Le président Emmanuel Macron et le nouveau gouvernement réunis à l’Elysée après le premier Conseil des ministres du quinquennat, le 18 mai 2017 / POOL/AFP
Sur la forme, ce sera « solidarité, « collégialité » et « confidentialité », sur le fond, priorité est donnée à la réforme du travail : Emmanuel Macron a délivré jeudi son discours de la méthode et fixé le cap de l’exécutif, lors du premier Conseil des ministres de son quinquennat.
Visiblement soucieux d’éviter les couacs qui avaient plombé les premières années de l’ère Hollande, le nouveau chef de l’Etat a mis les points sur les i devant une équipe de 22 ministres et secrétaires d’Etat dont la moitié proviennent de la société civile.
Le président Emmanuel Macron (2e d) face à son Premier ministre Edouard Philippe, lors du premier Conseil des ministres avec les membres du gouvernement, le 18 mai 2017 à l’Elysée, à Paris / POOL/AFP
Parmi les « règles de bon fonctionnement » du nouvel exécutif, a-t-il souligné, figurent « d’abord la solidarité nécessaire entre tous les membres du gouvernement » ainsi qu’un « travail collégial ».
Selon le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, Emmanuel Macron a souligné aussi que son rôle serait de « fixer la stratégie », de « donner un cap, un sens » et de préserver « les équilibres de nos institutions ».
Le gouvernement Macron / AFP
« J’en suis le garant et, là-dessus, je serai intraitable », a souligné le président, « le long terme est à l’Elysée, les arbitrages quotidiens ou de moyen terme sont faits à Matignon ».
« Quand une chose est tranchée dans le cadre de la collégialité, elle doit devenir la règle et elle appelle la solidarité collective », a insisté Emmanuel Macron qui, ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée sous le quinquennat Hollande, était aux premières loges pour mesurer les effets des cafouillages gouvernementaux.
Mais la première chose, a-t-il ajouté, toujours cité par le porte-parole, c’est l’ »exigence d’une fidélité totale » du Premier ministre au président de la République.
Bruno Le Maire, nouveau ministre de l’Economie, le 17 mai 2017 à Paris / AFP
La volonté de maîtriser l’expression de l’exécutif conjuguée à la fermeture inhabituelle de la cour d’honneur de l’Elysée à l’issue de ce premier Conseil des ministres a cependant suscité quelque inquiétude dans les rangs de la presse.
Le président Macron ne veut pas « verrouiller sa com’ » mais exige des ministres « confidentialité » et « discipline », a assuré Christophe Castaner, invoquant des « raisons pratiques », en l’espèce l’organisation de la traditionnelle photo de famille du gouvernement dans le vestibule du palais présidentiel et non dans les jardins en raison d’une météo capricieuse.
Quant à la « feuille de route du gouvernement », elle compte plusieurs priorités, toujours selon Christophe Castaner : « la réforme du droit du travail qui doit être lancée très vite », la préparation de la rentrée scolaire et universitaire, le budget 2018 et la loi de moralisation de la vie publique qui sera présentée au conseil des ministres « avant les élections législatives ».
- ‘Bâti pour durer’ -
Le porte-parole a évoqué aussi « la réforme du renseignement » et « la simplification de la vie administrative avec le droit à l’erreur » face à l’administration, l’un des points saillants du programme d’Emmanuel Macron.
Onze ministres ou secrétaires d’Etat de la société civile / AFP
Autre confirmation, la nouvelle administration Macron va s’inspirer du « spoil system » américain pour renouveler en partie les directeurs des administrations centrales. Ils seront « l’objet d’un examen, d’un renouvellement ou d’un changement (…) dans les semaines qui viennent », a spécifié le porte-parole du gouvernement, réfutant toutefois toute volonté de « chasse aux sorcières ».
Première manifestation concrète du principe de solidarité : tous les membre du gouvernement, y compris les deux ministres Les Républicains Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, devront « soutenir les candidats de la majorité présidentielle » lors des élections législatives des 11 et 18 juin, a prévenu Christophe Castaner.
« Les ministres sont des militants de la majorité présidentielle, ils ne sont plus les militants de tel ou tel parti politique », a-t-il martelé.
Le gouvernement est « bâti pour durer » au-delà des législatives, a assuré pour sa part Edouard Philippe, qui entend « bien sûr » s’impliquer dans cette bataille électorale pour « donner au président de la République la majorité dont il a besoin ».
M. Philippe a par ailleurs confirmé la nomination d’un médiateur dans le dossier de Notre-Dame-des-Landes et promis d’aller « beaucoup plus loin » dans le texte sur la moralisation de la vie publique attendu avant les législatives, précisant toutefois préférer « les règles claires plutôt que l’inquisition ».
Christophe Castaner l’a toutefois proclamé, interrogé sur la nomination de Nicolas Hulot comme ministre de la Transition écologique et les éventuels préalables qu’il aurait pu poser : un « ministre ne pose pas de conditions » à sa nomination. Il devra « appliquer la feuille de route » fixée par le président.