)Pape François : Discours aux participants à la session plénière du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, 24 mai 2013.

 

Source: Zénit.org  

Le monde vu de Rome

Service quotidien – 30 septembre 2014