Bonjour cher(e)s auditrices et auditeurs, et bienvenus dans cette 2ème partie de l’émission RWANDA : LUMIERE DE LA VRAIE RECONCILIATION qui vous est présentée par MUSOMESHA Aloys, médiateur responsable du Projet DVJP, Guide de la Réconciliation pour la Paix par le Droit, la Vérité, la Justice et le Pardon.
Dans la 1ère partie de cette émission diffusée le 6 mai 2023, vous avez pris connaissance, en résumé, du contenu du livre que j’ai publié en janvier 2022 sur la fin de l’exil des rwandais. Aujourd’hui, je viens vous parler de la conférence que j’ai animée le 29 octobre 2002 à Bruxelles dans le cadre du dialogue entre les membres de la communauté rwandaise en exil. En fait, je reviens sur cette conférence parce que, même aujourd’hui 20 ans après, le sujet que j’avais exposé reste toujours d’actualité pour toute la communauté rwandaise tant au Rwanda qu’ailleurs dans le monde. Effectivement, je lance un appel pour la prise de conscience de la nécessité et l’urgence de travailler sur le thème des droits humains et la réconciliation pour la résolution et la prévention des conflits rwandais. C’est donc très important.
Cette conférence avait été organisée à l’occasion de la présentation de ce Projet-DVJP que j’ai fondé en 2001 et suite à la publication de la revue de mon Plaidoyer pour le Droit de la réconciliation en janvier 20o2. J’ai encore publié le texte complet de ce Plaidoyer dans le livre LUMIERE DU MONDE , le 2ème tome du Guide de la Réconciliation pour la Paix , de la page 21 à 121 (100 pages). Le texte de cette conférence se trouve aussi aux pages 193 à 198 du même ouvrage; juste après le résumé du 1er tome RWANDA . LA FIN DE L’EXIL : Bonne Nouvelle de la Réconciliation Authentique. Voici donc sa version actualisée.
Mesdames et Messieurs,
Le sujet de la réconciliation que nous traitons encore aujourd’hui n’est pas nouveau. Bien qu’elle soit parfois d’actualité politique, la réconciliation est un thème sur lequel nous discutons tous les jours mais dans les sens ou optiques différents. Peut-être que c’est l’une des raisons pour laquelle elle nous semble difficile. Parce que nous ne l’entendons pas de la même manière. Les droits humains, par contre, sont bien définis, car ils sont régis par des textes juridiques internationaux et sont reconnus par les nations du monde. Bien qu’ils soient, pour certains, faciles à apprendre, à enseigner, à parler; ils sont, tout de même, difficiles à respecter.
La question des conflits n’est pas non plus un sujet nouveau pour nous. Les conflits existent partout dans le monde et ils ont des origines différentes suivant les régions et les communautés. Comme nous le savons tous, les membres de la communauté rwandaise avons aussi des conflits depuis plusieurs années. Partout où nous sommes dans le monde, ces conflits persistent encore entre nous. Les conflits rwandais se sont donc internationalisés. Certains les qualifient de « politiques », les autres les qualifient d’« ethniques », ou de « politico-ethniques ». Le but de ce dialogue est de prendre conscience de leur gravité pour chercher des solutions.
Ce que nous pouvons faire donc, et même continuer demain ou après demain, c’est d’échanger quelques idées, dialoguer, réfléchir, discuter sur la manière ou les moyens que nous pouvons envisager, mettre en œuvre pour trouver ensemble, avec tous nos compatriotes et amis vivant dans tous les coins du monde, un projet commun pour une solution à ces conflits. Ces conflits qui rongent toujours nos cœurs, nos corps et nos esprits. En effet, ces conflits représentent un danger pour nous et surtout pour la génération future. En apportant chacun sa propre contribution, ces conflits seront vaincus complètement. Il faut y croire. Ma contribution c’est donc ce Projet-DVJP indépendant parce qu’il fait des recherches sur la réconciliation, justement pour la résolution et la prévention de ces conflits.
Pour revenir sur notre thème de la réconciliation comme voie de solutions, nous pouvons nous référer à quelques doctrines qui affirment que c’est le seul moyen de résoudre pacifiquement les conflits. Le cas des rwandais ne devrait donc pas faire l’exception.
En effet, beaucoup d’intellectuels, les artisans de paix – dont certains prix Nobel de la paix – les éminents politiciens, les théologiens, les représentants des églises, les défenseurs et avocats des droits humains, les juristes, les défenseurs de la vérité et de la justice, les démocrates, et d’autres personnes qui s’investissent dans la recherche de la paix, affirment que la vraie réconciliation passe par trois voies : la vérité, la justice et le pardon. Beaucoup de témoignages confirment que pour résoudre les conflits d’une manière pacifique, il ne faut ignorer aucune de ces étapes. Ce sont ces trois voies qui devraient former ce que l’on appelle généralement dans le langage politique «processus de réconciliation».
Dans toute société avec les cgraves crises des droits humains qui se transforment même en conflits internationaux, une politique qui veut rétablir le respect des droits fondamentaux des citoyens d’un Etat doit aussi respecter ces trois principes fondamentaux de la réconciliation. C’est le cas de la politique rwandaise. La réconciliation sans vérité, sans justice et sans pardon est une fausse réconciliation.
1.1°. Mais quelle vérité, quelle justice et quel pardon peuvent guider la réconciliation rwandaise ?
Il faut une vérité juste et complète, une justice totale et pour tous, et un pardon mutuel et spirituel. Pour les rwandais, il faut bien constater et avouer que nous entendons souvent ces notions de manière très variée. Nous interprétons l’histoire rwandaise des droits humains différemment, suivant nos intérêts, alors que la Déclaration universelle des droits humains est unique et ne change pas. Nous nous accusons mutuellement sans avoir le courage d’examiner et de reconnaître d’abord nos responsabilités respectives, raison pour laquelle nous ne parvenons pas à nous entendre et à nous réconcilier. Pour y parvenir, on peut se demander s’il ne serait pas possible de trouver ensemble les principes directeurs pour cette discipline de la réconciliation pour que les personnes concernées ou intéressées puissent avoir une référence commune, des normes morales communes, conformes aux lois ordinaires de justice et au droit international. C’est ce que j’appelle les droits à la réconciliation, pour guider les rwandais qui veulent se réconcilier et vivre en paix. Un code de bonne conduite pour nous orienter et nous conduire sur la 3 chemins de la réconciliation, c’est-à-dire un pacte de la réconciliation. Je suis convaincu que la vraie paix passe par les droits à la vérité, à la justice et au pardon. Ainsi par exemple, les recheches réalisées me confirment que pour résoudre convenablement le conflit ethnopolitique rwandais, il faut reconnaître que Hutu-Tutsi-Twa ne sont pas des vraies ethnies car ça c’est du mensonge et de la manipulation. Il faut plutôt prendre conscience que ce sont des fausses ethnies politiques, comme je le démontre aux pages 46 à 55 de mon livre sur la LA FIN DE L’EXIL. C’est ça la VERITE qui, avec la justice et le pardon, vont nous permettre de retrouver l’UNITE.
1.2°. Pourquoi chercher une solution aux problèmes conflictuels rwandais ?
Il faut chercher une solution à nos conflits pour préserver le respect de nos droits fondamentaux et retrouver la paix. Nous savons par exemple que la majorité des membres de la communauté rwandaise à l’étranger sont des réfugiés politiques. Ces réfugiés victimes des conflits ne devraient pas se décourager. Pour mieux réussir la défense de ses droits et ceux d’autrui, il faut d’abord résoudre ces conflits. Nul n’ignore que parfois, dans des situations conflictuelles, il est difficile de connaître la vérité et de trouver la justice. C’est ainsi par exemple qu’avec nos conflits ethonpolitiques, la justice reste toujours incapable de poursuivre les responsables des délits et crimes politiques au détriment des victimes, parce que cette justice n’est pas indépendante du pouvoir politique. Nous savons bien que, tant au Rwanda qu’à travers le monde, certains criminels se baladent partout sans aucune inquiétude d’être poursuivis en justice.
1.3°. La résolution des conflits : un préalable pour la politique rwandaise des droits humains
Avec les conflits que nous avons entre nous les rwandais, il est quasi impossible de respecter convenablement les droits humains déclarés par l’ONU. C’est pourquoi, si nous voulons réellement avoir la paix, il faudra d’abord nous engager à résoudre ces conflits définitivement, car il n’est pas erroné d’affirmer que les textes des droits humains en vigueur aujourd’hui ne nous suffisent plus. Il ne faut plus compter uniquement sur textes car ils ont été violés, bafoués, et par conséquent, ils ont perdu leur valeur. Certains rwandais – même – disent que, pour eux, le droit international n’existe plus ! Et ils ont des exemples pour le prouver. Tant que nos conflits persisteront donc, il sera difficile, voire impossible, de réussir la politique des droits humains. Il est quasi inutile de parler de l’égalité des rwandais devant la loi, de la liberté d’expression, de la justice équitable, indépendante et impartiale, du bien-être de tous et d’autres principes fondamentaux reconnus universellement. La démocratie, le changement, le développement, la nouvelle évangélisation et bien d’autres idéaux encore n’auront aucune chance de réussir au Rwanda aussi longtemps que les conflits ethnopolitiques et de pouvoirs ne seront pas d’abord résolus définitivement. C’est donc un préalable. Il nous faut donc une solution juridique et politique rwandaise. C’est une condition sine qua none et c’est une priorité. C’est pourquoi dans ce Projet-DVJP je me suis attelé à cette tâche. Nous savons très bien que nos familles, nos partis politiques, nos associations civiles, nos confessions religieuses souffrent de ces conflits ethnopolitiques. Que faire maintenant ?
1.4°. Quel outil pouvons-nous trouver pour la résolution de ces conflits ?
Si l’on est d’accord que la réconciliation passe par la vérité, la justice et le pardon, alors que les lois sur la justice ordinaire rwandaise et internationale existent déjà, mais qu’elles ne parviennent pas à résoudre nos conflits parce que tous les rwandais n’ont pas les mêmes droits à la justice comme je viens de le dire, qu’est-ce qu’il faut faire ?
Si la justice rwandaise a toujours fonctionné depuis longtemps, si la justice internationale pour juger les crimes contre l’humanité a fonctionné plusieurs années aussi et que celle de certains Etas fonctionne encore pour juger les mêmes crimes mais que les conflits rwandais continuent de détruire notre communauté, pourquoi ne pas envisager une nouvelle justice ?
Si « les droits de l’homme sont l’essence même de la démocratie » et que les démocrates rwandais connaissent ce principe universel; quels nouveaux droits envisagent-ils aujourd’hui vu que ces droits onusiens sont en crise au Rwanda et même partout dans le monde ? Une nouvelle justice de la réconciliation pour les rwandais ne serait-il pas une solution originale ?
Si les lois divines des différentes confessions religieuses ont été enseignées quotidiennement aux rwandais depuis plus d’un siècle mais qu’elles n’ont pas parvenu à prévenir ni guérir nos conflits, quelle religion est-ce qu’il faudra encore inventer ou créer ?
Comme la réconciliation est un mode de vie de recherche de la paix, les rwandais n’avons-nous pas besoin, pour retrouver la paix, en plus de la charte internationale onusienne sur les droits individuels de l’être humain, de notre propre charte rwandaise des droits à la réconciliation, mutuels et communautaires, pour appuyer, renforcer, compléter et valoriser ces droits universels actuellement en crise ? Une charte de nos droits à la vérité, à la justice et au pardon. Les droits de dire et de connaître la vérité, les droits d’accéder à la justice pour tous, les droits d’offrir le pardon et de pardonner, mutuellement.
Je suis convaincu que le droit international des droits humains et le droit pénal rwandais doivent être complétés par un droit de la réconciliation. Sinon comment éviter la rébellion, la révolte, la vengeance et la récidive ?
1.5°. Quel est le rôle de la société civile pour l’unité et la réconciliation
Il y a plus de 60 ans, nous avons obtenu l’indépendance nationale par le pouvoir politique ; aujourd’hui nous avons aussi besoin, en plus, d’une indépendance populaire par le pouvoir civil et moral de la réconciliation. Mais comment cette indépendance populaire pourra-t-elle être acquise sans indépendance de la justice ?
L’indépendance de la justice réussira grâce à ce pouvoir de la réconciliation du peuple, exercé par la société civile qui œuvre pour la paix, notamment les organisations de défense des droits humains, les associations pour la justice et la démocratie, les confessions religieuses, les défenseurs des valeurs morales et culturelles, et tous les activistes à la recherche de la paix par des voies pacifiques.
Les instances de médiation et de réconciliation, associées aux instances judiciaires des juges formeront alors un pouvoir de la justice et de la réconciliation, pleinement indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. La séparation des pouvoirs, la séparation de l’Eglise et de l’Etat sont des acquis de la démocratie, mais la collaboration des églises et de l’Etat est aussi nécessaire pour une réconciliation démocratique et populaire, la réconciliation du peuple, par le peuple, et pour le peuple. En matière de réconciliation, la société civile doit être un partenaire privilégié et indépendant de la classe des partis politiques.
Pour conclure, j’affirme que les droits universels de tout être humain doivent être complétés par les droits à la réconciliation pour qu’il ne soit pas contraint de recourir à la rébellion, à la vengeance et à la récidive.
Au nom de la réconciliation, nous devons nous sacrifier pour les générations futures et notre solidarité s’impose.
Je vous recommande donc les deux tomes du Guide de la Réconciliation pour la Paix :
1. RWANDA. IMPERUKA Y’UBUHUNZI : Inkuru Nziza y’Ubwiyunge Nyakuri.
2. LUMIERE DU MONDE – Pardon authentique et Justice de réconciliation pour la foi en l’humanité.
Pour commander les 2 livres, il faut aller sur le site https://www.publier-un-livre.com/fr/catalogue puis taper dans la case « Entrer votre recherche » mes nom et prénom : MUSOMESHA Aloys
Je vous remercie pour votre aimable attention. Que la paix soit avec vous !
M.A.