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Appel de paix 2014

Nicole: La paix sur Terre

Rencontre de la paix à Anvers 2014

Rencontre de la paix à Anvers 2014

Hommes et femmes de religions différentes, nous nous sommes rassemblés sur l’invitation de la Communauté de Sant’Egidio à Anvers, au cœur de l’Europe. Dans une terre qui a subi l’horreur de la Grande Guerre Européenne et Mondiale, il y a un siècle. Nous nous inclinons devant la mémoire de tant de victimes et nous répétons: Jamais plus la guerre!

Mais aujourd’hui la guerre sévit à nouveau sur le sol européen, secouant des cohabitations millénaires dans d’autres terres, elle fait souffrir trop d’êtres humains.

Nous avons écouté la prière de millions de réfugiés et de personnes déplacées, de ceux qui demandent de ne pas mourir de faim et de soif, de maladies guérissables dans d’autres parties du monde. La demande de dignité des pauvres, le besoin de justice des peuples, des périphéries du monde.

Le monde n’a manqué ni de possibilités ni de temps pour construire la paix, pour diminuer les distances, pour prévenir les conflits, avant que les crises ne prennent trop d’ampleur. Le monde, pourtant, a perdu bien des occasions. Mais le moment est venu de décider et non pas de se résigner.

La guerre et la violence dans beaucoup de parties du monde veulent redessiner les frontières, les formes de vie, la manière de regarder autrui. Le monde risque de perdre la dimension d’un destin commun alors même qu’il est devenu global.

Il y a des maladies graves qui rendent tout difficile et aboutissent à la division et la résignation des communautés religieuses, de la politique, des organisations et des institutions internationales. Les religions sont appelées à faire leur autocritique: ont-elles su donner une âme à la recherche d’un destin commun ou ont-elles été détournées par une logique conflictuelle? Les religions pourtant peuvent beaucoup: donner à la recherche de la paix, destin de tous les peuples, un cœur et une âme.

Nous prenons sur nous la responsabilité de la paix alors que peu sont ceux qui rêvent la paix.

Les religions du monde disent aujourd’hui avec plus de force qu’hier: il n’y a pas de guerre sainte, l’élimination de l’autre au nom de Dieu est toujours un blasphème. L’élimination de l’autre en se servant du nom de Dieu ne relève que de l’horreur et de la terreur. Celui qui est aveuglé par la haine, n’appartient plus à la religion pure et anéantit la religion dont il se dit le défenseur. Nous prenons l’engagement en ces temps difficiles de défendre la vie de nos frères menacés parce qu’ ils appartiennent à des religions différentes de la nôtre.

Nous travaillons ensemble pour bâtir l’avenir du monde, conscients que la guerre est une grande sottise et que la cause de la paix est si sérieuse qu’elle ne peut être déléguée à quelques uns. Le dialogue est le remède aux conflits, il soigne les blessures, rend possible l’avenir.

Seule la paix peut vaincre la guerre. Lorsque l’on ne parvient pas à imaginer les chemins de la paix, il ne reste plus que des décombres et de la haine. Il faut avoir l’audace de concevoir la paix, car soit l’avenir est la paix, soit il n’y a plus d’avenir, aussi bien pour le gagnant que pour le perdant.

Nous disons aux jeunes générations: ne vous laissez pas tromper par le réalisme triste qui prétend que le dialogue et la prière ne servent à rien. Le monde étouffe sans prière et sans dialogue.

La violence peut être arrêtée. Celui qui recourt à la violence discrédite toujours sa propre cause. Tout est perdu avec la guerre.

Oui! Que Dieu accorde au monde l’avenir. Qui est la paix.

                                                                                              Anvers, le 9 septembre 2014

Source: InfoCatho.be

Le pardon, par la prière et en chantant

Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »

Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois ». Evangile de Matthieu 18,21-22

Prière pour parvenir à pardonner

Dieu, notre Père, toi qui pardonnes toujours, apprends-nous à pardonner, à nous aussi. C’est ton secret, et Toi seul, tu peux nous l’apprendre.

Ne permets pas que nous soyons captifs de notre ancien mal : celui de rendre coup pour coup et de nous venger. Donne-nous le courage de voir en nous le côté obscur : oui, tout ce que d’autres nous infligent, nous sommes capables de l’infliger aussi. Nous ne sommes que des hommes.

Donne-nous le courage et l’humilité de parler à d’autres quand on nous a fait de la peine. Que nous ne nous enfermions pas avec suffisance et présomption dans la conviction de notre bon droit. Que nous n’allions pas penser pouvoir nous en sortir tout seuls. Ne sommes-nous pas frères et sœurs les uns des autres ?

Apprends-nous à voir les fautes telles qu’elles étaient, ni plus grandes, ni plus petites. Garde-nous de les grossir, et du zoom inutile sur des détails : établis-nous dans la vérité. Et que, dans notre pays, la justice, elle aussi, dise le droit en vérité intégralement et humainement tout à la fois.

Donne-nous de comprendre ceux qui nous ont fait du mal; donne-nous le courage de pardonner, parce que tu le demandes et pour qu’en notre cœur règne la paix. Donne-nous surtout de croire qu’il n’existe aucun mal dont tu ne puisses venir à bout, et que, toujours, ton pardon nous précède, avant même que nous n’ayons trouvé le temps de pardonner à d’autres.

Doux Seigneur et Père, apprends-nous à aimer même nos ennemis et à ne jamais calculer le nombre de fois qu’il convient de le faire. Nous voudrions compter au-delà de soixante-dix-sept fois sept fois, parce que tu le demandes et que tu tiens à nous. Amen. 

Cardinal Godefried Danneels

Le pardon

MBABARIRA par Bahati Alphonse

Pardon, Seigneur, Pardon

Pardon, Seigneur, pardon

 Pour notre orgueil, nos résistances ; viens enlever nos suffisances et chasser notre arrogance.

Pardon, Seigneur, pardon

Pour toutes nos pensées impures ; viens changer nos cœurs si durs, nos raisonnements obscurs.

Ô relève-nous, nous sommes tombés si bas.

Ô relève-nous par ta grâce et ton pardon,

Aie pitié de nous, nous nous humilions devant toi.

Pardon, Seigneur, pardon

Pour tant de paroles mauvaises ; viens adoucir nos mots, nos lèvres, et que nos querelles s’apaisent.

Pardon, Seigneur, pardon

De toujours garder rancune ; viens changer notre amertume, transformer notre attitude.

Ô relève-nous, nous sommes tombés si bas.

Ô relève-nous par ta grâce et ton pardon,

Aie pitié de nous, nous nous humilions devant toi.

International IDEA, la réconciliation après un conflit violent

AICHA KONE – BOROYASSA (Côte d’Ivoire)

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L’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (International IDEA) est une organisation intergouvernementale dont la mission est de soutenir la démocratie durable dans le monde. Il a son siège à Stockholm en Suède.

En 2004, International IDEA a publié un document intitulé « la réconciliation après un conflit violent » en 10 points qui analyse la réconciliation comme un processus efficace pour la prévention et la résolution des conflits.  Les différentes parties de ce travail concernent les principes généraux de la réconciliation, le processus et le contexte de la réconciliation, les victimes et les agresseurs, la cicatrisation et la justice, la divulgation de la vérité et la réparation ainsi que les règles d’engagement de la communauté internationale.

L’organisation reconnaît que la justice restaurative (réparatrice) par la médiation, une alternative à la justice punitive, présente beaucoup d’avantages en faveur de la réconciliation mais que l’immunité, qui est basée sur la pratique internationale assurant une protection aux chefs d’Etats contre les poursuites, est une variante de l’impunitéElle affirme que les sources les plus courantes d’impunité sont les lois d’amnistie

Néanmoins,  nous constatons que son travail n’évoque jamais le mot pardon, mais parle seulement des excuses. Et, nous sommes convaincus que les cœurs blessés par les violences des guerres et des massacres ne peuvent pas être guéris par les simples excuses. Si l’on veut que la réconciliation soit vraiment authentique et durable, le pardon doit être une voie incontournable.

Comme nous le signalons dans notre plaidoyer pour le droit de la réconciliation à la page 47, alors que pour l’amnistie et la grâce, la victime pour laquelle les droits sont violés n’est pas consultée par l’organe décideur ( pouvoir législatif ou chef de l’État ), si au contraire la loi du pardon était adoptée, la victime pourra jouer un grand rôle car c’est elle qui détient la faculté de pardonner. Mais, elle ne serait pas forcée ni obligée de pardonner. La loi du pardon sera alors une invitation légale à demander pardon et à pardonner. Aussi, faut-il rappeler qu’en cas d’amnistie, le responsable des violations des droits de l’homme n’intervient pas non plus dans la prise de décision, avec justement toutes les conséquences possibles qu’on connaît. On peut citer notamment: l’impunité, la récidive, le manque de réinsertion sociale de l’inculpé, etc. Avec le risque de vengeance pour les victimes. Tandis qu’en demandant pardon, le criminel responsable avoue l’infraction, s’engage fermement à ne plus recommencer l’acte punissable, accepte la punition. L’engagement au pardon favorise donc la réinsertion sociale de l’inculpé et du condamné. Il faut donc responsabiliser les parties en conflit.

Pour lire ce document, cliquez sur ce lien: La réconciliation après un conflit violent

  • Les personnes particulièrement concernées par les conflits ethniques et politiques rwandais et burundais peuvent s’inspirer de ce travail. Pour réussir la réconciliation et mieux vivre ensemble, nous devons accepter que Hutu, Tutsi nous sommes tous des frères, comme l’affirmait d’ailleurs l’artiste et chanteur burundais Jean-Christophe Matata. Son message est bien clair. Ecoutez-le!

  • Et, même tous les habitants de la Terre forment un peuple de frères et sœurs en humanité. Pour les chrétiens, nous sommes tous les enfants de Dieu.

Peuple de frères

 

Le Guide

Musique rwandaise pour la culture de la paix

Les artistes et chanteurs font la promotion de la culture de la paix par des chansons sur la justice, les droits humains, le vivre ensemble, l’amour, l’humanité (ubumuntu) … Une musique sélectionnée pour vous!

Teta Diana chante l’unité et la réconciliation rwandaises

 

Pour choisir la musique, cliquer sur l’image et ensuite sur la carte du Rwanda ou sur soundcloud pour voir la chanson que vous souhaitez écouter. C’est du bonheur!

Nkurunziza François, Byumvuhore Jean Baptiste, Masabo Nyangezi, Ruremire Focus, l’orchestre NYAMPINGA, Matata Jean Christophe (Burundi), …

 

Le Guide

 

Jacques Lecomte, La justice réparatrice

 

Pour ouvrir le document, cliquer sur le titre et ensuite sur le lien qui apparaît ci-dessous.

Jacques Lecomte, la Justice Restauratrice: Extrait (chapitre 17) de son livre intitulé: Introduction à la psychologie positive, Paris, Dunod, 2009, p. 257-270.

Psychologue français, Jacques Lecomte est l’un des principaux experts de la psychologie positive. Docteur en psychologie, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont: 

  • La bonté humaine ; altruisme, empathie, générosité, Paris, Odile Jacob, 2012
  • Donner un sens à sa vie, Paris, Odile Jacob, 2007

La médiation permet aux parties impliquées de dialoguer et d’exprimer les émotions ressenties, en présence d’un médiateur, chargé de faciliter la communication. Un principe majeur est que le médiateur n’a pas de pouvoir sur le contenu des décisions prises (contrairement à un juge) ; en revanche, c’est lui qui maîtrise pleinement le processus (distribution de la parole, interruption d’une personne si celle-ci manifeste un comportement irrespectueux de l’autre, etc.). Par ailleurs, il utilise un mode de communication empathique, permettant à chacun d’exprimer au mieux son ressenti, il permet la libération des émotions des participants, sans toutefois que cela conduise à des débordements agressifs. Ainsi, la médiation est bien plus qu’une simple modalité de résolution des conflits, elle conduit souvent à une véritable transformation intérieure des participants. Enfin, le médiateur respecte des règles déontologiques essentielles : neutralité, indépendance, impartialité et confidentialité. Tout ceci fait qu’on ne s’improvise pas médiateur ; cette fonction nécessite d’être formé sérieusement (page 262).

La médiation par la justice réparatrice peut être traduite en Kinyarwanda, la langue rwandaise, comme: ubutabera buhuza abantu bukanabunga.

L’être humain comme je l’ai vu (psychologie), chanté par l’artiste rwandais Jean Baptiste Byumvuhore

La justice réparatrice pour la résolution du conflit ethnique rwandais

Pour ouvrir l’article, cliquer sur le titre et ensuite sur le lien qui apparaît ci-dessous.

La justice réparatrice pour la résolution du conflit ethnique rwandais

La médiation par la justice réparatrice peut être traduite en Kinyarwanda, la langue rwandaise, comme: ubutabera buhuza abantu bukanabunga.

La consultation du document ci-après est recommandée.

Programmes de justice réparatrice – Manuel des Nations Unies (2008)

La justice, chantée par l’artiste rwandais François Nkurunziza

 

Le Guide

Paul Scolas, Le mystère du pardon

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A l’image de ton amour

1 – Seigneur Jésus, tu nous as dit : je vous laisse un commandement nouveau :
Mes amis, aimez-vous les uns les autres. Ecoutez mes paroles et vous vivrez.

2 – Devant la haine, le mépris, la guerre. Devant les injustices, les détresses.
Au milieu de notre indifférence. Ô Jésus, rappelle-nous ta Parole !

Fais-nous semer ton Evangile. Fais de nous des artisans d’unité.
Fais de nous des témoins de ton pardon. A l’image de ton amour.

3 – Tu as versé ton sang sur une croix. Pour tous les hommes de toutes les races.
Apprends-nous à nous réconcilier. Car nous sommes tous enfants d’un même Père.

………………………………

Le mystère du pardon

Avant-propos

J’intitule ce que je vais vous partager, le mystère du pardon, pour manifester que je ne vais pas me livrer à une analyse de l’acte de pardonner (définition, difficultés, étapes…), mais à une sorte de contemplation de cette ouverture qui appartient au mystère de la foi, mystère de Dieu et mystère de ce que nous sommes.

Introduction

Pardonner est à la fois indispensable et impossible. Aucune relation entre humains ne peut tenir longtemps si on ne se pardonne des blessures mutuelles (depuis des petits manques d’attention à des manquements qui portent atteinte au respect). Que les humains se pardonnent les uns aux autres, c’est bien réel, c’est même fréquent et, d’une certaine façon, c’est naturel puisque sans cela, nous ne pourrions vivre ensemble. Et pourtant, pardonner, dans bien des situations nous paraît impossible. Si on peut dire que le pardon est indispensable pour vivre et, en ce sens, naturel, on peut en même temps dire : « Le pardon est sans doute l’acte le plus difficile à poser tant il est, dans son excès même, contraire à la logique naturelle » (L. CROMMELINCK, Editorial, dans Les cahiers de Paraboles, N°17, janvier 2003, p.3.). Oui, le pardon est de l’ordre de l’excès et, en ce sens, il est sur-naturel et c’est sans doute en cela même qu’il est tellement précieux pour vivre.

Evoquer le pardon, c’est forcément se replacer devant l’énigme du mal, de certaines formes du mal en tout cas, ce mal que nous nous infligeons les uns aux autres. Le pardon évoque une forme de sortie du mal. Il n’est dès lors pas étonnant que les Ecritures en parlent si fréquemment puisque la grande question de celles-ci à propos du mal, c’est : Comment en sortir ? Les Ecritures ne nous embarquent pas dans des spéculations à propos de l’origine du mal, elles nous tournent vers l’avenir. Devant le fait du mal, Dieu est celui qui, depuis la Genèse, accompagne l’homme sur des chemins d’avenir qui permettent de vivre au-delà du mal. Dieu n’est pas un Dieu qui explique les causes, il est un Dieu qui descend, qui rejoint et accompagne, qui sauve : Dieu de tendresse, de pitié, de miséricorde, Dieu qui pardonne.

C’est à partir de là que nous allons contempler le mystère du pardon. Nous ne le regarderons pas – ou très peu – comme un acte moral dont nous analyserions les conditions de mise en œuvre. Nous partirons du fait du pardon, un fait qui conduit hors du mal (remarquez que le Pater énonce comme une réalité le fait que nous pardonnons). Ce fait (Nous pardonnons – Dieu pardonne) manifeste qui est Dieu et qui nous sommes. Nous sommes moins ici dans l’ordre du moral que dans l’ordre du théologal et de l’anthropologal, dans l’ordre du mystère de Dieu et du mystère de l’homme. La parole qui invite à aimer ses ennemis est de cet ordre -là, celui de l’excès, celui du mystère de Dieu comme clé qui dévoile le mystère de l’homme : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. (Mt5,44,45)

Le pardon, acte divin

Pour aider à résister à des considérations sur la mise en œuvre du pardon entre nous, pour nous aider à nous situer résolument au plan du mystère de la foi, je vous propose de commencer par contempler le pardon comme acte proprement divin, comme acte qui révèle qui est Dieu : qui donc est Dieu s’il est un Dieu qui pardonne ?

Au cœur de l’Evangile de Jésus Christ

Partons tout simplement du récit des évangiles. Au fil du récit, le pardon est très présent et de façon peu banale. Quelques flashes dans le récit de Luc, évangile de l’année, qui met particulièrement en évidence la miséricorde de Dieu.
Le Benedictus : « …pour donner à son peuple la connaissance du salut par le pardon des péchés. »
3,3 : Jean proclame : « un baptême de conversion en vue du pardon des péchés. »
5,17 et ss : la guérison du paralytique «  … « qui peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? »
« Qu’y a-t-il de plus facile, de dire : Tes péchés te sont pardonnés ou bien de dire : Lève-toi et marche ? Eh bien, pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre autorité pour pardonner les péchés… »
5,32 : Vocation de Lévi « Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs pour qu’ils se convertissent. »
7,36 ss : La pécheresse chez un pharisien
« Si je te déclare que ses péchés si nombreux ont été pardonnés, c’est parce qu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. Il dit à la femme : Tes péchés ont été pardonnés. Les convives se mirent à dire en eux-mêmes : Qui est cet homme qui va jusqu’à pardonner les péchés ? Jésus dit à la femme : Ta foi t’a sauvée. Va en paix
Le Notre Père : « Pardonne-nous nos péchés (Matthieu dit dettes) car nous-mêmes, nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous. »
12,10 : « Quiconque dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais qui aura blasphémé contre le Saint Esprit, cela ne lui sera pas pardonné. »
15,
2 : « Cet homme-là fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux. »
3 : « Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit… »
24 : « Mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé. »
17,3 : « Si ton frère vient à t’offenser, reprends-le ; et s’il se repent, pardonne-lui. Et si sept fois le jour…, tu lui pardonneras. »
18,9 : Le pharisien et le publicain
« O Dieu, prends pitié du pécheur que je suis. »
« Je vous le déclare : celui-ci redescendit chez lui justifié, et non l’autre… »
19,1 et ss : Zachée
« C’est chez un pécheur qu’il est allé loger. »
« Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison (…) En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
23,
34 : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
43 : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. »
Il apparaît nettement que le pardon est non seulement présent au fil du récit des évangiles, mais qu’il est au cœur même de l’Evangile comme Bonne Nouvelle du Christ. Le pardon des péchés fait partie de l’avènement du Règne de Dieu qui est la Bonne Nouvelle.
Remarquons d’abord que, plusieurs fois, est mis en évidence que le pardon des péchés est une prérogative divine, mais que ce pouvoir est remis au Fils de l’homme sur la terre. « Si quelqu’un vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père, Jésus Christ, qui est juste ; car il est lui victime d’expiation pour nos péchés ; et pas seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier. » (1Jn 2,1,2). La rémission des péchés, le fait que le poids du péché comme nous coupant de Dieu et les uns des autres soit soulevé, fait partie du cœur du kérygme : « Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures. » (1Cor 15,3) ; « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » (Jn 1,29) ; « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude, pour le pardon des péchés. » (Mt 26,28).
Le pardon des péchés pour la multitude est donné ; la fatalité inexorable du péché est vaincue. Cela fait partie du salut, de la résurrection (Lc 15 ; Lc 19). Cela touche au cœur même de la Bonne Nouvelle comme nouvelle pascale : les forces de mort et de ténèbres peuvent, grâce à Dieu, être traversées, elles ne sont pas les plus fortes. Le seul obstacle irrésistible, c’est le refus explicite de se laisser toucher par l’Esprit Saint, celui qui, pourtant, souffle où il veut. Nous sommes dans une perspective d’alliance et de liberté où le pardon, le salut, la résurrection peuvent être tenus en échec par le refus volontaire d’entrer dans le Souffle Saint.

Le pardon, excès du don

Le don est l’acte divin par excellence. Dieu est Dieu de donner et de recevoir. Le Père donne tout au Fils, le Fils se reçoit totalement du Père, l’Esprit est leur lien : Tout ce qui est à moi est à toi comme tout ce qui est à toi est à moi (Jn17,10 et Lc15,31). Autrement dit : Dieu est amour, agapè, désir que d’autres vivent et c’est cela la source et le sens de la création. Dans le don comme acte divin qui fait exister d’autres que Dieu, capables, à son image, de donner eux aussi, la potentialité du pardon n’est-elle pas déjà inscrite ? Sans quoi Dieu serait prêt à renoncer à donner comme il en fut tenté juste avant le Déluge : Le Seigneur se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre. Il s’en affligea et dit : ‘J’effacerai de la surface du sol l’homme que j’ai créé(…)car je me repens de les avoir faits.’ (Gn6,6,7). Le récit culmine cependant dans cette déclaration de Dieu : Je ne maudirai plus jamais le sol à cause de l’homme. Certes, le cœur de l’homme est porté au mal dès sa jeunesse, mais plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait. (Gn8, 21) et Dieu établit une alliance à laquelle il sera fidèle au-delà même des infidélités des hommes. Lorsque l’homme qui a fait le mal se tourne vers Dieu et qu’il se reconnaît pécheur, il est assuré que son péché sera remis sans quoi Dieu renoncerait à donner, à faire vivre. Il y a là un excès du don qui ouvre un avenir au-delà de ce qui peut le boucher. Cet excès est mis en œuvre d’une façon saisissante par Osée. Cet excès du don est une ouverture, une libération et non l’injonction pour nous de poser un acte impossible : pardonner. Bien sûr, l’accueil dans nos vies de cet excès du don rejaillit normalement dans notre manière d’agir à notre tour. N’empêche qu’il est essentiel de réaliser que le pardon est un don et une libération à accueillir pour vivre et c’est cet accueil qui nous rend à notre tour capables de cet excès.

Ce qui est là en jeu radicalement, c’est la foi et l’espérance que le mal, même le mal commis, n’est pas une fatalité : Va, je ne te condamne pas. Désormais, ne pèche plus ! Cela, nous avons d’abord à l’accueillir et à en réaliser la portée pour nous-mêmes : nous ne sommes pas seul avec le mal que nous avons commis. Dans la relation à Dieu devant qui le mal est reconnu comme péché, il peut être remis, pardonné. Et il en va ainsi aussi pour l’humanité elle-même, elle n’est pas enfermée inéluctablement dans son péché. La rémission des péchés n’est donc pas un élément parmi d’autres de la foi chrétienne, c’est le cœur même du mystère chrétien : la victoire sur le mal et la mort.

Le pardon, acte humain

Le pardon que nous venons d’approcher comme acte divin marqué de l’excès, de l’eschatologique, de la transcendance qui caractérisent ce qui est de Dieu, ce pardon, ce pouvoir divin de pardonner, est pourtant, dit l’Evangile, remis au Fils de l’homme et même remis aux hommes. Et cela aussi fait partie de l’Evangile comme Bonne Nouvelle. C’est d’ailleurs déclaré de manière solennelle :
« … afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre autorité pour pardonner les péchés… » (Mt9,6)
Et le Ressuscité déclarera : « Recevez l’Eprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Jn20, 23)
Chez Matthieu, la guérison du paralytique se termine ainsi :
« L’homme se leva et s’en alla dans sa maison. Voyant cela, les foules furent saisies de crainte et rendirent gloire à Dieu qui a donné une telle autorité aux hommes. » (v.7, 8)

Les hommes sont capables de pardonner

Je l’ai déjà évoqué, mais j’y reviens car cela me paraît très important : de fait, les hommes sont capables de pardonner et pardonnent. Ne faut-il pas rapprocher cette capacité de cette autre : l’homme est capable de Dieu (capax Dei) ? Ne s’agit-il pas d’ailleurs, foncièrement, de la même capacité : l’homme, tout être humain et pas seulement les chrétiens ou les croyants, est image et ressemblance de Dieu ? Cette affirmation primordiale de la foi sur l’homme n’a pas de sens si elle ne signifie pas que l’homme est capable de donner, d’aimer et même de pardonner.
C’est vraiment important, comme croyants, de le reconnaître et pas seulement de manière générale, mais concrètement, comme aussi d’en rendre grâces à la manière de la seconde prière eucharistique pour la réconciliation : « Ton Esprit travaille au cœur des hommes : et les ennemis enfin se parlent, les adversaires se tendent la main, des peuples qui s’opposaient acceptent de faire ensemble une partie du chemin. ». Nous l’avons vu en Europe après la seconde guerre mondiale, en Afrique du Sud après l’apartheid… Ces derniers temps, il y a même eu des emballements médiatiques pas toujours très sains autour de reconnaissance de fautes, d’actes de repentance, de demandes publiques de pardon. Ne sommes-nous pas aussi témoins, jour après jour, de courageuses démarches de réconciliation dans les familles et ailleurs pour continuer à vivre ensemble ?
L’homme ne peut pas vivre seulement de la stricte justice, du donnant donnant, de la loi du talion même si l’excès du pardon ne dispense pas d’être juste, de réparer etc. La reconnaissance des fautes (sans laquelle le pardon n’aboutit pas vraiment) et leur remise pour aller plus loin sont essentielles pour vivre (car c’est bien la vie qui est ici en jeu). Tenir tous les comptes (les dettes) ou vivre de rancune est mortifère.

Le pardon divin est confié aux hommes

Mais les hommes ne sont pas seulement capables de pardonner, ils ont reçu du Fils de l’homme, le pouvoir de remettre les péchés au nom de Dieu. C’est le pardon de Dieu qu’il est confié aux hommes de donner et cela, c’est immense et humainement très précieux. Lorsque l’on rencontre des personnes qui, non seulement se considèrent comme condamnées par elles-mêmes et par autrui, mais aussi par Dieu, on mesure combien il est précieux de pouvoir leur déclarer, sur base de la Parole du Christ et donc en y croyant : « Va, Dieu ne te condamne pas. Tu es délié de ton péché. » C’est ainsi que Jésus délie la femme surprise en adultère. C’est toute la pertinence de la parole sacramentelle qui déclare la réalité du pardon de Dieu pour quelqu’un qui se reconnaît pécheur. Mais ce pouvoir-là qui se cristallise – heureusement – dans le sacrement n’y est pas limité, il est et doit être inscrit dans toute la sacramentalité de l’Eglise. L’Eglise comme sacrement du salut est et doit être, de façon essentielle, sacrement du pardon par ses relations internes (cf. Mt 18,15-18 et 21-35) et aussi comme signe de la réconciliation possible au cœur du monde. Et, lorsqu’il est impossible dans telle ou telle situation de pardonner actuellement, il reste à l’Eglise de prier comme Jésus : « Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu’ils font. » (Lc23, 34). Quelque chose s’accomplit ainsi même si ce n’est pas totalement reçu : la renonciation à la vengeance, à la haine entretenue alors même que la rencontre reste impossible et même peut-être pas souhaitable. Cette prière reconnait que le mal n’est pas irrémédiable et garde l’espérance d’un accomplissement en Dieu de la réconciliation.
Lytta Basset parle très bien, en théologienne protestante, de la place du pardon dans la vie de l’Eglise. Elle évoque la parole de Jésus à Pierre en Mt 16,19 et écrit : « C’est toute l’Eglise qui est fondée sur cette parole (…) Il n’y a pas d’Eglise sans cette base comme fondement du pardon des offenses, c’est-à-dire le pouvoir exercé entre humains de lâcher au nom de Dieu ce qui est de l’ordre de la faute… » Tout en soulignant que cela concerne tous les membres de l’Eglise, elle ajoute : « J’aime bien personnellement ce côté déclaratif dans le sacrement catholique mais alors en l’étendant à chacun(e) qui, à ce moment, est investi(e) de ce pouvoir que le Christ lui-même a révélé en lui. » (L. BASSET, Laisser aller le mal subi, dans Les cahiers de Paraboles, N° 17, janvier 2003, p. 17 et 18)

Le pardon, révélation de l’homme

Qu’est-ce que cet excès du don divin qu’est le pardon révèle à propos de l’homme ? Que révèle le fait qu’il soit pardonné aux hommes, le fait que les hommes soient capables de pardonner, le fait que le pouvoir divin de pardonner soit remis aux hommes ?
Foncièrement, ce qui est ainsi manifesté et révélé, c’est la possibilité d’une espérance radicale concernant chacune de nos destinées et concernant la destinée de l’humanité tout entière. Même abîmée profondément par le péché commis, une vie humaine demeure appelée et destinée au salut, à la vie éternelle. Dieu ne regarde aucun homme en désespérant de lui à jamais et il nous invite à entrer dans ce regard (cf. le fils aîné en Lc 15). Même profondément marquée par la haine, l’humanité demeure appelée et promise à la réconciliation et à la paix et, depuis la mort du Christ en croix, cette réconciliation est inscrite dans l’humanité. Paul le dit avec beaucoup de force à propos des Juifs et des païens, mais cela vaut plus largement : « En Jésus Christ, vous qui jadis étiez loin, vous avez été rendus proches par le sang du Christ. C’est lui, en effet, qui est notre paix : de ce qui était divisé, il a fait une unité. Dans sa chair, il a détruit le mur de la séparation : la haine. » (Eph 2, 13,14). C’est dans la chair du Christ, et du coup dans la chair de tout humain et dans la chair de l’histoire humaine, que la haine est rencontrée et affrontée avec l’arme du pardon et, par le pardon, vaincue à la racine.
Cette espérance radicale ne dispense pas, au contraire même, de la lucidité sur le fait que cette réconciliation n’est pas pleinement réalisée maintenant. L’histoire de chaque humain et de l’humanité est à la fois le lieu de l’épreuve, du combat, de la traversée et celui de l’aujourd’hui de l’eschatologie. La réconciliation demeure bien une réalité eschatologique, c’est-à-dire un don de Dieu et non une réalité que nous pourrions totalement faire advenir nous-mêmes et pourtant, ce don, ce par-don, est offert aujourd’hui sur la terre. Au cœur de l’épreuve d’une humanité marquée par le péché, il s’agit à la fois d’accueillir et d’inscrire dans la réalité historique pour qu’il la soulève, cet excès du don qu’est le pardon.

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Contempler le pardon comme mystère de foi qui nous dépasse de toutes parts et pourtant touche nos existences au quotidien, c’est découvrir qu’il nous révèle à nous-mêmes. Si le pardon nous est offert et s’il nous est offert de pardonner, et cela de la part de Dieu, alors, nous sommes bien plus que ce que nous sommes, nous-mêmes et chaque humain, et surtout que ce que nous jugeons que nous sommes lorsque nous avons commis le mal. Le jugement dernier qui n’appartient qu’à Dieu est heureusement bien plus ouvert que notre propre jugement et, pour dernier qu’il soit et qu’il reste, par le pardon, il peut déjà travailler notre histoire.

Paul Scolas

Jean Monbourquette, Comment demander pardon?

Dans le langage courant sur le pardon, on s’adresse souvent plus aux victimes en leur demandant de pardonner et on oublie de recommander aussi aux offenseurs de demander pardon.

Capture dcran2Mais, l’enseignement de Jean Monbourquette, auteur de plusieurs livres sur le pardon, est original dans ce sens qu’il s’adresse aux victimes d’une offense en leur apprenant comment il faut pardonner mais aussi à toute personne qui a causé des torts à autrui. En 2004, Jean Monbourquette et Isabelle d’Aspremont ont publié, aux éditions Novalis à Ottawa (Canada), le livre intitulé: Demander pardon sans s’humilier? A la dernière page de sa couverture, il est écrit:

« Qui n’a pas, un jour ou l’autre, éprouvé le besoin de demander pardon, sans pouvoir se décider à le faire? Faute de savoir s’y prendre, ou par peur de l’accueil que la personne offensée réservera à notre demande. Ou parce que reconnaître ses torts s’oppose aux valeurs de compétition et d’affirmation de soi véhiculées dans notre société.
Demander pardon, c’est possible, affirment Jean Monbourquette et Isabelle d’Aspremont dans le premier ouvrage à aborder ce sujet. Ils nous convient à une démarche libératrice, qui peut être une extraordinaire occasion de développement personnel, que la personne offensée accepte ou non de pardonner ».

Dans la deuxième partie du livre, les auteurs analysent de la manière suivante la démarche ou les étapes de la demande de pardon individuel.

Le travail intérieur pour demander pardon

1. S’éveiller à sa responsabilité morale. Les motifs suivants peuvent pousser à demander pardon.
- la motivation au niveau de la survie: éviter la punition.
- la motivation au stade de la déculpabilisation de soi par l’aveu: réduire l’angoisse d’avoir été pris en faute
- la motivation au stade du devoir: obéir aux règlements et aux lois de la société
- la motivation au stade de l’interdépendance: prendre conscience du mal fait à autrui
- la motivation au stade de la sagesse: souffrir du mal dans le monde et chercher à l’éliminer
2. Reconnaître ses états d’âme, les distinguer afin de bien les gérer: la honte, le sentiment sain et malsain de culpabilité, les remords, le regret et le repentir.
3. « Le repentir de l’être » et la réintégration de ses ombres
4. Se pardonner soi-même parce qu’on est digne de pardon. Se savoir et se sentir digne de pardon.
5. Qu’en est-il d’une faute secrète, inconnue de l’offensé? Le besoin de confesser ses fautes ou l’incapacité de révéler celles-ci. Plusieurs raisons peuvent amener quelqu’un à devoir ou non révéler ses méfaits ou ses crimes secrets.

La démarche concrète de la demande de pardon à l’offensé

6. L’aveu: faute avouée est à demi-pardonnée
7. Demander pardon. Comment? Les diverses façons de demander pardon:
- demander pardon directement à la personne offensée
- avouer sa faute équivaut souvent à une demande de pardon
- se limiter à l’objet du pardon au lieu de s’accabler de reproches
- demander pardon d’une façon affirmative
- demander pardon par écrit
- demander pardon par personne interposée
- demander pardon en faisant un geste amical ou en offrant un cadeau
- demander pardon en silence
- demander pardon à une personne décédée
8. Pardon, réconciliation, refus de pardon. La réconciliation ne suit pas nécessairement le pardon mais la réconciliation authentique entre l’offenseur et l’offensé requiert que les deux acceptent de grandir. Le refus de pardonner peut avoir diverses motifs et conséquences. L’offenseur et l’offensé sont liés par une histoire commune.
9. Célébrer sa demande de pardon sans s’humilier.

Il faut noter que ce livre fait aussi référence aux programmes de justice réparatrice, une nouvelle forme de justice qui permet la réconciliation entre la victime et le délinquant. Une justice défendue par le programme du Projet-DVJP et qui est d’ailleurs également recommandée par l’Organisation des Nations Unies (ONU).

La rédaction du Projet-DVJP

Dr Edward Hallowell, Osez pardonner

Dr Edward Hallowell

Dr Edouard Hallowell est psychiatre et écrivain. Dans son livre Osez pardonner publié aux éditions ADA Inc en 2005 (280 pages), l’auteur américain « nous amène à comprendre la vraie nature du pardon par l’intermédiaire d’une série de définitions et de situations. D’abord, il nous montre comment et pourquoi le pardon est le gage d’une vie saine et heureuse; ensuite il nous propose un programme en quatre étapes pour que le pardon occupe une plus grande place dans notre vie personnelle ». Il détaille dans le chapitre 4 de ce livre cette méthode pour pardonner qu’il résume à la fin comme suit:

Premier acte: La souffrance et la blessure. On est blessé et on se demande quoi faire.
1.Vous êtes blessé et vous souffrez.
2.Vous êtes submergé par un flot d’émotions. Vous prenez votre temps.
3.Vous parlez à ceux en qui vous avez confiance.
4.Vous ne vous isolez pas. Vous restez branché.

Deuxième acte: Revivre les événements et réfléchir
5.Vous faites appel à vos convictions profondes. Vous vous posez la question En quoi je souhaite transformer ma souffrance?
6.Vous faites le deuil de ce que la blessure vous a fait perdre.
7.Vous recherchez la cause qui vous empêche de pardonner.
8.Vous vous interrogez sur la nature de votre comportement…
9.Vous faites le nécessaire pour regagner vos sentiments de contrôle et de sécurité.
10.Vous développez une empathie envers la personne qui vous a blessé.

Troisième acte: Transcender la situation. Étape de la guérison, on se débat avec soi-même ou les autres, alors qu’on tente de transcender la colère et le ressentiment afin d’attendre la paix intérieure.
11.Vous cherchez en vous-mêmes la source du blocage afin de la neutraliser.
12.Vous réfléchissez, vous faites une introspection.
13.Vous priez ou méditez.
14.Vous remerciez la vie pour les bonnes chose qu’elle vous a données.
15.Vous imaginez la vengeance.
16.Vous vous concentrez sur l’avenir.
17.Vous vous rappelez qu’il vaut mieux pour vous et pour le monde entier que vous pardonniez.
18.Vous vous rappelez que, vous aussi, vous avez besoin d’être pardonné

Quatrième acte: Faire le point et poursuivre son chemin
19.Vous renoncez à votre colère et à votre ressentiment.
20.Vous répétez les mêmes étapes aussi souvent que nécessaire jusqu’à ce que la source du mal soit supprimée et que la colère se dissipe.
21.Vous vous sentez nourri par l’acte de pardonner et vous en sortez grandi.
22.Vous aidez les autres dans leurs efforts de pardonner.

Vous constaterez beaucoup de ressemblances entre cette méthode pour pardonner proposée par Edouard Hallowell, médecin psychiatre et celle de Jean Monbourquette, prêtre psychologue énoncée dans le texte de sa conférence et dans le livre « Comment pardonner » (article précédent).

 

Le Guide